Société

«Trudeau doit tenir sa promesse»: des organisations réclament la régularisation des sans-papiers

Trente-huit organisations communautaires et syndicales québécoises se sont mobilisées à Montréal, Québec et Rimouski, samedi, pour réclamer la mise en place d'un programme de régularisation.

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Des personnes se sont mobilisées à Montréal pour réclamer un programme de régularisation des sans-papiers. (Centre des travailleurs et travailleuses immigrants.)

Une trentaine d'organisations communautaires et syndicales québécoises se sont mobilisées à Montréal, Québec et Rimouski, samedi, pour réclamer la mise en place d'un programme de régularisation des sans-papiers.

Les 38 organisations demandent la mise en place «immédiate» d'un programme «inclusif» visant à régulariser les sans-papiers, ainsi que de cesser la déportation et la détention des migrants qui ne possèdent pas de statut migratoire.

«Face au nombre croissant de personnes migrantes sans statut et à statut précaire au Canada, Amnistie internationale continue à préconiser la régularisation, par le biais de l'octroi d'un statut permanent, comme moyen efficace de protéger les droits humains. Nous demandons instamment au gouvernement de respecter son engagement envers les personnes sans statut, pris en 2021», a lancé Marisa Berry Méndez, responsable des campagnes pour Amnistie internationale Canada francophone.

«Les personnes sans-papiers se retrouvent donc traitées comme des sous-citoyennes et sous-citoyens, parce que leurs droits fondamentaux ne sont pas respectés»
-Extrait du communiqué des 38 organisations communautaires et syndicales québécoises

Bien que le premier ministre Trudeau ait remis une lettre à l'ancien ministre fédéral de l’Immigration, Sean Fraser, pour le programme des sans-papiers en décembre 2021, les organismes déplorent l'inaction du gouvernement fédéral depuis et les délais pour élaborer un programme de régularisation pour les sans-papiers.

«On attend toujours le programme de régularisation pour tous et toutes, sans exclusion ni discrimination», a dit Samira Jasmin de Solidarité sans frontières.

Facebook | CTI Malgré la pluie, le rassemblement s'est tenu à Québec, le 21 octobre 2023. (Facebook | CTI)

Le nouveau ministre de l'IRCC, Marc Miller, n'aurait fait aucune déclaration à ce sujet depuis sa nomination, dénoncent-elles par voie de communiqué. 

«Le Canada, terre d'accueil et de diversité, a l'opportunité de consolider sa réputation en termes d'accueil et de respect des droits humains tout en garantissant un statut digne et pérenne pour toutes les personnes migrantes à statut précaire ou sans statut», a précisé Muzhgan Haydary, agente de projet de recherche, Clinique juridique des solutions justes / Mission communautaire de Montréal. 

De plus, les organisations soulignent que la déportation et la détention des sans-papiers continuent malgré que l'ancien ministre de IRCC, Sean Fraser, les avait suspendu le temps de mettre en place un programme de régularisation.

«Ce programme aurait dû être mis en place depuis longtemps. [...] Il est grand temps que le Canada emboîte le pas pour protéger ces résidents les plus vulnérables.»
-Harrold Babon, organisateur communautaire, Clinique pour la justice migrante

Elles réclament également l'abolition du permis de travail fermé. Selon elles, les permis de travail fermés rendraient les travailleurs migrants sous la contrainte des employeurs, qui abusent de leur pouvoir et violent leurs droits. 

«Les syndicats sont très préoccupés par la multiplication des situations de précarité, d'abus et d'exploitation graves découlant du recours grandissant à l'exploitation du travail migrant. [...] Le gouvernement fédéral doit s'attaquer à ces enjeux de toute urgence, à commencer par la mise en place d'un programme de régularisation des statuts et l'abolition du permis de travail fermé», a mentionné Mario Beauchemin, troisième vice-président de la Centrale des syndicats du Québec. 

D'ailleurs, le récent rapport de l'ONU fait état de conditions propices à l'esclavage moderne concernant le permis de travail fermé.

«Nous avons perdu notre statut migratoire en raison des failles du système d'immigration du Canada, et la vie sans statut est quotidiennement exposée à l'esclavage moderne et à toutes sortes de violences. Nous voulons mener une vie humaine, ici et maintenant», a dit Nina Gonzalez du Centre des travailleurs et travailleuses immigrants.

Centre des travailleurs et travailleuses immigrants. Des personnes se sont mobilisées à Montréal pour réclamer un programme de régularisation des sans-papiers. (Centre des travailleurs et travailleuses immigrants.)

Avec l'initiative des organisations associées au Réseau des droits des migrants, d'autres actions seront aussi tenues au pays au cours des prochaines semaines.

Rappelons que les réfugiés qui font une demande pour venir au Canada doivent subir des délais interminables à cause des retards considérables en matière d'immigration, et la vérificatrice générale, Karen Hogan, demande au gouvernement de créer immédiatement un moyen pour eux de présenter leur demande en ligne. Dans un rapport publié jeudi sur les délais de traitement en immigration, elle a relevé qu'Ottawa ne mesure même pas l'effet des solutions qu'il met déjà en place pour s'attaquer aux arriérés. 

Le gouvernement avait déjà prévu de rendre les demandes d'asile en ligne accessibles aux demandeurs. Il espère introduire ce mécanisme d'ici la fin du mois pour les réfugiés parrainés par le secteur privé, puis en novembre pour les réfugiés pris en charge par le gouvernement.

Avec les informations de La Presse canadienne