Le Bloc québécois demande au gouvernement Carney de verser 814 millions $ aux contribuables québécois pour tenir compte du remboursement de la taxe carbone aux autres provinces.
C’est l’une des six demandes «incontournables» du parti souverainiste afin d’appuyer le prochain budget fédéral, prévu pour le 4 novembre.
«La question du remboursement de la taxe carbone, c'est une question d'équité de base», a insisté le porte-parole du Bloc en matière de finances, Jean-Denis Garon, en conférence de presse à Ottawa mardi.
Le gouvernement Carney a mis fin à la taxe carbone. Les Canadiens de la majorité des provinces ont reçu un remboursement anticipé, avant le déclenchement de la campagne électorale, mais les revenus de la taxe carbone liés à cette remise n’ont jamais été collectés puisque la taxe a été abolie.
Or, le Québec, qui a son propre système avec la Bourse du carbone, n’a pas eu droit à cette remise, tout comme la Colombie-Britannique.
Le Bloc considère que le fédéral a ainsi utilisé l’argent de tous les contribuables, pour «acheter des votes», sans que les Québécois aient droit au remboursement.
«Si le gouvernement fédéral décide d'envoyer des chèques en pleine campagne électorale, ils doivent l'envoyer à tous les Canadiens et ils doivent l’envoyer aux Québécois», a avancé M. Garon.
L’Assemblée nationale avait d’ailleurs adopté une motion unanime en avril pour demander que les contribuables québécois reçoivent, eux aussi, leur part du remboursement.
Le premier ministre Mark Carney faisait une lecture différente de la situation en juin dernier lors de la période de questions à la Chambre des communes.
Selon lui, le dernier paiement de la taxe carbone ne devait être versé qu’aux résidants des provinces n’ayant pas leur propre tarification de la pollution. «Ce n’est pas injuste, c’est cohérent», avait-il dit.
Des discussions «plutôt rares»
Les libéraux ont besoin du soutien d'au moins trois députés de l'opposition pour éviter de perdre la confiance de la Chambre et de devoir déclencher des élections.
Or, M. Garon a affirmé que les «mains tendues» au Bloc pour obtenir son soutien étaient «plutôt rares».
«On est sous l'impression que la voie de passage pour obtenir le vote du Bloc québécois, elle serait très ténue et très difficile à obtenir», a avancé M. Garon.
Dans une déclaration écrite, le cabinet du ministre des Finances, François-Philippe Champagne, n’a pas répondu si le gouvernement avait approché les partis d’opposition afin de négocier leur soutien au budget, ni s’il y avait une ouverture aux demandes du Bloc.
L’attaché de presse du ministre, John Fragos, a indiqué que le budget 2025 encouragera la croissance économique et proposera des moyens de «faire face avec détermination à une menace générationnelle» (le contexte de tensions commerciales avec les États-Unis).
«Nous sommes impatients de déposer le budget le 4 novembre et de donner aux partis d'opposition l'occasion de soutenir des investissements générationnels au Canada», a-t-il commenté.
M. Garon a présenté les 18 demandes du Bloc en conférence de presse à Ottawa.
Il a mentionné que six demandes étaient «incontournables», dont le remboursement de la taxe carbone.
Parmi ses demandes jugées incontournables, le Bloc demande de bonifier la Prestation de la sécurité de la vieillesse (PSV) de 10 % pour les aînés de 65 ans à 74 ans, ce qui ramènerait leur prestation au même niveau que celle des Canadiens de 75 ans et plus. Le Bloc estime que la mesure coûterait 14,2 milliards $ sur cinq ans.
Le Bloc demande également de bonifier, sans condition, le transfert en santé de 11,76 milliards $ sur cinq ans. Il propose un programme de prêts sans intérêt pour les premiers acheteurs, de pérenniser le financement pour le logement social, de créer un nouveau transfert, sans condition, pour les infrastructures.

