Société

Un Canadien sur deux réussit à avoir des soins dans une langue officielle minoritaire

Mis à jour

Publié

56f0462b9f5314e2045eccdf98bede69e5e36e9ecd2a501dc7f37e38b3c701b7.jpg Un patient marche dans un couloir du service des urgences de l'Hôpital de Montréal pour enfants, le jeudi 19 septembre 2024, à Montréal. LA PRESSE CANADIENNE/Christinne Muschi (LA PRESSE CANADIENNE/Christinne Muschi)

Environ la moitié des patients de langue officielle en situation minoritaire (qui parlent anglais au Québec et français dans le reste du Canada) ont reçu des soins dans leur langue lorsqu'ils ont accédé à des services de santé dans un hôpital, indique un rapport de Statistique Canada publié jeudi.   

Au Nouveau-Brunswick, c'est environ huit personnes sur dix qui ont reçu des soins en concordance linguistique dans les hôpitaux. Venaient ensuite le Québec, où 57 % des patients anglophones ont eu accès aux soins en anglais, puis l'Ontario où le tiers des patients francophones ont été traités en français. 

Ces résultats soulignent qu'il existe des disparités provinciales quant à l’accès à des soins dans la langue de choix au sein de la population de langue officielle en situation minoritaire (PLOSM), soulève le rapport de Statistique Canada, qui s'est basé sur l'Enquête sur la population de langue officielle en situation minoritaire de 2022. 

Il est difficile de déterminer si le portrait de la situation est encourageant, car c'est la première étude de Statistique Canada qui examine la question sous cet angle, précise Étienne Lemyre, analyste au centre de démographie de Statistique Canada. «On n'a pas de point de comparaison dans le temps», dit-il. 

L’analyse porte sur les adultes de 18 ans et plus vivant au Canada, en particulier dans les provinces du Nouveau-Brunswick, du Québec et de l’Ontario, où certains hôpitaux sont tenus, en vertu de lois ou de règlements, de fournir des services dans la langue officielle minoritaire. 

D'ailleurs, la distance entre le domicile du patient et l'hôpital de langue minoritaire le plus proche est un facteur important qui influence les données. Les personnes vivant à proximité de ces centres hospitaliers sont plus susceptibles de recevoir des soins dans leur langue. 

«En Ontario, par exemple, les adultes de langue française dont l’hôpital le plus proche était un hôpital désigné pour fournir des services dans la langue officielle minoritaire présentaient une probabilité prédite de 34 % de recevoir des soins dans leur langue, comparativement à 16 % de ceux vivant plus près d’hôpitaux non désignés», indique le rapport. 

Les personnes qui connaissent bien les lois encadrant les services de santé et celles qui se sentent plus à l'aise d'en faire la demande étaient aussi plus enclines à se faire soigner dans leur langue.

Important pour les Canadiens? 

Recevoir des soins de santé dans la langue officielle de son choix est important pour une majorité de Canadiens, plus précisément pour 78 % de ceux qui ont été sondés en 2022. On observe toutefois certaines disparités selon les régions. 

Au Québec, les adultes de langue anglaise étaient plus susceptibles que ceux qui parlent français qui vivent ailleurs au Canada «de penser qu’il était important de recevoir des services de santé dans leur langue officielle et de demander de tels services». En fait, 91 % des Québécois qui s'expriment en anglais estimaient qu’il était important de recevoir des soins en anglais contre 65 % pour les francophones qui vivent dans une province autre que le Québec. 

Au sein de la Belle Province, 63 % de la population de langue officielle en situation minoritaire qui a reçu des services de santé au cours des 12 mois précédents l'enquête a toujours ou souvent demandé à être servie en anglais contre 39 % de la PLOSM qui a demandé à être servie en français ailleurs au Canada. 

Disparités entre régions 

Les résultats de l'enquête reflètent certaines différences régionales. À Montréal et en Outaouais, environ six anglophones sur 10 (régions où la concentration de locuteurs de cette langue est élevée) ont réussi à recevoir des soins dans la langue de leur choix. C'est beaucoup plus élevé que pour la ville de Québec et ses environs (avec seulement 2 % de locuteurs de langue anglaise) où 12 % de la PLOSM a eu accès aux soins en anglais. 

Au Nouveau-Brunswick, 92 % des personnes de langue officielle minoritaire vivant dans le Nord et 83 % dans le Sud-Est (où il y a beaucoup de francophones) ont reçu des soins dans leur langue. Dans les régions où la concentration de francophones est plus faible, seulement 21 % ont eu des services de santé en français. 

«Au Nouveau-Brunswick, il y a une très forte proportion d'adultes francophones qui vivent à proximité d'un hôpital désigné. C'est beaucoup plus élevé qu'au Québec, par exemple», explique M. Lemyre. 

Ailleurs au Canada, certaines provinces comme le Manitoba se sont aussi dotées d'hôpitaux désignés pour offrir des services en français. «Il y a plusieurs autres provinces aussi qui ont des initiatives et des actions qui sont en place pour faciliter l'obtention de soins de santé en français. Dans notre étude, ce qu'on voit, c'est qu'il y a de très, très faibles proportions d'adultes francophones dans les autres provinces qui peuvent obtenir des soins de santé en français», indique M. Lemyre. 

Par exemple, au Manitoba, c'est un peu moins de 20 % des adultes qui ont pu obtenir des soins en français. «Tandis que certaines régions ontariennes comme Toronto, ou les autres régions de l'Ontario qui sont ni Ottawa, ni le Nord, ni le Sud-Est, le nombre était trop petit pour qu'on puisse montrer la proportion. Généralement, on parle de proportions en bas de 10 % dans ces cas-là», précise M. Lemyre. 

Il fait valoir qu'il est important de pouvoir obtenir des soins dans la langue de son choix, d'autres études ayant montré que c'est associé à de meilleurs résultats de santé. 

Katrine Desautels

Katrine Desautels

Journaliste