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«Je ne lui demande pas d’être parfait, mais on a droit au Québec et à Québec un ministre de l’environnement qui nous défend nous, qui défend notre santé, notre environnement, plutôt que le Port [de Québec] et ses compagnies.»
Le député de Québec solidaire (QS) dans Jean-Lesage, Sol Zanetti, persiste et signe: le ministre de l’Environnement, Benoit Charrette, doit démissionner après avoir «dissimulé des informations» sur le dépassement des normes de nickel à Québec.
Le solidaire a ainsi réitéré mardi sa demande du 22 septembre dernier.
«Il était au courant le 29 août et il a décidé de noyer ces données-là dans des centaines de données incompréhensibles pour le grand public», a déploré M. Zanetti.
Selon le député de Jean-Lesage, cette réaction est «indigne» d’un ministre de l’Environnement, qui avait selon lui d’autant plus «déjà démissionné sur la lutte aux changements climatiques» en offrant un plan en la matière trop faible à son goût.
«Je ne lui demande pas d’être parfait, mais on a droit au Québec, et à Québec, un ministre de l’environnement qui nous défend, qui défend notre santé, notre environnement, plutôt que le Port [de Québec] et ses compagnies», a ajouté M. Zanetti.
La semaine dernière, le ministre Charette aurait admis qu’il était au courant que la norme de nickel dans l’air avait été dépassée à plusieurs reprises dans le secteur du Port. «Le fait qu’il ait appuyé les mensonges du port de Québec dans une conférence de presse, qu’il ait contribué à dissimuler l’information sur l’air qu’on respire, c’est indigne de sa fonction», avait alors souligné le député de QS.
De son côté, le ministre avait riposté en demandant des «excuses officielles» au député pour avoir fait une «récupération politique honteuse». Il a toutefois refusé d'accorder une entrevue à La Presse canadienne pour s'expliquer.
Lors d'une conférence de presse au mois d'août à l'hôtel de ville de Québec, portant sur la divulgation des données recueillies par des stations d'échantillonnage entre octobre et décembre derniers, le ministre n'a pas fait mention du dépassement de la norme sur le nickel en décembre et janvier.
Le Port de Québec accuse Zanetti de mentir
Accusé d'avoir menti, le Port de Québec rétorquait lundi que le député solidaire de Jean-Lesage, Sol Zanetti, avait tenu des propos «inexacts et diffamatoires» à son endroit au sujet du dossier du nickel dans l’air dans le quartier Limoilou, à Québec.
Radio-Canada rapportait la semaine dernière qu’il y avait eu trois dépassements aux normes de nickel dans l'air dans Limoilou, l'hiver dernier. Le 29 août, le PDG du Port Mario Girard affirmait qu’il n’y avait eu aucun dépassement depuis un an en se basant sur les stations d’échantillonnage «dans la communauté».
Toujours selon les informations de Radio-Canada, la station qui a mesuré les trois dépassements n'appartient pas au Port, mais plutôt au ministère de l’Environnement.
Dans un communiqué publié lundi, le Port de Québec indique que Mario Girard parlait bel et bien des stations d’échantillonnage du Port. «Lors de la conférence de presse du 29 août dernier, en présence du ministre Benoit Charette et du maire de Québec, le président-directeur général du Port de Québec a affirmé que les stations d’échantillonnage du Port installées dans la communauté n’avaient enregistré aucun dépassement de la norme de nickel depuis plus d’un an, plus précisément depuis mai 2022. Cette information est rigoureusement exacte», peut-on lire.
Un peu plus tard mardi, M. Zanetti a interpelé le ministre Charette au Salon bleu et lui a directement demandé «s’il allait laisser sa place à quelqu’un qui a envie de protéger les gens».
Le solidaire a souligné que les données déposées par le ministère de l’Environnement concernant la qualité de l’air n’étaient «pas compréhensibles pour le commun des mortels».
M. Charette a rétorqué que «l’ensemble des données avaient bien été présentées […] et qu’elles avaient été mises dans un fichier Excel excessivement facile à consulter.»
«Je suis quelqu’un de très patient, je suis prêt à prendre quelques minutes de mes journées pour lui montrer comment ça fonctionne», a ajouté le ministre.
1/2 J'ai plutôt un défi à vous lancer: allez vous promener avec une tablette pour demander aux gens de trouver les dépassements de la norme de nickel par eux-mêmes parmi les centaines de milliers de données scientifiques.⁰Si les gens en sont incapables, allez-vous démissionner? https://t.co/IFGH6Ax40a
— Sol Zanetti (@SolZanetti) September 26, 2023
Rappelons qu’en mars 2022, le gouvernement Legault a annoncé une augmentation des seuils de nickel autorisés.
La Commission de l’éthique en science et en technologie a d’ailleurs émis une synthèse et un appel à la prudence à ce propos.
À la recommandation d’un groupe interministériel, il est maintenant permis d’émettre cinq fois plus de particules de nickel dans l’air, de 14 à 70 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) par jour, ainsi qu’à 20 ng/m3 en moyenne par année.
Pourquoi ? Parce qu’on prévoit une forte augmentation du prix du nickel en raison notamment de la croissance du marché des batteries destinées aux véhicules électriques, a résumé la Commission de l’éthique. Une norme trop restrictive pourrait décourager les investisseurs, estimait le comité. Les minières déjà en activité au Québec comme Glencore réclamaient des assouplissements.
Avec des informations de Patrice Bergeron et de Thomas Laberge, La Presse canadienne