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La dernière fois qu'une trombe marine y a été observée, c'était il y a une quinzaine d'années.
Un phénomène météorologique rarement observé dans le sud du Québec, appelé trombe marine, a été vu près de Montréal dimanche après-midi.
Jean-François Bégin, météorologue à Environnement Canada, confirme que l'événement météorologique inhabituel s'est produit sur le lac des Deux Montagnes, près de Vaudreuil-Dorion, à l'ouest de Montréal, entre 14 h 30 et 16 h.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
«Il n'y aura pas d'enquête plus approfondie pour l'instant, car nous n'avons aucun moyen d'estimer le vent», explique-t-il à CTV News. «Nous avons des photos et des images. Il y a suffisamment de preuves pour que nous soyons d'accord qu'il s'agissait probablement d'une trombe marine.»
Tim Wood, un résident de Rigaud, était en train de pêcher lorsqu'il a remarqué que le ciel s'assombrissait au-dessus de lui.
«La grêle a commencé à tomber, puis j'ai regardé devant moi et je me suis demandé ce que c'était, j'ai levé les yeux et j'ai vu l'entonnoir», se souvient-il.
Plutôt que de fuir, Wood raconte que son premier réflexe a été de s'approcher.
«J'étais excité», dit-il, ajoutant qu'il voulait prendre une vidéo de la trombe.
Une trombe marine est une colonne d'air en rotation qui apparaît au-dessus d'une étendue d'eau, un peu comme une tornade.
«La principale différence est qu'elle a une durée de vie relativement plus courte car elle est créée par l'influence de l'étendue d'eau», explique M. Bégin. «Si elle pénétrait dans les terres, elle mourrait.»
Il note qu'une trombe est considérée comme faisant partie de la même catégorie qu'un orage.
«Plus la température de surface de l'étendue d'eau est élevée, plus la probabilité d'en voir une est grande», explique M. Bégin. «Il faut que les températures soient plus froides et qu'il y ait un élément déclencheur. Il faut que l'air monte et que l'humidité de l'eau augmente, ce qui accroît l'évaporation.»
Il précise que la dernière fois qu'une trombe marine a été observée dans la région métropolitaine de Montréal, c'était sur le fleuve Saint-Laurent, près du Vieux-Port de Montréal et du pont Jacques-Cartier, il y a une quinzaine d'années.
M. Bégin note que des trombes marines ont également été détectées ce week-end près des Îles-de-la-Madeleine, un endroit où les trombes marines sont beaucoup plus fréquentes car l'étendue d'eau est beaucoup plus grande.
Le spectaculaire phénomène météo, comparable à une tornade et rare à ce temps-ci de l’année, est généralement inoffensif.
De nombreux Madelinots et vacanciers ont tout de même contemplé avec une certaine frayeur ces trombes marines apparues au courant de l’après-midi.
«La première que nous avons vue nous a fait peur, car c’était la première fois qu’on voyait ça, témoigne la vacancière Karine Champagne. Une deuxième est sortie juste à côté! On était impressionnés. Il y en avait qui apparaissaient et disparaissaient presque aussitôt.»
Le spectacle a duré environ une heure. En tout, une dizaine de trombes marines ont été ainsi observées.
Ces trombes sont sans danger si l’on s’en tient loin, contrairement aux tornades, qui s’accompagnent de grosses cellules orageuses. La puissance de cette colonne d’eau tourbillonnante peut tout de même causer des dommages aux embarcations qui s’en approchent.
Le Madelinot Marc-André Bourgeois-Gaudet était justement en mer lorsqu’il a vu sortir des eaux ces immenses filaments. Il a dû passer près de la trombe à deux reprises. «Le tonnerre résonnait aussi très fort, mais le plus impressionnant, c’était les pluies diluviennes qui en sortaient. Des pluies comme ça, je n’en avais jamais vu avant, raconte-t-il au Devoir. Je ne suis pas resté pour voir comment ça allait virer. Je me suis dépêché de revenir à quai.»
Les trombes marines se forment «souvent» dans les Grands Lacs, plus rarement dans l’Atlantique, et surtout plus tard en automne, affirme le météorologue d’Environnement Canada Simon Legault.
L’air froid qui a enveloppé le Québec ces derniers jours est responsable du phénomène un peu hors saison, selon lui. «L’eau est relativement chaude. L’eau s’est réchauffée tout l’été et l’air froid qui arrive dans la région vient créer cette instabilité.»
La majorité de l’eau que projette la trombe marine est formée d’une eau non salée contenue dans les nuages ou provoquée par condensation. Un peu d’eau de mer est projetée vers le haut, mais très peu, et seulement au pied de la colonne, ajoute l’expert. Ces trombes marines perdent rapidement en intensité si elles touchent terre, ce qui ne semble pas avoir été le cas vendredi aux îles de la Madeleine.
Avec de l'information de Jean-Louis Bordeleau pour Le Devoir | Initiative de journalisme local de La Presse canadienne