Économie

«Tout ralentit»: un chocolatier montréalais ressent les effets de la grève chez Postes Canada

«Tout ce dont nous avons besoin pour fabriquer un produit met plus de temps à arriver.»

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Un chocolatier du quartier de la Petite-Bourgogne affirme que la grève actuelle de Postes Canada met à mal les petites entreprises comme la sienne. (damienandre.com)

Un chocolatier du quartier de la Petite-Bourgogne affirme que la grève actuelle de Postes Canada met à mal les petites entreprises comme la sienne.

Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.

Damien André passe ses journées à tempérer du chocolat et à emballer des boîtes à la main, mais ces derniers temps, dit-il, le travail est devenu beaucoup plus compliqué.

«J'essaie d'offrir à mes clients une touche belge, avec des saveurs simples que tout le monde peut apprécier, explique-t-il. Mais cela a été extrêmement difficile avec tous les retards de livraison. Les emballages, les matières premières... tout ce dont nous avons besoin pour fabriquer un produit met plus de temps à arriver.»

Il a ouvert la Chocolaterie Damien André sur la rue Notre-Dame il y a moins d'un an. M. André explique que la grève a ralenti à la fois les livraisons entrantes et les commandes sortantes, menaçant de faire fondre ses profits à l'approche de la période des fêtes, habituellement très chargée.

«Cela perturbe vraiment toutes nos opérations, dit-il. Je suis chocolatier, mais maintenant, je dois aussi jouer le rôle de comptable pour trouver comment gérer le désordre financier que cela cause.»

Les perturbations postales se font sentir dans tout Montréal

La grève a commencé le 26 septembre après que le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) ait déclenché un arrêt de travail national en réponse aux projets du gouvernement visant à réformer la société d'État en difficulté.

Ce projet prévoit la fin de la distribution quotidienne du courrier, la fermeture des bureaux de poste ruraux et le passage de la plupart des foyers à des boîtes aux lettres communautaires.

CTV News a contacté Postes Canada pour obtenir des commentaires, mais n'a pas reçu de réponse avant la publication.

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Certains Montréalais ont raconté à CTV News que la grève postale leur causait également des frustrations.

«J'ai eu la chance d'obtenir ce dont j'avais besoin avant le début de la grève — je viens de recevoir ma carte d'assurance maladie et mon permis de conduire», a lancé Isabelle Ouimet. «Sinon, j'aurais été bloquée, car c'est le seul moyen de les envoyer.»

Bien que la grève n'ait pas eu d'impact direct sur Manon Dubreuil, elle a affirmé que certains de ses amis commençaient à s'inquiéter. «Ils attendent des documents des services d'immigration et cette perturbation les stresse», a-t-elle dit.

D'autres, comme LJ Aguinaga, ont rapporté ne pas avoir remarqué de grande différence, affirmant que la communication numérique avait atténué le choc. «Je reçois un courriel pour tout ce qui est important», a-t-il dit.

Le retour des inquiétudes liées aux fêtes

Damien André se souvient que le conflit social de l'année dernière avait gâché sa saison de Noël. Il craint que celui-ci ne fasse de même.

«L'année dernière, nous n'avons pas pu livrer les produits à nos clients à temps», a-t-il expliqué. «Cette fois-ci, nous nous préparons plus tôt, mais cela signifie que nous devons tout acheter à l'avance, des ingrédients aux emballages, ce qui coûte plus cher. Je dois contracter des emprunts et il est essentiel d'avoir un bon comptable.»

L'entrepreneur a déclaré que le prix des emballages locaux, fabriqués au Québec, est resté stable. Mais le cacao, l'ingrédient clé de tous ses produits, a vu son prix monter en flèche au cours de l'année dernière.

Il a par exemple indiqué que le prix d'une boîte de chocolats vendue dans son magasin a augmenté d'environ 20 % au cours de l'année dernière.

«Nous essayons de maintenir des prix équitables et abordables, mais nous sommes au bout de la chaîne d'approvisionnement, donc nous ne fixons pas les prix», a mentionné le chocolatier.

Malgré cela, il refuse de faire des compromis sur la qualité. «Nous sommes une petite boutique artisanale. Nous ne pouvons pas livrer comme Amazon, mais nous mettons tout notre cœur et toute notre passion dans chaque colis.»

Damien André estime que les petites entreprises comme la sienne ne devraient pas avoir à supporter le coût d'un conflit national sur lequel elles n'ont aucun contrôle.

«Les gouvernements ont été d'une grande aide pour soutenir les petites entreprises pendant la pandémie», a-t-il soutenu. «Je pense qu'ils devraient faire quelque chose dès maintenant, avec cette grève.»

Pour l'instant, il fait des réserves et garde l'espoir que l'impasse prendra fin bientôt, avant que la ruée des fêtes de fin d'année ne fasse fondre ses bénéfices.