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«Lorsque je gagnerai, les personnes qui auront triché seront poursuivies avec toute la rigueur de la loi.»
À quelques jours de son premier et probablement unique débat contre la vice-présidente Kamala Harris, l'ancien président américain Donald Trump a publié un avertissement sur réseau social, menaçant d'emprisonner les personnes «impliquées dans un comportement sans scrupules» lors de cette élection, qui, selon lui, fera l'objet d'un examen minutieux.
«Lorsque je gagnerai, les personnes qui auront triché seront poursuivies avec toute la rigueur de la loi, ce qui inclura des peines de prison de longue durée afin que cette dépravation de la justice ne se reproduise pas», a écrit M. Trump samedi en fin de journée, semant une fois de plus le doute sur l'intégrité de l'élection, même si les tricheries sont extrêmement rares.
«Sachez, poursuit-il, que ce risque juridique s'étend aux avocats, aux agents politiques, aux donateurs, aux électeurs illégaux et aux fonctionnaires électoraux corrompus.»
Le message de M. Trump représente sa dernière menace d'utiliser la fonction présidentielle pour exercer des représailles s'il remporte un second mandat. Il n'existe aucune preuve du type de fraude qui, selon lui, a entaché l'élection de 2020; en fait, des dizaines de tribunaux, des responsables d'États républicains et sa propre administration ont déclaré qu'il avait perdu de manière équitable.
Il y a quelques jours, M. Trump lui-même a reconnu dans un balado qu'il avait effectivement «perdu d'un cheveu».
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Alors que les collaborateurs de campagne et les alliés de M. Trump l'ont exhorté à se concentrer sur Mme Harris et à faire de l'élection un référendum sur des questions telles que l'inflation et la sécurité des frontières, M. Trump s'est éloigné considérablement de son objectif ces derniers jours.
Vendredi, il a fait une déclaration stupéfiante devant les caméras de télévision, dans laquelle il a évoqué une série d'allégations d'inconduite sexuelle, décrivant plusieurs d'entre elles en détail, alors même qu'il niait les allégations de ses accusatrices. Un peu plus tôt, il s'était volontairement présenté au tribunal pour une audience concernant l'appel d'une décision qui l'avait déclaré responsable d'abus sexuels, mettant ainsi l'accent sur ses problèmes juridiques dans la dernière ligne droite de la campagne.
Plus tôt dans la journée de samedi, M. Trump s'était appuyé sur des griefs familiers, allant de son inculpation à l'ingérence de la Russie dans l'élection de 2016, alors qu'il faisait campagne dans l'une des régions les plus républicaines du Wisconsin, terrain de bataille de l'élection.
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«Le ministère de la Justice de Harris-Biden essaie de me jeter en prison - ils veulent que je sois en prison - pour avoir dénoncé leur corruption», a dénoncé M. Trump lors d'un rassemblement en plein air à l'aéroport central du Wisconsin, où il s'est exprimé derrière un mur de verre pare-balles en raison des nouveaux protocoles de sécurité mis en place à la suite de sa tentative d'assassinat en juillet dernier.
Rien ne prouve que le président Joe Biden ou Mme Harris aient eu une quelconque influence sur la décision du ministère de la Justice ou des procureurs de l'État d'inculper l'ancien président.
M. Trump a évité la préparation traditionnelle des débats, choisissant d'organiser des rassemblements et des événements, tandis que Mme Harris est restée cloîtrée dans un hôtel historique du centre de Pittsburgh, travaillant avec des assistants depuis jeudi.
Jusqu'à présent, Mme Harris a accepté de participer à un seul débat, qui sera organisé par la chaîne ABC.
Lors du rassemblement, M. Trump a présenté ses plans pour «assécher le marais», un retour au message de sa campagne victorieuse de 2016, lorsqu'il s'était présenté comme un outsider défiant le statu quo. Bien que M. Trump ait passé quatre ans dans le Bureau ovale, il a promis à nouveau de «chasser la classe politique corrompue» s'il gagne et de «réduire la masse graisseuse de notre gouvernement pour la première fois, de manière significative, en 60 ans».
Dans le cadre de cet effort, il a réitéré son projet, annoncé jeudi, de créer une nouvelle «Commission pour l'efficacité du gouvernement» dirigée par Elon Musk et qui sera chargée de mener «un audit financier et de performance complet de l'ensemble du gouvernement fédéral» afin d'éradiquer le gaspillage.
Après avoir une nouvelle fois calomnié la commission du Congrès qui a enquêté sur l'attaque du 6 janvier 2021 contre le Capitole par ses partisans après sa défaite électorale en 2020, M. Trump a déclaré à la foule de milliers de personnes qu'il «réexaminerait rapidement les cas de tous les prisonniers politiques injustement victimes du régime Harris» et signerait leur grâce dès le premier jour de son retour au pouvoir.
M. Trump a défendu à plusieurs reprises les personnes qui ont été emprisonnées pour des crimes, notamment des attaques violentes contre les forces de l'ordre.
Il a ajouté qu'il «réviserait complètement» ce qu'il a appelé «le département corrompu de l'injustice de Kamala».
«Au lieu de persécuter les républicains, ils se concentreront sur la lutte contre les cartels sanguinaires, les gangs transnationaux et les terroristes islamiques radicaux.»
La porte-parole de la campagne de Mme Harris, Sarafina Chitika, a répondu à ses commentaires par un communiqué avertissant que, si M. Trump est réélu, il «utilisera son pouvoir incontrôlé pour poursuivre ses ennemis et gracier les insurgés qui ont violemment attaqué notre Capitole le 6 janvier».
Mme Harris et M. Trump se sont tous deux rendus fréquemment dans le Wisconsin cette année, un État où quatre des six dernières élections présidentielles se sont jouées à moins d'un point de pourcentage. Plusieurs sondages réalisés auprès des électeurs du Wisconsin après le retrait de M. Biden ont montré que Mme Harris et M. Trump étaient très proches l'un de l'autre.
Les démocrates considèrent le Wisconsin comme l'un des États de la «muraille bleue» où il faut absolument gagner. M. Biden, qui se trouvait dans le Wisconsin jeudi, a remporté l'État en 2020 avec un peu moins de 21 000 voix d'avance. En 2016, M. Trump l'a emporté avec une marge légèrement supérieure, soit près de 23 000 voix.
Alors que M. Trump faisait campagne, Mme Harris a fait une courte pause dans la préparation du débat pour se rendre chez Penzeys Spices, dans le Strip District de Pittsburgh, où elle a acheté plusieurs mélanges d'assaisonnements. Une cliente a vu la candidate démocrate et s'est mise à pleurer ouvertement lorsque Mme Harris l'a prise dans ses bras et lui a dit: «Tout va bien se passer. Nous sommes tous dans le même bateau».
Mme Harris s'est dite honorée d'avoir reçu le soutien de deux grands républicains: l'ancien vice-président Dick Cheney et sa fille, Liz Cheney, ancienne députée du Wyoming.
«Les gens sont épuisés par les divisions et les tentatives de diviser les Américains», a-t-elle indiqué, ajoutant que son principal message lors du débat serait que le pays veut être uni.
«Il est temps de tourner la page sur les divisions», a-t-elle déclaré. «Il est temps de rassembler notre pays et de tracer une nouvelle voie.»
M. Trump a tenu son rassemblement dans la ville de Mosinee, au centre du Wisconsin, qui compte environ 4500 habitants. Cette ville se trouve dans la 7e circonscription électorale du Wisconsin, essentiellement rurale, une région républicaine dans un État violet.
Pendant son discours, il s'est emporté contre Mme Harris dans un langage sombre et inquiétant, affirmant que si celle qu'il appelle «la camarade Kamala Harris» obtient quatre ans de plus, vous vivrez dans une véritable république bananière, où règnent l'anarchie et la tyrannie».
M. Trump s'est également insurgé contre les politiques frontalières de l'administration, qualifiant l'approche des démocrates de «suicidaire» et les accusant d'avoir «importé des meurtriers, des prédateurs d'enfants et des violeurs en série de toute la planète».
De nombreuses études ont montré que les immigrants, y compris ceux qui se trouvent illégalement dans le pays, commettent moins de crimes violents que les citoyens nés dans le pays. Les crimes violents ont de nouveau baissé aux États-Unis l' année dernière, poursuivant une tendance à la baisse après un pic dû à la pandémie.
Il a rejeté les avertissements des responsables américains concernant les tentatives russes de désinformation avant les élections de novembre, notamment l'inculpation, la semaine dernière, d'une société de médias liée à six influenceurs conservateurs et secrètement financée par des employés des médias d'État russes.
«Le ministère de la Justice a déclaré que la Russie pourrait à nouveau être impliquée dans nos élections», a lancé M. Trump à la foule. «Et, vous savez, le monde entier s'en est moqué cette fois-ci.
Parmi la foule, Dale Osuldsen, qui fêtait samedi son 68e anniversaire, assistait à son tout premier rassemblement de Trump. Il espère qu'une deuxième administration Trump s'attaquera à la «culture de l'annulation» et ramènera le pays à son «passé fondateur».
«Les administrations précédentes ont dit qu'elles voulaient changer fondamentalement l'Amérique», a déclaré M. Osulden. «Changer fondamentalement l'Amérique est une mauvaise chose.»
De nombreux partisans ont fait des heures de route depuis tout le Wisconsin pour assister au discours de M. Trump. Certains sont même venus de plus loin.
Sean Moon, un musicien du Tennessee qui produit de la musique rap sur le thème du MAGA sous le nom de scène «King Bullethead», a diffusé ses chansons depuis un camion sur le stationnement de l'événement. En tant que musicien, il estime que les rassemblements de Trump ressemblent à s'y méprendre à un concert bruyant.
«Trump est une rockstar», a déclaré M. Moon. «Il est incroyable. Les gens voient qu'il les représente et que l'État profond essaie de le tuer et de l'éliminer. Mais il reste fort, et il représente les gens normaux».
Les démocrates ont compté sur une participation massive dans les deux plus grandes villes de l'État, Milwaukee et Madison, pour contrer la force des républicains dans les zones rurales comme Mosinee et la banlieue de Milwaukee. M. Trump doit gagner des voix dans des endroits comme Mosinee pour avoir une chance de réduire l'avantage des démocrates dans les zones urbaines.
Les républicains ont tenu leur convention nationale à Milwaukee en juillet et M. Trump s'est arrêté quatre fois dans l'État, la dernière fois la semaine dernière à La Crosse, une ville de l'ouest du Wisconsin.
Le mois dernier, Mme Harris et son colistier, le gouverneur du Minnesota Tim Walz, ont rempli l'arène de Milwaukee où les républicains avaient tenu leur convention nationale pour un rassemblement qui coïncidait avec la convention nationale du parti démocrate à Chicago, à 90 miles de là. M. Walz est retourné lundi à Milwaukee, où il a pris la parole lors d'un rassemblement organisé par les syndicats à l'occasion de la fête du Travail.