Politique

Tensions entre Ottawa et Québec concernant le remboursement des 460M$ pour l'accueil des demandeurs d'asile

«Ayons une discussion avec nos ministres des finances respectifs. Je n’ai pas 400M$ qui traînent ici», a lâché le ministre de l’Immigration, Marc Miller mercredi en point de presse à Ottawa.

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(Capture d'écran | CPAC)

Le gouvernement du Québec a récemment demandé au gouvernement fédéral de rembourser les 460 millions de dollars (M$) pour l'accueil des demandeurs d'asile et des ressortissants ukrainiens. Or, Ottawa maintient sa position en refusant un tel remboursement.

Le gouvernement de Justin Trudeau ouvre toutefois la porte à des discussions avec Québec ainsi que les ministres des Finances du Québec et du Canada.

«Mettons toutes les cartes sur la table et disons les vraies affaires parce qu’on compense le Québec à juste titre sous les causes pertinentes de l’accord Canada-Québec. […] Ayons une discussion avec nos ministres des finances respectifs. Je n’ai pas 400M$ qui traînent ici», a lâché le ministre de l’Immigration, Marc Miller mercredi en point de presse à Ottawa.

Le ministre québécois responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, Jean-François Roberge, a dénoncé jeudi les propos du ministre Miller et les politiques fédérales concernant l'accueil des demandeurs d'asile et réfugiés. Cette demande de remboursement serait «légitime», réitère Québec. 

Capture d'écran | Assemblée nationale du Québec Le ministre Jean-François Roberge prend la parole devant les journalistes le 23 novembre 2023. (Capture d'écran | Assemblée nationale du Québec)

«En ce moment, la politique fédérale c’est "je décide, tu payes." […] Payez les Québécois. Ça n’a aucun sens. Ce n’est absolument pas une politique qui est responsable. Ça place le Québec dans une position qui est intenable», a-t-il lancé en point de presse jeudi.

Or, le premier ministre du Québec François Legault, a rencontré le premier ministre canadien Justin Trudeau et a abordé la question une dizaine de jours plus tôt. Selon lui, la province a reçu 49% des demandeurs d'asile depuis le début de l'année.

Simon Bourassa | Noovo Info François Legault prend la parole devant des journalistes à l'Assemblée nationale du Québec le 23 novembre 2023. (Simon Bourassa | Noovo Info)

«Le Québec représente 22% de la population au Canada. Mais, le Québec a reçu 49% des demandeurs d’asile depuis le début de 2023. On offre des services à ces gens. Actuellement, on a une facture de 460 M$. On demande au gouvernement fédéral au moins de nous rembourser ce montant», a dit M. Legault jeudi aux journalistes de l'Assemblée nationale. «C’est beaucoup d’argent.»

«Sous l’accord Canada-Québec, on leur a déjà versé de l’argent et même à quelques occasions de l’argent en trop. On ne leur a pas réclamé le paiement. Il y a une discussion qui est plus large qu'un simple échange de lettres.»
-Marc Miller, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté

Depuis la fermeture du chemin Roxham en mars dernier, le gouvernement du Québec soutient que la majorité des demandeurs d’asile arrivent actuellement aux aéroports, qui «débordent» selon le ministre Roberge. Ce dernier déplore l’inaction du gouvernement fédéral à ce sujet.

«Finalement la fermeture du chemin Roxham n’a pas donné grand-chose parce que maintenant ça se passe à l’aéroport sous la bénédiction du gouvernement fédéral», a souligné le ministre Roberge.

«Le Québec ne peut pas continuer à accepter la moitié des demandeurs d’asile au Canada.»
-François Legault, premier ministre du Québec

En plus du remboursement des frais, Québec demande également une «meilleure» répartition avec les autres provinces concernant l’accueil des demandeurs d’asiles.

«Ça avait été fait avec le chemin Roxham. C’était possible. Il y a eu des transferts de demandeurs d’asile entre autres à Niagara, en Ontario. Mais là, via les aéroports le problème se poursuit», a mentionné Legault jeudi aux journalistes de l’Assemblée nationale. «Qu’ils commencent à transférer l’équivalent de 78% des demandeurs d’asile dans les autres provinces.»

«Lorsqu'ils arrivaient par le chemin Roxham, il y avait un mode de répartition des demandeurs d'asile. Mais maintenant qu'ils arrivent depuis l'aéroport, c'est comme si l'approche qu'avait le fédéral à l'hiver dernier ne tenait plus», avait lancé la ministre québécoise de l'Immigration, Christine Fréchette plus tôt ce mois-ci.

En septembre dernier, la Gendarmerie royale du Canada avait terminé le démantèlement de ses installations au bout du chemin Roxham. De nombreux organismes, dont des groupes de défense de l'immigration au Québec, ont dénoncé la fermeture de ce point de contrôle.

Selon eux, cela ne dissuadera pas les migrants de tenter d’entrer au Canada à l’extérieur des points d’entrée officiels. Plusieurs intervenants - et même le voisinage du chemin Roxham - craignaient une prolifération des réseaux de passeurs.

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