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Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a reconnu qu’il y a «un manque de sensibilité» de plusieurs intervenants face aux milieux de vie de certaines espèces en péril.
Ottawa avertit les municipalités et les provinces qu’il n’y aura plus de tolérance en matière de destruction des habitats abritant des espèces menacées.
À l’approche de la COP 15 sur la biodiversité, qui se tiendra à Montréal en décembre prochain, le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a reconnu qu’il y a «un manque de sensibilité» de plusieurs intervenants face aux milieux de vie de certaines espèces en péril.
En entrevue avec La Presse Canadienne, le ministre Guilbeault a fait valoir que les interventions fédérales comme celle qui a stoppé la construction d’un boulevard à Longueuil afin de protéger la rainette faux-grillon, une grenouille en voie d’extinction, seront répétées jusqu’à ce que le message soit compris.
«Nous avons eu recours à la loi sur les espèces menacées dans certains cas pour freiner des projets de développement. Je ne pense pas qu'on va avoir besoin de le faire tout le temps. Je pense que quand on va l'avoir fait à un nombre suffisant de reprises, les gens vont comprendre que le party est fini», a-t-il laissé tomber.
Le ministre Guilbeault estime que son gouvernement aura toujours les coudées franches pour intervenir lorsque ce sera requis.
«Les tribunaux nous ont appuyés là-dessus. On est, d'un point de vue juridique, en terrain très solide et quand on va l'avoir fait une couple de fois, les gens vont comprendre», a-t-il insisté.
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Ottawa avait adopté en novembre 2021 un décret d’urgence pour freiner les travaux de prolongement d’un boulevard dans la municipalité montérégienne. Les travaux avaient été réalisés avec l’assentiment du ministère de l’Environnement du Québec, et ce, malgré un avis défavorable du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs.
La Ville de Longueuil s’était vue dans l’obligation par la suite de réaliser des travaux d’urgence pour préserver l’un des derniers habitats du petit amphibien.
Cette volonté du ministre sera mise à l’épreuve très bientôt alors que le Port de Montréal est en attente d’un permis pour agrandir le terminal de Contrecoeur, en aval de Montréal sur le fleuve Saint-Laurent. Cet agrandissement met en péril la survie d’une autre espèce en voie d’extinction, le chevalier cuivré. Ce poisson n’existe nulle part ailleurs au monde qu’au Québec, dans le secteur situé entre le Lac Saint-Louis et le Lac Saint-Pierre et particulièrement dans l’estuaire de la rivière Richelieu.
Pour le biologiste et directeur général de la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) Alain Branchaud, la demande de l’Administration portuaire est le test ultime de cette volonté du ministre Guilbeault. «Ce ne serait pas sérieux, surtout avec la COP15 qui s'en vient, d'aller envoyer un message qu'on va détruire l'espèce la plus en danger, l'espèce endémique qui est le porte-étendard de la protection de la biodiversité au Québec», a-t-il dit.
«Il faut que les bottines suivent les babines dans ce dossier», a-t-il ajouté, affirmant que son organisme et d’autres sont prêts à aller devant les tribunaux pour bloquer l’émission du permis.
Le chevalier cuivré est protégé par la Loi sur les espèces en péril et bien que l’Administration portuaire se dise en mesure d’aménager des herbiers ailleurs que dans les secteurs où ils seront détruits par le dragage, de nombreux spécialistes indépendants se sont montrés sceptiques face à l’efficacité d’une telle mesure. Ce n’est qu’après coup que cette efficacité pourrait être démontrée et si elle n’est pas au rendez-vous, comme plusieurs le craignent, il sera trop tard.