L'administration Trump prévoit de fédéraliser 300 membres de la Garde nationale de l'Illinois, a déclaré samedi le gouverneur démocrate JB Pritzker.
M. Pritzker a indiqué que la Garde avait été informée par le Pentagone dans la matinée de l'appel des troupes. Il n'a pas précisé ni quand ni où elles seraient déployées, mais le président Donald Trump menace depuis longtemps d'envoyer des troupes à Chicago.
«Ce matin, le département de la Guerre de l'administration Trump m'a lancé un ultimatum: appelez vos troupes, ou nous le ferons», a indiqué M. Pritzker dans un communiqué. «Il est absolument scandaleux et anti-américain d'exiger d'un gouverneur qu'il envoie des troupes militaires à l'intérieur de nos propres frontières et contre notre volonté.»
Un porte-parole du bureau du gouverneur a affirmé ne pas pouvoir fournir de détails supplémentaires. La Maison-Blanche et le Pentagone n'ont pas répondu aux questions concernant la déclaration de M. Pritzker.
L'intensification des opérations de maintien de l'ordre fédérales dans l'Illinois fait suite à des déploiements similaires dans d'autres régions du pays. Donald Trump a déployé la Garde nationale à Los Angeles cet été et dans le cadre de sa prise de contrôle des forces de l'ordre à Washington. Parallèlement, des troupes de la Garde nationale du Tennessee devraient prêter main-forte à la police de Memphis.
Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a intenté une action en justice pour empêcher le déploiement à Los Angeles et a obtenu une suspension temporaire devant la cour fédérale. L'administration Trump a fait appel de cette décision, estimant que le recours à la Garde nationale était illégal, et un panel de trois juges de la 9e Cour d'appel des États-Unis a indiqué qu'il pensait que le gouvernement avait de fortes chances de l'emporter.
M. Pritzker a qualifié l'intervention du président américain dans l'Illinois de «performance fabriquée» qui éloignerait les troupes de la Garde nationale de l'État de leurs familles et de leurs emplois habituels.
«Pour Donald Trump, il n'a jamais été question de sécurité. Il s'agit de contrôle», a déclaré le gouverneur, qui a également souligné que les forces de l'ordre de l'État, des comtés et des collectivités locales se coordonnaient pour assurer la sécurité du centre Broadview des services de l'immigration et des douanes des États-Unis, situé en périphérie de Chicago.
Des responsables fédéraux ont signalé l'arrestation de 13 personnes manifestant vendredi près du centre, fréquemment pris pour cible lors du renforcement des mesures de contrôle de l'immigration mis en place par l'administration cet automne.
Donald Trump a également déclaré le mois dernier qu'il envoyait des troupes fédérales à Portland, dans l'Oregon, qualifiant la ville de ravagée par la guerre. Cependant, des responsables locaux ont suggéré que nombre de ses déclarations et publications sur les réseaux sociaux semblent s'appuyer sur des images de 2020, lorsque des manifestations et des troubles ont secoué la ville après le meurtre de George Floyd par la police de Minneapolis.
Des responsables municipaux et étatiques ont intenté une action en justice le lendemain pour faire cesser le déploiement. La juge fédérale Karin J. Immergut a entendu les plaidoiries vendredi, et une décision est attendue ce week-end.
Donald Trump a fédéralisé 200 soldats de la Garde nationale en Oregon, mais il ne semble pas encore qu'ils soient déployés à Portland. Ils ont été vus en train de s'entraîner sur la côte en prévision d'un déploiement. Samedi, un juge fédéral a temporairement bloqué ce déploiement, statuant dans le cadre d'une action en justice intentée par l'État et la ville.
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Avec la collaboration de Rebecca Boone
