L'élection de Donald Trump à la présidence américaine pour la deuxième fois et la reprise en main du Sénat par les républicains pourraient annuler de nombreuses politiques climatiques nationales parmi celles réduisant le plus les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement de la planète, selon les experts en solutions climatiques.
Lorsqu'ils énumèrent les mesures qui font la plus grande différence, elles correspondent aux politiques que M. Trump entend cibler.
Ces reculs interviendront alors que de plus en plus de vies sont perdues dans les vagues de chaleur, que des quantités record de pollution climatique s'accumulent dans l'atmosphère, que les États-Unis ont été frappés par ce qui pourrait être deux de leurs ouragans les plus coûteux, et que les nations, qui se réuniront à Bakou, en Azerbaïdjan, la semaine prochaine pour des négociations sur le climat, n'ont pas pris de mesures fortes pour changer ces réalités.
Voici quelques-unes de ces mesures:
La loi sur la réduction de l'inflation
Cette loi est importante, car elle devrait réduire les émissions américaines d'environ 40 % d'ici 2030, si elle se déroule comme prévu dans les années à venir.
Elle achemine de l'argent vers des mesures qui remplacent par de l'énergie propre l'énergie «sale». L’un des principaux moyens d’y parvenir consiste à accorder des crédits aux entreprises qui construisent de nouveaux parcs solaires et éoliens.
Mais ce n’est pas tout. La loi encourage les développeurs d’énergie géothermique et les entreprises qui séparent le dioxyde de carbone de leurs cheminées et l’enfouissent sous terre, ainsi que la prochaine génération d’énergie nucléaire.
Elle accorde également un crédit d’impôt de 7500 $ aux personnes qui achètent des voitures électriques. Les Américains qui achètent des voitures d’occasion peuvent aussi obtenir un crédit, à condition qu’ils ne gagnent pas trop pour y avoir droit.
Donald Trump, en revanche, a résumé sa politique énergétique en disant «forez, forez» et s’est engagé à démanteler ce qu’il appelle la «nouvelle arnaque verte» des démocrates en stimulant la production de combustibles fossiles, tels que le pétrole, le gaz naturel et le charbon, qui sont les principales causes du changement climatique.
Il s’engage à mettre fin aux subventions à l’énergie éolienne qui étaient incluses dans la loi historique sur le climat de 2022.
Cependant, selon Scott Segal, responsable d’un groupe de communication au cabinet d’avocats Bracewell LLP, qui représente l’industrie énergétique, la loi sur le climat n’est pas susceptible d’être abrogée.
Dan Jasper, conseiller politique principal chez Project Drawdown, a déclaré que l’abrogation de certaines parties de la loi sur le climat pourrait se retourner contre Donald Trump, car la plupart des investissements et des emplois se trouvent dans les districts républicains du Congrès.
La pollution des centrales électriques
La principale règle américaine visant à réduire le changement climatique résultant de la production d’électricité dans des centrales au charbon est également considérée comme vulnérable. Cette règle de l’Agence de protection de l’environnement (EPA), annoncée en avril, obligerait de nombreuses centrales au charbon à capturer 90 % de leurs émissions de carbone ou à fermer dans les huit ans.
Il est prévu que ce projet réduise les émissions de dioxyde de carbone d’environ 1,38 milliard de tonnes d’ici 2047, ainsi que des dizaines de milliers de tonnes d’autres polluants atmosphériques nocifs.
Des groupes industriels et des États contrôlés par les républicains ont déposé des recours juridiques contre une multitude de règles de l’EPA, dont celle-ci, et la victoire de M. Trump signifie que le ministère de la Justice ne la défendra probablement pas.
Sous une présidence Trump, il est peu probable que ce projet survive.
Les États-Unis ont réduit leurs émissions de dioxyde de carbone principalement en remplaçant les centrales électriques au charbon par une énergie propre et renouvelable, a déclaré Rob Jackson, climatologue à l’Université de Stanford, qui préside le Global Carbon Project, un groupe de scientifiques qui suit les émissions de dioxyde de carbone des pays.
«J’espère que nous ne perdrons pas de vue les avantages de l’énergie propre. Il ne s’agit pas seulement du climat. Il s’agit de nos vies et de notre santé», affirme-t-il.
Limiter les fuites de méthane ou de gaz naturel nocif
L'administration Biden était sous pression pour réduire l'un des principaux polluants contribuant aux sécheresses, aux vagues de chaleur, aux inondations et aux ouragans plus violents: le méthane ou gaz naturel. Il s'échappe des équipements pétroliers et gaziers, parfois délibérément, lorsque les entreprises considèrent qu'il est trop coûteux à transporter.
L'administration Biden a publié les premières règles nationales à ce sujet.
Des groupes industriels et des États à tendance républicaine ont contesté la règle devant les tribunaux. Ils affirment que l'Agence de protection de l'environnement a outrepassé son autorité et fixé des normes inatteignables.
L'EPA a déclaré que les règles relèvent parfaitement de ses responsabilités légales et protégeraient le public.
Véhicules économes en carburant
L'Agence de protection de l'environnement a publié ses règles les plus strictes sur les émissions des pots d'échappement des voitures et des camions sous l'administration Biden.
Même si ce n’est pas encore clair qui dirigera l’EPA, l’agence est susceptible d’entamer un long processus pour abroger et remplacer une multitude de normes, y compris celle sur les émissions des gaz d’échappement.
M. Trump a annulé plus de 100 lois environnementales en tant que président, et ce nombre est susceptible d’augmenter au cours d’un second mandat.
Il a prétendu que la fabrication de véhicules électriques détruirait des emplois dans l’industrie automobile et a faussement affirmé que les voitures à batterie ne fonctionnent pas par temps froid et ne sont pas capables de parcourir de longues distances. Il a adouci sa rhétorique ces derniers mois après que le PDG de Tesla, Elon Musk, l’a soutenu et a fait campagne intensivement pour son élection.
Malgré tout, les responsables de l’industrie s’attendent à ce que Donald Trump essaie de ralentir le passage aux voitures électriques.