La première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, a annoncé qu'elle tiendrait un référendum sur la séparation provinciale l'année prochaine si les citoyens recueillaient les signatures requises sur une pétition.
Lundi, lors d'une allocution diffusée en direct, Mme Smith a déclaré vouloir une Alberta souveraine au sein d'un Canada uni, mais un nombre croissant d'Albertains mécontents de la Confédération organisent des pétitions pour réclamer sa sortie.
«La grande majorité de ces personnes ne sont pas des voix marginales à marginaliser ou à vilipender. Ce sont des Albertains loyaux, a-t-elle expliqué. Ils sont frustrés, et ils ont toutes les raisons de l'être.»
La semaine dernière, au lendemain des élections fédérales, le gouvernement conservateur uni de Mme Smith a présenté un projet de loi qui, s'il était adopté, réduirait considérablement le nombre de pétitionnaires devant se réunir pour déclencher un référendum provincial.
Le projet de loi modifierait les règles relatives aux référendums d'initiative citoyenne afin d'exiger une pétition signée par 10 % des électeurs admissibles lors d'une élection générale précédente, contre 20 % du total des électeurs inscrits. Les candidats disposeraient également de 120 jours, au lieu de 90, pour recueillir les 177 000 signatures requises.
Mme Smith a soutenu que l'Alberta n'avait d'autre choix que de prendre des mesures pour lutter contre une décennie de politiques libérales fédérales hostiles qui, selon elle, ont non seulement accaparé une part inéquitable de la richesse albertaine, mais ont également, ce faisant, miné l'industrie pétrolière et gazière, moteur de son économie.
Alors que le premier ministre Mark Carney s'apprête à rencontrer le président américain Donald Trump en personne à Washington mardi pour discuter de la guerre commerciale sur les droits de douane et d'autres enjeux, Mme Smith a expliqué que le régime libéral avait fait du Canada la risée de la communauté internationale.
«Nous possédons les ressources naturelles les plus abondantes et les plus accessibles de tous les pays du monde, et pourtant, nous les enclavons, vendons ce que nous produisons à un seul client au sud de chez nous tout en permettant à des dictatures polluantes de nous attaquer», a-t-elle dit.
Mme Smith a ajouté que les résultats des élections indiquent une hausse du soutien populaire aux projets d'infrastructures, comme les pipelines partout au Canada, ce qui lui donne de l'espoir, et qu'elle continuera à travailler à la négociation d'un accord équitable avec le premier ministre «de bonne foi».
Entre-temps, son gouvernement doit nommer une nouvelle équipe de négociation pour tenter de mettre fin aux politiques fédérales qui irritent depuis longtemps la province et exiger un accès garanti aux eaux côtières pour les exportations de ressources de l'Alberta, notamment le pétrole et le gaz.
«Alberta Next»
Mme Smith a expliqué qu'elle présiderait également ce qu'elle appelle désormais un panel «Alberta Next», qui organiserait une série d'assemblées publiques pour recueillir les idées et les doléances des Albertains.
«Il est probable que nous soumettions certaines des idées les plus populaires discutées au sein du panel à un référendum provincial afin que tous les Albertains puissent se prononcer sur elles en 2026», a-t-elle ajouté.
Samedi, des centaines de personnes se sont rassemblées à l'Assemblée législative de l'Alberta pour soutenir la sécession du Canada, certaines affirmant avoir été motivées par les résultats des élections fédérales qui ont vu les libéraux remporter leur quatrième mandat consécutif.
Mme Smith a déclaré lundi que la majorité des Albertains étaient en colère, mais que ce n'était pas en réponse à la défaite de leur candidat préféré, le chef conservateur Pierre Poilievre, et de son parti.
«C'est que le même gouvernement libéral, avec presque tous les mêmes ministres responsables de l'inflation, du logement, de la criminalité et de la crise budgétaire de notre pays, et qui a supervisé l'attaque contre notre économie provinciale au cours des dix dernières années, a été reconduit au pouvoir», a-t-elle déclaré.
Mme Smith a expliqué qu'elle était déterminée à protéger et à défendre les droits inhérents des Premières Nations, des Métis et des Inuits ainsi que les traités, mais n'a pas fourni de détails sur la manière dont elle compte s'y prendre.
Cette déclaration fait suite aux mises en garde des dirigeants des Premières Nations, qui représentent l'Assemblée nationale des Premières Nations et les communautés albertaines des territoires visés par les traités n° 6, 7 et 8, contre toute discussion sur la séparation provinciale.
Nombreux sont ceux qui ont souligné que les traités sont antérieurs à la province et que l'Alberta n'a pas le pouvoir de séparer les terres protégées par ces accords.
Le chef du NPD albertain, Naheed Nenshi, a soutenu lundi que Mme Smith câline ceux qui veulent déchirer la nation à un moment où le Canada est menacé par les États-Unis.
«Le combat d'aujourd'hui est contre le président Trump, et nous ne pouvons pas le gagner si nous pensons que le combat est avec Ottawa, avec nos concitoyens canadiens ou avec nos concitoyens albertains», a-t-il déclaré dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.
Il a réitéré qu'au lieu de soumettre les Albertains à d'interminables panels remplis de «copains» du Parti conservateur uni, d'attiser la colère et de décourager les investissements commerciaux, Mme Smith devrait convoquer un référendum immédiatement et laisser les Albertains décider.
La première ministre devrait tenir une conférence de presse et répondre aux questions des journalistes mardi midi.
