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Par Hina Alam, Fakiha Baig et Brittany Hobson
La police d'un État de l'ouest de l'Inde a commencé à enquêter plus profondément sur la mort de quatre migrants indiens dont les corps ont été retrouvés au Manitoba, à proximité de la frontière canado-américaine.
Le directeur général de la police du Gujarat, Ashish Bhatia, affirme que les enquêteurs tentent de déterminer si un agent de voyage en Inde a aidé le groupe.
«Il est très clair que ces personnes sont allées au Canada et qu'elles tentaient d'entrer illégalement aux États-Unis, alors nous examinons cela», a déclaré M. Bhatia dans une entrevue avec La Presse Canadienne.
La GRC a trouvé les corps d'un homme, d'une femme, d'un adolescent et d'un bébé la semaine dernière près d'Emerson, au Manitoba. La police pense qu'ils avaient tenté de pénétrer aux États-Unis lors d'une tempête de neige par températures glaciales.
Les enquêteurs ont affirmé qu'ils croient que les décès étaient liés à un stratagème de trafic d'êtres humains.
Sept personnes ont réussi à traverser la frontière. Deux ont été retrouvés dans une camionnette avec un homme qui fait maintenant face à des accusations. Les autres ont été interceptés par des agents frontaliers à proximité.
Steve Shand de Deltona, en Floride, est accusé de transport ou de tentative de transport d'étrangers illégaux. Il a été remis en liberté lundi.
M. Bhatia a déclaré que les autorités indiennes sont conscientes que les personnes qui partent pour d'autres pays n'ont pas toujours les documents appropriés pour entrer aux États-Unis. «Cela dure (depuis) des années. Légalement, les gens y vont ; illégalement aussi les gens y vont.»
Deux experts en immigration et un enquêteur veulent que quiconque envisage d'emprunter des voies illégales comprenne la dure réalité du trafic d'êtres humains.
«De nombreux passeurs prétendent faussement qu'il est sûr et facile de traverser illégalement», a soutenu Jamie Holt, agent spécial par intérim chargé des enquêtes de la sécurité intérieure des États-Unis sur les mouvements illégaux de personnes.
«Les passeurs ont une façon très particulière de faire les choses. C'est un "business" pour eux. C'est une question d'argent, pas de personnes», a-t-il résumé.
Des documents judiciaires indiquent que l'une des personnes arrêtées a déclaré aux agents que son groupe marchait depuis 11 heures dans le froid glacial. Une femme a été transportée à l'hôpital parce qu'une de ses mains devait être partiellement amputée.
L'homme a affirmé qu'il avait payé une grosse somme d'argent pour obtenir un faux visa d'étudiant au Canada et qu'il s'attendait à être conduit chez un parent à Chicago après avoir traversé, révèlent des documents.
Deepak Ahluwalia, un avocat canadien spécialiste de l'immigration travaillant avec des demandeurs d'asile en Californie, a indiqué que le point de passage d'Emerson est fréquenté par des passeurs et des migrants qui savent que son éloignement le rend inaccessible aux patrouilleurs.
Des arnaques lucratives
Le criminologue à l'Université de la vallée du Fraser en Colombie-Britannique Yvon Dandurand a déclaré que les gens se tournent vers les passeurs pour obtenir de l'aide parce qu'ils ne seraient pas admissibles en vertu de la loi sur l'immigration. Les documents peuvent également prendre des années à être traités.
Les gens migrent pour deux raisons principales : rechercher de meilleures opportunités économiques ou retrouver leur famille, a-t-il indiqué.
Et c'est une affaire lucrative. Selon M. Dandurand, certains passeurs facturent entre 10 000 $ et 50 000 $ par personne. Les opérations de trafic sont assez petites pour ne nécessiter que 5 à 10 personnes travaillant ensemble dans différents pays, a-t-il mentionné.
«Ils gagnent beaucoup d'argent grâce au désespoir et parfois grâce à l'ignorance des gens. Ils sont facilement dupés», a déclaré M. Dandurand, qui étudie le trafic de migrants depuis 25 ans.
Me Ahluwalia a précisé qu'il avait aidé de nombreux demandeurs d'asile indiens à venir aux États-Unis via le Canada.
Les enquêteurs tentent toujours de clarifier ce qui a motivé le dernier groupe à traverser, mais M. Ahluwalia a indiqué que, dans de nombreux cas, il a eu affaire à des migrants qui ont été arnaqués au Canada par un avocat qui a promis de faux documents.
«On voit ça beaucoup», a-t-il dit.
Une fois que les migrants ont pris contact avec un passeur par le biais d'une annonce ou de bouche à oreille -- et ont versé un paiement -- ils reçoivent généralement des instructions générales sur leur voyage.
«Il est si courant qu'un passeur dise simplement : "Oh, la frontière est juste là", mais il omet de vous dire que vous devez marcher pendant deux jours.»
M. Holt a déclaré que les téléphones portables ne fonctionnent généralement pas parce que les migrants ont été déposés au milieu de nulle part et qu'on leur a dit de marcher dans une direction spécifique, quel que soit le mauvais temps ou le manque de nourriture et d'eau.
«Ils savent qu'une fois qu'ils vous ont fait passer, leur travail est terminé. Ils n'ont vraiment aucun incitatif à s'assurer que vous arriviez en sécurité», a ajouté M. Ahluwalia.
«Dans ce cas, je ne connais personne de censé pour leur dire de faire ce voyage en sachant que la maman avait un bébé dans les bras, a-t-il conclu. C'est juste triste que quatre personnes soient mortes, si brutalement et si tragiquement.»