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Trump annonce la fin des frappes américaines contre les Houthis au Yémen

Après deux mois de bombardements réguliers...

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(The Associated Press)

Après deux mois de bombardements réguliers, le président Donald Trump a annoncé mardi l'arrêt des frappes aériennes américaines contre les Houthis au Yémen. Le président américain a affirmé que les rebelles, soutenus par l'Iran, avaient indiqué qu'ils ne voulaient plus se battre et s'étaient engagés à cesser d'attaquer les navires le long d'un important corridor maritime.

«Nous allons cesser les bombardements contre les Houthis, avec effet immédiat», a déclaré M. Trump au début de sa rencontre dans le Bureau ovale avec le premier ministre canadien Mark Carney.

Cela signifie probablement la fin précipitée d'une campagne militaire qui a débuté en mars, lorsque M. Trump a promis d'utiliser une «force meurtrière écrasante» après que les Houthis ont annoncé qu'ils reprendraient leurs attaques contre les navires israéliens au large du Yémen en réponse au nouveau blocus imposé par Israël sur la bande de Gaza.

À l'époque, ils avaient averti viser la mer Rouge, le golfe d'Aden, le détroit de Bab el-Mandeb et la mer d'Arabie.

Le président Trump a expliqué que les Houthis avaient fait savoir aux responsables américains qu'ils «ne voulaient plus se battre. Ils ne veulent tout simplement pas se battre. Nous respecterons cet engagement et cesserons les bombardements.»

Cette annonce est intervenue le jour même où l'armée israélienne a lancé des frappes aériennes contre les Houthis, forçant du fait même, selon elle, la fermeture de l'aéroport international de Sanaa, la capitale yéménite. Il s'agissait de la deuxième série de frappes aériennes israéliennes contre des cibles au Yémen en représailles à une frappe de missiles houthis dimanche sur l'aéroport international israélien.

Un responsable américain a indiqué que l'administration n'avait pas informé Israël de l'accord avec les Houthis avant que M. Trump n'en parle publiquement.

Selon ce responsable, qui a requis l'anonymat pour témoigner d'entretiens diplomatiques privés, Israël a été irrité par cette nouvelle inattendue, notamment parce que les Houthis ont continué de lancer des attaques contre Israël et d'autres cibles israéliennes.

Israël ne semble pas être concerné par l'accord américano-houthis.

De nouveau devant les journalistes plus tard mardi, cette fois pour l'assermentation de son conseiller principal et envoyé spécial Steve Witkoff, M. Trump a été interrogé sur la possibilité que les Houthis continuent d'attaquer Israël. Il a répondu: «Franchement, je n'en sais rien».

«Mais je sais une chose: ils ne veulent rien avoir à faire avec nous, a ajouté M. Trump. Et ils l'ont fait savoir par l'intermédiaire de tous leurs porte-parole, et avec force.»

Trump juge positive la fin des frappes

M. Trump a déclaré que les Houthis avaient «capitulé, mais surtout, nous allons les croire sur parole lorsqu'ils affirment qu'ils ne feront plus exploser de navires». «Et c'était précisément le but de nos actions», a-t-il expliqué.

«Je pense que c'est très positif, a-t-il ajouté. Ils détruisaient de nombreux navires.»

Interrogé sur la manière dont les Houthis avaient communiqué leur volonté de ne plus être la cible des bombardements américains, M. Trump n'a fourni que peu de détails, se contentant de dire en riant que l'information provenait d'une «très bonne source».

Peu après, le ministre omanais des Affaires étrangères, Badr al-Busaidi, a confirmé la fin de la campagne de bombardements américains, publiant sur X que les discussions entre les États-Unis et Oman, ainsi qu'avec les négociateurs au Yémen, «ont abouti à un accord de cessez-le-feu entre les deux parties». 

«À l'avenir, aucune des deux parties ne ciblera l'autre, y compris les navires américains, en mer Rouge et dans le détroit de Bab el-Mandeb, garantissant ainsi la liberté de navigation et la fluidité du trafic maritime international», a-t-il célébré.

Dans un communiqué, les Houthis ont affirmé que leur position envers Gaza n'avait pas changé et que leur «accord initial» avec les États-Unis n'aurait aucune incidence sur leur soutien aux Palestiniens. Le communiqué n'indiquait pas clairement s'ils adhéraient à l'accord avec les États-Unis.

Coûts de l'opération américaine contre les Houthis

Le coût des munitions américaines utilisées contre des cibles rebelles au Yémen lors des attaques quotidiennes qui sévissent depuis le 15 mars s'élève à plus de 750 millions $ US, a déclaré un autre responsable américain. L'administration Trump a largué plus de 2000 munitions sur plus de 1000 cibles, selon ce responsable, qui a requis l'anonymat pour fournir des détails supplémentaires sur les frappes.

Ce chiffre ne représente qu'une fraction du coût total de l'opération. Il ne prend pas en compte les coûts d'exploitation de deux porte-avions, de leurs navires de guerre d'accompagnement ni les heures de vol des appareils.

Il n'inclut pas non plus la destruction par les Houthis de sept drones américains MQ-9 Reaper, d'un coût de plus de 30 millions $ pièce, ni la perte d'un avion de chasse F/A-18 et d'un remorqueur du porte-avions USS Harry S. Truman lors d'une manœuvre pour éviter un missile houthiste; l'avion était alors tombé du navire.

Malgré le fait que M. Trump ait présenté l'accord comme un moyen de rouvrir la mer Rouge à la navigation commerciale sans craindre une attaque houthiste, «les Houthis n'ont pas tiré sur un navire commercial depuis décembre», a rappelé Gregory Brew, analyste principal du cabinet d'analyse des risques Eurasia Group.

«Ils continueront probablement, cependant, de tirer sur Israël», a noté M. Brew dans une publication X.

«Quant aux Houthis qui continuent d'attaquer Israël, ils le font aux risques et périls de l'Iran», a déclaré le sénateur républicain de Caroline du Sud Lindsey Graham sur les réseaux sociaux. 

Attaques des Houthis contre le transport maritime

Les Houthis menaient des attaques répétées de missiles et de drones contre des navires commerciaux et militaires à travers la région, avec pour objectif déclaré par les dirigeants du groupe de mettre fin à la guerre d'Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza.

De novembre 2023 à janvier 2025, les Houthis ont ciblé plus de 100 navires marchands avec des missiles et des drones, coulant deux d'entre eux et tuant quatre marins. Cela a considérablement réduit le flux commercial dans le corridor de la mer Rouge, qui voit généralement transiter 1000 milliards $ US de marchandises chaque année.

Les Houthis ont suspendu leurs attaques dans le cadre d'un cessez-le-feu auto-imposé jusqu'à ce que les États-Unis lancent une vaste offensive contre les rebelles à la mi-mars.

Les frappes de missiles à large portée ordonnées par le président Trump étaient similaires à celles qu'a souvent menées l'ancien président Joe Biden en réponse aux attaques fréquentes des Houthis contre les navires commerciaux et militaires dans la région.

Les frappes aériennes du président Trump ont occupé une part importante du discours public après que le média américain The Atlantic a révélé que le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, avait envoyé par messages textes des plans secrets de frappe militaire contre les Houthis sur l'application Signal, incluant par erreur le rédacteur en chef du magazine dans ses destinataires.

M. Trump a soutenu M. Hegseth et minimisé les événements, mais le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz, créateur du groupe de discussion sur Signal, a quitté son poste la semaine dernière avant d'être nommé par M. Trump comme ambassadeur des États-Unis auprès des Nations unies.

— Les journalistes de l'Associated Press Matthew Lee, Tara Copp et Ellen Knickmeyer ont contribué à cette dépêche.

Will Weissert

Will Weissert

Journaliste