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Travailleur tué dans un effondrement: la police ouvre une enquête criminelle

L'effondrement de la structure de chantier, situé le boulevard Michèle-Bohec, a aussi fait trois blessés.

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Travailleur tué dans l'effondrement d'un chantier à Blainville: des accusations pourraient être déposées MTLNI-BLAINVILLE EFFONDREMENT TRAVAIL

La police de Blainville a ouvert mercredi une enquête pour négligence criminelle à la suite de l'effondrement mortel de murs de soutènement survenu mardi sur un chantier de construction de la ville.

C'est ce qu'a confirmé à Noovo Info mercredi matin Sarah Cousineau, porte-parole du Service de police de Blainville. L'enquête policière déterminera donc si une erreur humaine pourrait être à l'origine de l'effondrement d'une structure du chantier et si une ou des accusations doivent être déposées.

Des enquêteurs rencontreront des témoins qui étaient sur le chantier du boulevard Michèle-Bohec et des personnes d'intérêt au cours des prochains jours.

Les détails avec Marika Simard dans la vidéo ci-haut.

L'identité de la victime a été dévoilée mercredi par les autorités. Il s'agit d'Alexandre Paris, 31 ans.

L'un des blessés a dû être transporté à l'hôpital pour une blessure à une jambe, a indiqué la police de Blainville. Une autre personne a été traitée sur place. Enfin, une personne se trouvait dans une roulotte qui a été emportée dans l’effondrement, mais elle a été secourue sans encombre. Cette personne a aussi été transportée à l'hôpital pour un choc nerveux.

Il aura fallu attendre plusieurs heures pour sortir le corps de la victime des décombres de l'effondrement en raison de l'instabilité des lieux. L'opération a finalement eu lieu peu après 20 heures mardi soir. Le corps de M. Daigle était enseveli dans la glaise.

La CNESST et la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) mènent aussi une enquête. 

Une inspection 30 minutes avant l'effondrement

L'édifice en construction était destiné à une vocation commerciale et devait s'intégrer dans un complexe de plusieurs autres commerces. On ignore pour le moment les causes et circonstances exactes de l'effondrement. La météo - avec plusieurs jours de pluie - pourrait avoir joué un rôle.

Or Syscomax, l'entrepreneur responsable du chantier, a écrit sur son site web que les travaux sur ce site «comportent plusieurs défis, tels que l'excavation du stationnement souterrain de trois étages dans des conditions de sol complexes». Syscomax a toutefois promis publiquement de veiller «à ce que tout se déroule sans encombre» en suivant «rigoureusement ses procédures éprouvées afin de garantir la sécurité du chantier pour toutes les personnes impliquées».

Pourtant, selon un représentant de la sécurité au travail à la CSN, l’affiliation syndicale en construction, un inspecteur a remarqué un problème avec le sol du site du chantier 30 minutes avant l’effondrement. «Quelque chose clochait avec un mur de rétention», a indiqué Pierre-Olivier Parent à CTV News.

Ainsi informés des mauvais résultats de l’inspection, M. Parent et le contremaître du chantier ont informé l’entrepreneur sous-traitant, Presco-MSE, lequel a quand même autorisé la poursuite des travaux.

Syscomax a confirmé à CTV News que l'entreprise suspendait tous ses chantiers mercredi, les ouvriers étant encore sous le choc de la tragédie.

«Notre priorité est de soutenir tout le personnel, y compris en leur apportant un soutien psychologique», a déclaré Jean-Philip Robitaille, président de Syscomax Immobilier, joint par téléphone. «Nous sommes sous le choc.»

Le président de CSD Construction, Carl Dufour, se demande également ce qu'il s'est passé. «Mettre la faute sur le travailleur, j'ai de la difficulté avec ça», a-t-il dénoncé.

Dans un courriel transmis à Noovo Info mercredi, la CNESST confirme avoir dépêché deux inspecteurs sur les lieux de l'effondrement et qu'ils ont débuté une enquête «afin d'identifier les causes de l'accident». Syscomax dit collaborer à l'enquête.

De son côté, la RBQ a indiqué à Noovo Info que «présentement, toutes nos pensées sont dirigées vers les familles des personnes affectées par cet événement.»

«La RBQ demeure en lien avec ses partenaires et les actions de la CNESST sont prioritaires. La RBQ poursuit pour sa part son travail de documentation de l'accident», a écrit un porte-parole.

La police de Blainville indique par ailleurs mercredi que le boulevard Michèle-Bohec demeure fermé jusqu'à nouvel ordre. Des ingénieurs doivent évaluer la situation avant de permettre sa réouverture.

Avec la collaboration de Guillaume Théroux pour Noovo Info et de l'information de Joe Lofaro pour CTV News.

Marika Simard

Marika Simard

Journaliste multiplateforme