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Trump s'oppose à Greene à l'approche des élections de mi-mandat cruciales en 2026

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3a68d85a07b087f0ea5ece59acd861b02cbb3c629873a27f4dff1fbbb18ca094.jpg ARCHIVES — Le président Donald Trump arrive au Capitole, à proximité du Congrès réuni en session conjointe, et passe devant la représentante Marjorie Taylor Greene, le mardi 4 mars 2025. Photo AP/J. Scott Applewhite, archives (J. Scott Applewhite)

Lorsque le président américain Donald Trump s'est adressé au Congrès en début d'année, la représentante Marjorie Taylor Greene était présente, brandissant un drapeau américain et coiffée d'une casquette rouge où l'on pouvait lire: «Trump avait raison sur toute la ligne».

Après le discours, il lui a fait la bise et elle rayonnait. Donald Trump était de retour au pouvoir et Marjorie Taylor Greene était en passe de devenir l'une de ses plus ferventes alliées politiques, les républicains contrôlant tous les leviers du pouvoir à Washington.

Leur alliance n'a pas tenu un an. Elle s'est désormais fracturée dans une querelle explosive qui pourrait annoncer d'autres dissensions au sein du mouvement «Make America Great Again» du président américain avant les élections de mi-mandat de l'année prochaine.

Ces dernières semaines, Mme Greene a intensifié ses critiques à l'égard de l'importance accordée par M. Trump à la politique étrangère, au détriment, selon elle, d'un programme centré sur les Américains, ainsi que de son refus de publier davantage de documents concernant l'affaire Jeffrey Epstein. 

Le président républicain a alors indiqué vendredi qu'il soutiendrait une candidature contre la représentante de Géorgie lors des élections.

«Tout ce que je vois Marjorie la cinglée faire, c'est se plaindre, se plaindre, se plaindre !» a écrit Donald Trump sur ses médias sociaux alors que son cortège le conduisait d'Air Force One à sa résidence de Mar-a-Lago à Palm Beach, en Floride.

Le locataire de la Maison-Blanche a testé samedi un nouveau surnom pour elle, l'appelant «Marjorie Taylor Brown», car «l'herbe verte devient brune quand elle commence à pourrir !»

M. Trump a réussi à étouffer toute contestation de son pouvoir au fil des ans, mais Mme Greene ne compte pas se laisser faire. Elle a même laissé entendre que c'est elle, et non le président, qui est peut-être la véritable championne du programme «L'Amérique d'abord».

«Je crois au peuple américain plus qu'à n'importe quel dirigeant ou parti politique, et le peuple américain mérite tellement mieux que la façon dont il a été traité par les deux camps», a-t-elle écrit dans une publication samedi.

Elle a également mentionné être inquiète pour sa sécurité, car «les menaces dont je fais l'objet sont alimentées et encouragées par l'homme le plus puissant du monde».

Marjorie Taylor Greene n'est pas la première élue à s'attirer les foudres de Donald Trump. Leur rupture, cependant, est la plus marquante de son second mandat. Elle lui est étroitement liée depuis 2020, année où elle a débuté sa carrière politique dans le nord-ouest rural de la Géorgie.

Soutenant la théorie du complot QAnon, apparaissant aux côtés de suprémacistes blancs et brandissant des fusils d'assaut, Mme Greene s'est attiré l'opposition des dirigeants du parti, mais a bénéficié du soutien de M. Trump. Il l'a qualifiée de «future étoile montante du Parti républicain» et de «véritable gagnante».

Mme Greene a débuté son mandat au Congrès au moment où M. Trump quittait la Maison-Blanche, et elle a soutenu les mensonges électoraux qui ont alimenté l'attaque du Capitole le 6 janvier 2021. Elle est devenue une figure médiatique incontournable, cible des railleries des progressistes et promotrice d'un conservatisme trumpien, et a été une fidèle alliée lors de sa campagne de retour en 2024.

Mais les tensions semblent avoir commencé en début d'année, lorsque Mme Greene a envisagé une candidature en 2026 contre Jon Ossoff, l'un des deux sénateurs démocrates de Géorgie. Donald Trump a affirmé avoir envoyé à Mme Greene un sondage montrant qu'elle «n'avait aucune chance». 

Elle a finalement renoncé à se présenter et a ensuite décliné la candidature au poste de gouverneure de Géorgie, tout en dénonçant un système politique coercitif qu'elle accusait de menacer le contrôle républicain de l'État.

Une nouvelle Marjorie Taylor Greene?

Marjorie Taylor Greene a récemment adopté un ton différent, plus conciliant.

Invitée de l'émission «The View» sur ABC, une émission de jour considéré comme un refuge pour les démocrates, elle a déclaré que «les personnes influentes», et notamment les femmes, «doivent ouvrir une nouvelle voie».

Ces propos ont alimenté les spéculations quant à une possible candidature de Mme Greene à la présidence, rumeurs démenties par son compagnon, Brian Glenn, journaliste conservateur connu pour ses questions bienveillantes à Donald Trump.

Mme Greene critique également le président, en particulier sa politique étrangère. Le mois dernier, elle avait mentionné à Tucker Carlson que le soutien de l'administration à l'Argentine était «un coup dur» à un moment où les Américains sont exaspérés par la hausse des prix des produits de première nécessité.

Mme Greene fait partie des rares républicains soutenant une initiative visant à contraindre le ministère de la Justice à publier davantage de documents concernant Jeffrey Epstein, un délinquant sexuel condamné, lié à certaines des personnalités les plus influentes du pays.

Donald Trump a balayé les critiques de Mme Greene d'un revers de main, déclarant lundi aux journalistes qu'«elle a perdu le nord».

Shawn Harris, général de l'armée à la retraite et démocrate, battu par Mme Greene en 2024, se présente à nouveau contre elle en 2026. Il a affirmé que ce revirement de la politicienne s'inscrivait dans sa quête de notoriété.

«Marjorie cherche toujours la polémique pour faire parler d'elle, et c'est enfin au tour du président Trump, a écrit M. Harris dans un texto. Mais aucun des deux n'a rien fait pour les travailleurs du nord-ouest de la Géorgie. Vu la tournure des événements, il est peu probable que son soutien soit utile à qui que ce soit.»