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Telus jette les gants en accusant Rogers de bloquer ses campagnes publicitaires

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cd7944a3f4c7fa12cb1c93e59b08fb110f0f61b16ee9f5496ab4d2ce2b6b9e6d.jpg Les bureaux de Telus à Ottawa, le vendredi 4 août 2023. Le géant des télécommunications demande au CRTC de remettre Rogers à l'ordre pour l'avoir injustement empêché de faire de la publicité sur ses plateformes médias. Telus affirme également que Rogers s'ingère dans sa commandite de longue date des Flames de Calgary. (LA PRESSE CANADIENNE/Justin Tang)

Un géant canadien des télécommunications demande au CRTC de remettre à l'ordre l'un de ses concurrents, affirmant qu'il a été injustement empêché de faire de la publicité sur les plateformes médiatiques de l'autre entreprise.

Ce conflit entre Telus et Rogers Communications se transporte également sur la patinoire, alors que Telus allègue que Rogers a utilisé sa position de principal détenteur des droits télévisuels des matchs de la LNH au Canada pour interférer avec le partenariat de longue date de Telus avec les Flames de Calgary.

Le problème a été exposé dans une plainte déposée par Telus en juin et publiée mardi sur le site web du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). La plainte allègue que Rogers a adopté un «comportement anticoncurrentiel» qui enfreint les règles.

Rogers conteste toutefois cette affirmation, soutenant que les publicités de Telus visent à nuire à sa réputation et ne respectent donc pas ses normes de contenu.

En novembre dernier, Rogers a refusé de diffuser les campagnes publicitaires de Telus pour le Vendredi fou et le Cyberlundi sur ses stations de radio «avec un préavis extrêmement court», selon le dossier de Telus. Rogers n'a fourni aucune raison à ce refus.

Selon le document, Rogers a bénéficié de publicités exclusives à Rogers sur toutes ses stations de radio pendant la période de soldes la plus importante de l'année.

La plainte qualifie cette décision de particulièrement audacieuse, forçant Telus à se tourner vers d'autres plateformes où les espaces publicitaires premium étaient déjà largement réservés.

«Le comportement de Rogers a commencé par des annulations de dernière minute des campagnes publicitaires radio de Telus et a progressé jusqu'à l'interdiction, sur toutes les plateformes médias de Rogers, des publicités d'autres fournisseurs de télécommunications», soutient le document.

Dans une déclaration écrite, Rogers a affirmé que Telus avait «manifestement créé des publicités inexactes, trompeuses et clairement destinées à nuire à la marque, aux produits et à la réputation de Rogers, malgré des demandes répétées de réponses à ces préoccupations».

«Cela est contraire aux politiques publicitaires et aux normes de contenu de Rogers Sports & Media, qui incluent le pouvoir discrétionnaire de rejeter les publicités visant à diffamer l'entreprise ou à nuire à sa marque», a déclaré la porte-parole Charmaine Khan.

Des panneaux au domicile des Flames

Par ailleurs, Telus a indiqué avoir également subi l'annulation inattendue d'une campagne publicitaire en novembre dernier par Calgary Sports and Entertainment Corp., propriétaire des Flames de Calgary. Cette annulation est survenue après que Telus eut commencé à afficher des panneaux publicitaires numériques pour son service internet PureFibre – encourageant les clients à «abandonner le câble» désuet – au Scotiabank Saddledome, où les Flames jouent leurs matchs à domicile.

Telus a indiqué que ces publicités avaient été placées dans le cadre de sa commandite des Flames depuis près de deux décennies, grâce à laquelle elle détient les droits publicitaires sur certaines propriétés de CSEC.

Mais environ un mois après le début de la campagne, Telus a déclaré que CSEC l'avait informée que la Ligue nationale de hockey (LNH) avait rejeté la publicité.

«Il est clair que Rogers était derrière les actions de la LNH», a déclaré Telus dans son dossier, soulignant l'entente de 11 milliards $ conclue entre Rogers et la LNH, à compter de la saison 2026-2027, qui lui confère les droits télévisuels nationaux au Canada pendant 12 ans.

Les Flames ont refusé de commenter.

S'installer dans le territoire adverse

La plainte de Telus affirme que Rogers tente probablement de contrecarrer la concurrence accrue entre les deux entreprises, qui, jusqu'à ces dernières années, ne proposaient que peu de services dans les régions principales de leur groupe rival.

Cependant, l'acquisition de Shaw par Rogers en 2023 l'a incitée à se positionner davantage pour attirer les clients de l'Ouest canadien, tandis que Telus a récemment commencé à offrir des services internet aux clients de l'Ontario et du Québec en vertu des règles controversées du CRTC sur les services de gros.

«Nous pensons que Rogers utilise son inventaire publicitaire unique et précieux, y compris certains placements privilégiés, dans le cadre d'une initiative plus vaste visant à entraver l'entrée de Telus sur les marchés de l'est», a déclaré Richard Gilhooley, porte-parole de Telus, dans un communiqué.

«Les consommateurs canadiens ont le droit de savoir quels produits et services leur sont offerts, et Telus attend avec impatience une action du CRTC.»

Le CRTC a déclaré mercredi qu'il examinait toujours la question, malgré la demande initiale de Telus d'une décision accélérée avant la fin juillet, à temps pour ses promotions de la rentrée scolaire.

La porte-parole Mirabella Salem a déclaré que le CRTC acceptait les commentaires jusqu'au 9 octobre et qu'une décision suivrait «en temps voulu». 

Rogers a indiqué qu'elle prévoyait de répondre à la demande de Telus par le biais du processus du CRTC.