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Les avocats de Donald Trump ont accusé le témoin vedette Michael Cohen d'avoir menti aux jurés et l'ont décrit comme un fabulateur en série déterminé à ce que le candidat républicain présumé à la présidence des États-Unis se retrouve derrière les barreaux.
Sous le regard de M. Trump, l'avocat de la défense Todd Blanche a cherché à coincer M. Cohen pendant des heures avec des questions qui portaient autant sur ses méfaits que sur les allégations spécifiques de l'affaire, et a tenté de semer le doute dans l'esprit des jurés sur son témoignage.
M. Blanche a haussé le ton alors qu'il questionnait M. Cohen, à l'aide d'enregistrements téléphoniques et de messages textes, sur son affirmation selon laquelle il avait parlé au téléphone avec M. Trump au sujet du paiement secret à l'actrice pornographique Stormy Daniels, qui est au cœur de l'affaire, quelques jours avant de transférer 130 000 $ à son avocat.
Il a déclaré que c'était un mensonge, confrontant M. Cohen avec des messages textes indiquant que ce qu'il avait en tête, du moins au début de l'appel téléphonique, était qu'il s'agissait d'appels harcelants qu'il recevait d'un jeune farceur de 14 ans. M. Cohen a affirmé qu’il pensait avoir aussi parlé à M. Trump de l’accord avec Mme Daniels.
«On ne vous demande pas ce que vous croyez. Ce jury ne veut pas entendre ce que vous pensez qu'il s'est passé», a répliqué M. Blanche en haussant la voix, suscitant une objection de la part du procureur.
Ce moment animé était le point culminant d'un contre-interrogatoire de la défense de deux jours allant crescendo et visant à dépeindre M. Cohen – un ancien proche loyal de Donald Trump devenu l'un de ses plus grands ennemis – comme un opportuniste obsédé par les médias qui s'est retourné contre l'ancien président après s'être vu refuser un emploi à la Maison-Blanche.
Si la défense parvient à réfuter le témoignage de M. Cohen, cela pourrait déterminer le sort du célèbre accusé dans cette affaire. Au cours de la quatrième semaine de témoignages, M. Cohen a décrit aux jurés les réunions et les conversations qu'il dit avoir eues avec M. Trump au sujet du prétendu plan pour étouffer le scandale sexuel qui menaçait de torpiller la campagne présidentielle de Donald Trump en 2016.
Les procureurs ont tenté d’atténuer les attaques de la défense contre leur témoin vedette en l’amenant à reconnaître d’emblée ses crimes passés, notamment en plaidant coupable pour avoir menti au Congrès sur le travail qu’il avait effectué dans le cadre d’une transaction immobilière avec un milliardaire en Russie.
Mais le contre-interrogatoire a souligné le risque pour les procureurs de dépendre seulement de M. Cohen, qui a été inondé de questions sur ses antécédents criminels et ses mensonges passés. Il a également témoigné qu'il avait menti sous serment lorsqu'il avait plaidé coupable à des accusations fédérales, notamment de fraude fiscale, en 2018.
«C'était un mensonge, n'est-ce pas?» M. Blanche a demandé à M. Cohen s'il avait menti au regretté juge William H. Pauley III lors d'une audience au tribunal lorsqu'il a dit qu'il n'avait pas subi de pression pour plaider coupable.
«C'est exact», a répondu M. Cohen.
L'équipe de l'ancien président s'est également attaquée aux motivations de M. Cohen et a obtenu des témoignages destinés à étayer l'argument de la défense selon lequel M. Trump a été victime d'extorsion de la part de Keith Davidson, un témoin crucial et l'avocat qui a négocié des accords secrets avec deux femmes. M. Cohen a reconnu avoir dit à un ancien procureur qu'il estimait que Mme Daniels et M. Davidson extorquaient de l'argent à M. Trump en exigeant un paiement de 130 000 $ pour garder le silence sur les allégations de relation sexuelle avec le politicien et homme d'affaires.
«Oui, je me souviens avoir fait une déclaration comme celle-là», a-t-il affirmé aux jurés.
Il est de loin le témoin le plus important des procureurs, plaçant M. Trump directement au centre du prétendu stratagème visant à faire taire les femmes qui affirmaient avoir eu des relations sexuelles avec lui. Il nie ces allégations.
M. Cohen a affirmé aux jurés que M. Trump avait promis de lui rembourser l'argent qu'il avait versé et qu'il était constamment informé des efforts déployés en coulisses pour enterrer les histoires qui auraient pu nuire à la campagne de 2016.
Son témoignage est également important parce que les remboursements qu’il a reçus constituent la base des 34 chefs d’accusation de falsification de dossiers commerciaux. Les procureurs affirment que les remboursements ont été faussement enregistrés comme frais juridiques afin de dissimuler le véritable objectif des paiements.
M. Trump, qui insiste sur le fait que les poursuites visent à nuire à sa campagne pour reconquérir la Maison-Blanche, soutient que les paiements versés à M. Cohen ont été à juste titre classés comme frais juridiques parce qu'il était son avocat. La défense a plutôt suggéré qu'il essayait de protéger sa famille, et non sa campagne, en étouffant ce qu'il qualifie d'affirmations fausses et calomnieuses.
M. Blanche a aussi confronté M. Cohen au sujet de ses publications sur les réseaux sociaux et des livres qu'il a écrits sur l'ancien président, lui faisant reconnaître qu'il a gagné des millions de dollars en critiquant M. Trump. Dans un extrait audio diffusé au tribunal jeudi, on pouvait entendre M. Cohen utiliser un juron et dire qu’il espérait sincèrement «que cet homme finisse en prison».
«Cela ne ramènera pas l’année que j’ai perdue ni les dégâts causés à ma famille, mais la vengeance est un plat qui se mange froid. Tu ferais mieux de croire que je veux que cet homme tombe», dit-il également.
M. Cohen – le dernier témoin des procureurs, du moins pour le moment – devrait revenir à la barre lundi.
Le procès prendra une pause vendredi afin que Donald Trump puisse assister à la remise du diplôme d'études secondaires de son plus jeune fils, Barron.
La défense n'est pas obligée d'appeler des témoins, et il n'est pas clair si elle le fera ou non. Les avocats de M. Trump ont déclaré qu’ils pourraient appeler Bradley A. Smith, un républicain nommé par l’ancien président Bill Clinton à la Commission électorale fédérale, pour réfuter l’accusation selon laquelle les paiements secrets constituaient des violations au financement de la campagne électorale.