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Bien installé en deuxième position de la finale du 1500 mètres, Steven Dubois a eu une petite frayeur quand le représentant du Comité olympique de russe Semen Elistratov a tenté de le surprendre en fin de course.
Dubois a finalement résisté à son rival et s’est adjugé l’argent aux Jeux de Pékin, le soir où Charles Hamelin participait à une dernière épreuve individuelle en carrière aux Olympiques.
« J’ai de la misère à croire qu’il y aura un autre patineur comme Charles Hamelin au sein de l’équipe nationale, du moins chez les gars, a dit Dubois. Je ne veux pas me comparer à Charles parce que c’est une légende. Je suis extrêmement fier de mes performances. Je sais que lui aussi est fier.
« S’il n’était pas là, je ne sais pas si je serais aussi fort. Il est vraiment une partie importante de l’équipe. »
Dubois, âgé de 24 ans, a raconté avoir pris des photos avec Hamelin quand il était jeune. Dubois a commencé à patiner vers « 11 ou 12 ans », optant pour le patinage de vitesse parce que ses parents n’aimaient pas l’ambiance qui régnait dans les arénas de hockey.
«Ils ont dit, “tu veux patiner? On va te mettre au patinage de vitesse”. Je suis quand même content qu’ils aient fait ce choix-là, a raconté le patineur originaire de Terrebonne. Je ne pense pas que je suis Sidney Crosby, mais j’ai quand même une médaille d’argent aux Jeux!»
Dubois est passé bien proche de ne même pas être de la finale, mercredi soir, au Palais omnisports de la capitale. Lors des demi-finales, il a été bousculé par un rival et a attendu longuement pendant la révision de l’arbitre avant d’apprendre qu’il était avancé en finale.
En raison des avancements, la finale a mis aux prises 10 patineurs, une rareté en patinage de vitesse courte piste. Dubois savait qu’il ne pouvait se permettre de rester en retrait.
Avec neuf tours à faire sur 14, il a suivi le Sud-Coréen Hwang Daeheon jusqu’à l’avant du peloton. Dubois a ensuite été en mesure de suivre la cadence de son rival jusqu’à la fin, tout en protégeant sa position.
« Je connais les patineurs et je sais que les Coréens ont tendance à remonter devant, particulièrement celui qui a gagné, a expliqué Dubois. Je l’ai vu se préparer et je me suis dit de le suivre, que ça me sauverait des jambes et ça me placerait en bonne position pour la fin de la course, quand ça irait super vite.
« J’ai réussi à me rendre en avant, deuxième. Il (Hwang) allait tellement vite et les conditions de glace n’étaient pas très belles. Ç’a étiré le peloton un peu. Le Russe (Elistratov) a essayé de me dépasser, mais j’ai fait un beau bloc. Je ne pensais pas qu’il allait revenir et j’ai eu une petite crise cardiaque quand il a essayé de m’avoir à la ligne d’arrivée! Heureusement, j’ai réussi à étirer le patin et je suis vraiment content parce que j’ai failli échapper l’argent. »
Hwang a triomphé avec un chrono de deux minutes, 09,129 secondes. Dubois a arrêté le chrono à 2:09,254, 13 millièmes de seconde devant Elistratov.
Dubois a admis ne pas réaliser tout à fait ce qui venait de se produire quand il a rencontré les journalistes. Il savait toutefois qu’une longue nuit l’attendait.
« Quand je vais rentrer au condo, ça va me rentrer dedans. Je pense qu’en recevant ma médaille aussi, ce sera la plus belle des sensations », a dit Dubois.
Plus tôt dans la soirée, Hamelin avait vu son parcours prendre fin en demi-finales, quand il a été pénalisé pour un contact avec un rival.
Il a finalement été classé au 19e rang. De son côté, Pascal Dion a aussi été éliminé en demi-finales et il s’est contenté du 18e rang.
Hamelin, âgé de 37 ans, a admis qu’il ne s’agissait pas de la fin rêvée. Après sa course, il a parlé à sa conjointe et leur fille, qui aura bientôt deux ans, grâce aux outils technologiques.
« C’est une des grandes raisons pour lesquelles je suis encore là, c’est elles, a raconté Hamelin. Elles ont été là pour moi dans les hauts et les bas des quatre dernières années. De leur avoir parlé après la course, ç’a mis un peu un baume. »
Les coéquipiers de Hamelin ont souligné que celui qui a cinq médailles olympiques à son palmarès méritait mieux comme fin de parcours.
« Charles, c’est le plus grand athlète qu’on n’a jamais eu. On l’appelait la locomotive, mais je pense que c’est un cheval sans train, a imagé Kim Boutin. Je pense qu’il nous a permis à tous de croire qu’on pouvait écrire notre propre histoire. Que lui finisse là-dessus, ça ne justifie pas l’athlète qu’il est. »
Hamelin a rappelé lui-même que ce n’était pas encore la fin pour lui. Il lui reste bien sûr le championnat du monde de patinage de vitesse courte piste, le mois prochain à Montréal. Et il a encore une chance de médaille mercredi prochain lors du relais 5000 mètres masculin.
« Les gars sont vraiment motivés », a affirmé l’entraîneur-chef Sébastien Cros, rappelant que son équipe voudra offrir un dernier moment de gloire olympique à l’un des plus grands athlètes de son sport.