Économie

Le secteur automobile tempère ses attentes avant la rencontre Carney-Trump

«Cette situation est intenable.»

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L'ex-président Donald Trump lors d'un rally le 15 janvier en Arizona. L'ex-président Donald Trump lors d'un rally le 15 janvier en Arizona. (The Associated Press)

Alors que le premier ministre Mark Carney s'apprête à entrer dans le vif du sujet lors de sa rencontre dans le bureau Ovale avec le président américain Donald Trump mardi, les représentants des industries canadiennes menacées par les droits de douane se préparent. 

L'industrie automobile canadienne, l'une des plus touchées par les droits de douane élevés, tempère ses attentes concernant la rencontre très médiatisée de mardi entre les deux dirigeants.

Les métallurgistes canadiens ont toutefois averti que ce serait une grave erreur politique de la part de M. Carney de revenir les mains vides, un point sur lequel le chef conservateur Pierre Poilievre s'est empressé de se prononcer lors de la période de questions de lundi.

Des représentants de l'industrie automobile attendent des signaux positifs, mais sans plus, ont-ils expliqué à La Presse Canadienne.

Brian Kingston, président de l'Association canadienne des constructeurs de véhicules, ne s'attend pas à un résultat immédiat concernant la levée des droits de douane existants sur les automobiles. Il estime que cela ne constituera probablement qu'un aspect des discussions en cours.

«Je ne m'attends pas à un accord supprimant tous les droits de douane sur l'automobile», a-t-il avancé.

Selon M. Kingston, les droits de douane causent de graves dommages à son industrie et les coûts des constructeurs augmentent chaque jour qui passe sans accord.

«Cette situation est intenable et, à terme, elle cause de graves dommages au secteur automobile nord-américain. Nous avons donc besoin d'un accord, et ce, maintenant», a-t-il soutenu.

Flavio Volpe, président de l'Association des fabricants de pièces automobiles, espère que ces rencontres de travail donneront des signaux positifs.

«C'est une bonne chose, surtout avec ce président, d'avoir ces rencontres en personne, a mentionné M. Volpe. Je suis heureux que l'équipe canadienne se rende là-bas. Nous y étions la semaine dernière. Je n'ai pas vraiment entendu beaucoup d'empressement de la part des Américains concernant les intérêts canadiens, alors j'espère que cela leur permettra de se rendre compte à quel point nous sommes étroitement intégrés.»

Le vice-président des Constructeurs mondiaux d'automobiles du Canada, Lucas Malinowski, a indiqué que «nous allons tous attendre avec impatience et espérer que tout se passera bien.»

Il surveillera notamment tout élément confirmant l'engagement de Donald Trump à renouveler l'Accord commercial Canada-États-Unis-Mexique.

«Il sera essentiel, à mon avis, d'avoir des éclaircissements sur la pérennité de cet accord pour rassurer l'industrie automobile», a-t-il souligné.

Un porte-parole de l'Association canadienne des producteurs d'acier a décliné une demande d'entrevue de La Presse Canadienne, précisant seulement que l'association suivrait la rencontre de près.

Marty Warren, directeur national du syndicat des Métallos, craint que la réunion n'aboutisse à une «demi-mesure» que le premier ministre pourrait «tenter de présenter comme une victoire».

«Si M. Carney se contente de se rendre en visite et ne revient pas avec des résultats tangibles, je pense que c'était une erreur de sa part», a avancé M. Warren.

«Il a suscité beaucoup d'attentes et beaucoup de gens, non seulement dans le secteur de l'acier, mais aussi dans celui du bois d'œuvre et de l'aluminium, estiment que s'il se rend en visite, il devrait rentrer avec des résultats. Et je suis sûr que le chef conservateur (Pierre) Poilievre le lui fera savoir s'il revient bredouille», a-t-il ajouté.

Pierre Poilievre a offert son soutien au premier ministre dans une lettre avant les rencontres, précisant que son parti propose de «l'aider à tenir sa promesse de négocier une victoire sur les droits de douane avec les États-Unis».

Le chef conservateur a également cherché à maintenir la pression sur les libéraux à la Chambre des communes pour obtenir des résultats tangibles.

«Après avoir promis de négocier une victoire, de conclure un accord d'ici le 21 juillet, le premier ministre ne va-t-il pas se rendre à Washington D.C. juste pour déjeuner? À ce qu'il paraît, c'est tout ce que les libéraux vont accomplir», a avancé M. Poilievre lors du débat de la période des questions lundi.

La première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, qui a rencontré M. Carney lundi, lui a souhaité bonne chance et a mentionné qu'elle «souhaiterait voir un accord de libre-échange Canada-États-Unis renégocié au plus vite».

De nouveaux droits de douane

Le locataire de la Maison-Blanche a d'ailleurs annoncé lundi sur les médias sociaux qu'il imposera des droits de douane de 25 % sur les importations de camions moyens et lourds à compter du 1er novembre. Cette mesure est largement perçue comme visant le Mexique.

Fraser Johnson, professeur à l'Ivey Business School, a expliqué que le marché canadien des camions moyens, grands et lourds est relativement restreint.

«Cela ne changera pas grand-chose. Ce n'est pas comme pour les automobiles et les camions légers. Ce n'est pas comme pour le bois d'œuvre. Ce n'est pas comme pour l'acier», a-t-il énuméré.

Le Mexique est le plus grand exportateur de ces camions vers les États-Unis, même si cette dernière mesure aura tout de même des répercussions diverses sur les entreprises canadiennes.

«L'aluminium et l'acier sont probablement les droits de douane qui nous impactent le plus, mais ce dernier impactera quelques fabricants d'équipement d'origine qui ont des usines au Mexique», a précisé Jean-Marc Picard, directeur général de l'Association canadienne d'équipement de transport, qui représente les fabricants de camions commerciaux.

Kyle Duggan

Kyle Duggan

Journaliste