Les documentaires rock sortent trop souvent au moment où un artiste se trouve à la fin de sa carrière. Le groupe pop-punk québécois Simple Plan a toutefois dit ne pas vouloir attendre la fin de sa vie musicale pour partager ses hauts et ses bas, en diffusant ce mois-ci un long métrage documentaire sur Prime Video.
«Parfois, les groupes… attendent d'être très tard, d'être vraiment vieux», a expliqué le batteur de 45 ans, Chuck Comeau, dans une récente entrevue vidéo.
«Pourquoi ne pas ouvrir un tout nouveau chapitre, revenir sur ce que nous avons accompli et nous en servir pour commencer la suite ?»
Heureusement, Simple Plan a plusieurs sujets inédits à aborder. Le groupe a récemment connu un regain de popularité grâce à ses succès du début des années 2000, notamment au moyen de vidéos sur TikTok qui ont fait découvrir leurs hymnes pop-punk «I'm Just a Kid» et «Perfect» à une nouvelle génération.
Cette popularité inattendue a attiré des foules plus nombreuses que jamais à leurs concerts, alors que le groupe célèbre son 25e anniversaire.
«Simple Plan: De la foule à la scène» («Simple Plan: The Kids in the Crowd», en anglais), du réalisateur de vidéoclips Didier Charette, originaire de Hawkesbury, en Ontario, contourne une grande partie de la laideur et des complications de la célébrité grand public pour se concentrer sur l'ascension et le succès durable du groupe.
Les membres se souviennent des obstacles qu'ils ont surmontés en tant que banlieusards québécois en quête de célébrité sur le marché de la musique anglophone, sans véritable modèle.
«Personne de Montréal, parlant français, n'y était parvenu, a déclaré Comeau. La seule référence, je suppose, était Céline Dion.»
Des débuts parsemés d'obstacles
Le premier long métrage documentaire de Charette s'appuie largement sur des images d'archives pour retracer les débuts du groupe précurseur de Simple Plan, Reset. Formé au milieu des années 1990, ce groupe de l'école secondaire comprenait Comeau et le chanteur principal de Simple Plan, Pierre Bouvier. Malgré un certain succès, Comeau et Bouvier ont quitté le groupe à la suite de querelles personnelles.
Les deux artistes se sont réconciliés et se sont associés aux musiciens locaux Jeff Stinco et Sébastien Lefebvre pour former Simple Plan en 1999. Ils ont cherché à signer un contrat avec une grande maison de disques, ont fini par y arriver, puis ont surmonté les obstacles habituels de l'industrie musicale.
Certains critiques ont décrié le groupe comme trop mou pour le rock moderne, le comparant souvent à leurs homologues canadiens plus insolents, Sum 41. Un magazine musical leur a infligé le pire des compliments, les qualifiant de «bons gars, mauvais groupe».
Parallèlement, certains publics ont affiché ouvertement leur dédain, allant jusqu'à lancer des bouteilles d'eau sur le groupe pendant leurs concerts. Pour Simple Plan, ces expériences ont été des obstacles à surmonter.
«Revoir ces vieilles images... était vraiment une belle façon de se féliciter et de se dire : "Tiens, on s'en sort plutôt bien"», a déclaré Bouvier.
«On ne le fait pas assez», a acquiescé Comeau.
Bouvier concède que ces premiers incidents négatifs ont peut-être laissé au groupe des cicatrices émotionnelles et une volonté de prouver sa valeur.
«Et une façon pour nous de vaincre ces détracteurs, pour ainsi dire, était de dire qu'on allait donner le meilleur concert de tous les temps et qu'on ne repartirait pas en disant que ce n'était pas un super concert», a-t-il affirmé.
Avril Lavigne, Mark McGrath de Sugar Ray et Mark Hoppus de Blink-182 font partie des contemporains du groupe qui prennent leur défense dans de nouvelles entrevues.
Le scandale entourant Desrosiers
D'autres moments marquants de l'histoire de Simple Plan sont minimisés par le film, notamment le départ du bassiste de longue date, David Desrosiers, à la suite des allégations d'inconduite sexuelle impliquant l'une des admiratrices du groupe.
En 2020, Desrosiers a quitté le groupe à la suite des accusations d'une personne anonyme sur les réseaux sociaux, l'accusant d'avoir fait des «blagues» inappropriées avec elle lorsqu'elle était mineure et d'avoir eu des relations sexuelles consenties après sa majorité. Elle a également soutenu qu'il avait invité d'autres personnes à des relations sexuelles en groupe sans lui demander son avis, et l'avait menacée et humiliée.
À l'époque, Desrosiers avait reconnu que «certaines de (ses) interactions avec des femmes leur avaient causé du tort» et s'était engagé à consulter un professionnel.
Le documentaire s'attarde peu sur ces allégations. Bien que Desrosiers apparaisse dans des images d'archives, le documentaire ne comporte pas d'entrevue contemporaine avec lui. Même les membres actuels du groupe n'évoquent l'incident que de manière très vague, offrant très peu d'informations sur les conséquences de la perte soudaine de l'un des leurs sur leur groupe.
Comeau a décrit le départ de Desrosiers comme «l'un des moments les plus difficiles de (leur) carrière».
«Cela s'accompagne de beaucoup de souffrance, a-t-il confié. Il était très important pour le groupe. Il a apporté une contribution énorme, tant musicalement que personnellement… et nous voulions nous assurer que le film en témoigne.»
Bien que le groupe n'ait pas eu beaucoup d'interactions avec Desrosiers depuis son départ, Comeau a dit l'avoir consulté pendant le tournage et lui avoir montré une version du documentaire.
«Nous ne pouvions pas éviter David, car il était un élément important de l'histoire, a-t-il ajouté. Il n'a pas été passé en entrevue, mais nous tenions vraiment à ce que sa contribution soit mise en avant.»
Comeau a indiqué que Simple Plan souhaitait clairement exprimer dans le documentaire que leur priorité était de «regagner la confiance de nos admirateurs et de nous assurer que nous puissions progresser en tant que groupe».
«Maintenant, nous sommes tous les quatre, et cela fait cinq ans, a-t-il affirmé. Je pense que nous avons l'impression d'avoir encore 25 ans devant nous.»
