Leur alliance était spectaculaire et intense, leur rupture l'est tout autant: Donald Trump et Elon Musk se sont déchirés publiquement jeudi, s'accusant de «folie» pour l'un, «d'ingratitude» pour l'autre.
Le président américain a assuré sur son réseau Truth Social qu'il avait mis fin à la mission budgétaire d'Elon Musk, selon lui «devenu fou» à cause d'une décision défavorable aux véhicules électriques.
«Le plus simple pour économiser des milliards et des milliards de dollars dans notre budget serait d'annuler les subventions et contrats gouvernementaux» du patron de Tesla et SpaceX, a-t-il menacé dans un autre message sur la même plateforme.
La joute a envoyé par le fond l'action Tesla, qui a perdu des dizaines et des dizaines de milliards de capitalisation à New York.
Depuis que l'homme le plus riche le plus monde a lancé la semaine dernière un tir de barrage contre un mégaprojet de loi budgétaire de Donald Trump, ce n'était sans doute qu'une question de temps avant que le divorce ne soit véritablement consommé.
C'est pendant une réunion dans le Bureau ovale avec le chancelier allemand Friedrich Merz, réduit au rôle de figurant muet, que le président américain a acté la rupture.
Pendant un échange avec les journalistes, retransmis en direct, Donald Trump se dit «très déçu» par le multimilliardaire.
«Elon et moi avions une bonne relation. Je ne sais pas si c'est encore le cas», lance-t-il à propos de son ancien «conseiller spécial», qui a quitté vendredi la mission de réduction des dépenses publiques qu'il menait à la Maison-Blanche.
Sur son réseau social X, l'entrepreneur hyperactif réplique instantanément.
«N'importe quoi»
«N'importe quoi», écrit Elon Musk en commentaire d'une vidéo de Donald Trump affirmant, déjà, que sa colère était due à la perte de subventions pour les véhicules électriques.
«Faux», poste-t-il ensuite au-dessus d'un extrait dans lequel le président américain assure que l'entrepreneur connaissait par avance le contenu du texte. Une «grande et belle loi» selon Donald Trump, une «abomination» désastreuse pour les finances publiques selon le patron de Tesla et SpaceX.
Le multimilliardaire, qui a très généreusement financé la campagne républicaine en 2024, affirme que «Trump aurait perdu l'élection» sans lui et l'accuse d'«ingratitude».
En après-midi, Musk est allé jusqu'à affirmer que le nom de son ancien collaborateur figurait dans les dossiers judiciaires liés à Jeffrey Epstein. «C'est la raison pour laquelle ils n'ont pas été rendus publics. Bonne journée, DJT!», a-t-il exprimé sur X. Le millionaire et financier américain Jeffrey Epstein, qui s'est enlevé la vie en prison, était plongé dans des allégations de trafic sexuel et de viol. Les documents publiés jusqu'à présent - et d'autres à venir - sont parsemés de noms de célébrités et d'hommes politiques qui ont fréquenté Epstein ou travaillé avec lui dans les années qui ont précédé son accusation publique, il y a près de 20 ans, d'avoir payé des mineures pour des relations sexuelles.
Dans le Bureau ovale, Donald Trump dépeint son ancien allié en amoureux éconduit.
«Il disait les choses les plus belles à mon propos», rappelle-t-il.
«Les gens quittent notre gouvernement, ils nous aiment, et à un certain moment cela leur manque tellement... Et certains d'entre eux deviennent hostiles», poursuit le républicain.
«Nouveau parti politique»
Dès l'entrée tonitruante d'Elon Musk dans la campagne de Donald Trump l'an dernier, les doutes ont surgi sur la longévité de la relation entre ces deux hommes impulsifs, tous deux affamés d'attention.
Pendant des semaines, l'idylle a semblé parfaite.
Donald Trump a défendu défendre son allié face aux critiques sur ses méthodes brutales, et même organisé une opération de promotion pour la marque Tesla à la Maison-Blanche.
Elon Musk a lui qualifié le président de «roi» le jour de son investiture, et porté une casquette siglée «Trump avait raison sur tout» au conseil des ministres.
Mais les tensions ont grandi entre le multimilliardaire, très impopulaire, et les ministres ou conseillers du président.
Pour certains experts, ce qui pourrait avoir scellé le sort d'Elon Musk ne s'est pourtant pas passé à Washington, mais dans le Wisconsin à l'occasion d'une élection récente à la Cour suprême locale.
Le patron de Tesla s'est lourdement impliqué pour tenter de faire élire un juge conservateur, mais la candidate des démocrates qui l'a emporté, largement.
Donald Trump, qui déteste être associé à la défaite, a forcément suivi avec attention cette première aventure politique en solo d'Elon Musk.
Lequel n'a visiblement pas été dégoûté. Le natif d'Afrique du sud, qui ne peut se présenter à la Maison-Blanche puisqu'il a été naturalisé, a demandé jeudi sur X s'il n'était pas «temps de créer un nouveau parti politique» aux États-Unis.
Avec de l'information d'Émile Bérubé-Lupien pour Noovo Info et de The Associated Press.