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«Il y a des maudites limites à tirer la couverte de ce bord-là du côté du patronal», lance Alexandre Leduc.
Québec solidaire craint qu’une intervention des associations patronales dans l’élaboration de la loi encadrant le travail des enfants ramène le Québec au point de départ.
Le député d’Hochelaga-Maisonneuve et porte-parole en matière d’Emploi et de Travail, Alexandre Leduc affirmait mercredi en point de presse que les associations patronales faisaient actuellement pression sur le ministre du Travail, Jean Boulet, afin que les industries complètes de la restauration et du commerce de détail soient incluses dans la liste des exceptions liées à la future loi encadrant le travail des jeunes.
Projet de loi encadrant travail des enfants: député QS Alexandre Leduc affirme que le patronat « tire la couverte de son bord » en demandant des exceptions pour domaines du commerce au détail et restauration sur l’âge min. à 14 ans et limite nombre d’heures de travail. #polqc pic.twitter.com/dbswjFaHCG
— Simon Bourassa (@Simon_Bourassa) February 1, 2023
Selon M. Leduc, les associations patronales estimeraient que certaines tâches «dites légères» pourraient être assumées par des jeunes de moins de 14 ans puisqu’elles sont considérées comme «moins dangereuses».
Un non-sens pour le député solidaire.
«Qu’est-ce que vous pensez qu’il va arriver le jour où un autre employé sera absent? Lorsque le patron demandera au jeune d’aller aider en cuisine ou à la plonge? La jeune va les faire ses tâches dangereuses», croit Alexandre Leduc.
«Il y a des maudites limites à tirer la couverte de ce bord-là du côté du patronal», a-t-il affirmé en point de presse.
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Le député solidaire a également rappelé que selon les chiffres de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travai (CNESST), la majorité des accidents touchant les jeunes travailleurs ont lieu dans les industries de la restauration, du commerce de détail et de l'hébergement.
Dans un avis du Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre concernant le travail des enfants au Québec, adopté le 8 décembre 2022, la CNESST indique ceci : «En matière de santé et de sécurité du travail, une hausse importante des accidents du travail acceptés a été observée de 2012 à 2021 auprès des jeunes. En effet, celle-ci est de 392 % pour les 14 ans et moins, de 221 % pour les 15 ans et de 17 % pour les jeunes de 16 ans. De plus, cinq décès résultants du travail et impliquant un jeune de moins de 19 ans ont été dénombrés depuis 2014.»
«Ça va servir à quoi de mettre l’âge minimum à 14 ans si de l’autre côté on met une exception qui permet à des plus jeunes de continuer à travailler à des endroits qui posent problème et qui sont justement au cœur des raisons pour lesquelles on voulait faire une intervention et limiter l’âge à 14 ans?» se questionne Alexandre Leduc.
«Si le ministre cède aux patronats son projet de loi ne servira à rien et ne vaudra même pas l’encre sur lequel il a été imprimé»
Noovo Info a joint le cabinet du ministre Jean Boulet pour une réaction au sujet des déclarations de M. Leduc.
Par courriel, l'attachée de presse du ministre, Maude Méthot-Faniel, fait savoir qu'il n'est pas possible de s'avancer quant au contenu du projet de loi puisqu'il n'a pas encore été déposé.
Il est toutefois précisé que deux principes guident l’élaboration de ce projet de loi, soit «la santé et sécurité au travail et la persévérance scolaire».
Le courriel précise également que le cabinet du ministre Boulet «a reçu en décembre dernier l’avis du CCTM sur la question».
«Nous sommes encouragés par le consensus dégagé par les parties patronales et syndicales», dit-on.
Le projet de loi sera déposé au courant de la présente session parlementaire.
Le gouvernement du Québec a décidé de légiférer sur le travail des jeunes en raison de la présence de plus en plus forte des jeunes de moins de 14 ans dans les commerces et entreprises du Québec.
À voir également : Âge minimum pour travailler: «on a du retard à rattraper au Québec»
La loi – qui est actuellement en période de révision – devrait encadrer non seulement l’âge minimum pour travailler en province, mais aussi donner des directives notamment par rapport aux heures de travail permises.
Loi devrait prévoir certaines exceptions, entre autres pour le gardiennage, l’arbitrage et les productions théâtrales ou cinématographiques.