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«C'est quelqu'un qui a transcendé son sport. C'est quelqu'un que tout le monde connaît.»
Il existe une période de sa vie où Pat Laprade a contribué à la colonne des revenus du commerce spécialisé dans la location de vidéocassettes de son quartier. Pas pour savourer, semaine après semaine, un film récompensé d’un ou de plusieurs Oscars, mais pour revivre un moment d’anthologie de ce que l’on appelle souvent un «sport-spectacle» qui avait mis en vedette un géant et un athlète «plus grand que nature».
Ce sportif plus grand que nature – ce sont les mots de Laprade – est l’ancien lutteur Hulk Hogan qui est décédé jeudi matin en Floride à l’âge de 71 ans. Le moment d’anthologie, c’est la finale de WrestleMania III en mars 1987 entre Hogan et le géant Jean Ferré, connu aux États-Unis sous le nom de «Andre The Giant», au Pontiac Silverdome, un stade couvert qui à l’époque servait de domicile aux Lions de Detroit, de la Ligue nationale de football.
Environ 78 000 spectateurs avaient assisté à ce gala hors du commun de la World Wrestling Federation, qui allait transporter le monde de la lutte professionnelle vers une sphère qu'elle n'avait jamais approchée jusque-là.
«Si je n'ai pas loué cette cassette-là au club vidéo près de chez moi 10 ou 15 fois, je ne l'ai pas fait une fois. C'est le match que j'ai probablement vu le plus souvent dans ma vie. Hulk Hogan contre le géant Ferré en finale», a-t-il raconté dans une entrevue avec La Presse Canadienne jeudi après-midi, aux termes d’une journée où il a fait la tournée de nombreux médias en vertu de son statut d’historien de la lutte professionnelle comme il en existe très peu.
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«C'était le géant Ferré, évidemment un nom connu ici au Québec, avec lequel j'étais familier – pas lui mais le nom, prend-il la peine de préciser. C'était ce qu'on nous vendait comme histoire. Le géant Ferré qui n'avait jamais perdu, Hulk Hogan qui était champion depuis trois ou quatre ans. Le géant Ferré, qui n'avait jamais reçu de ‘body slam’. Il y avait un mythe à l'arrière de ça. C'est une histoire qui était bien racontée, puis moi, j'embarquais là-dedans à 100 milles à l'heure. Oui, le géant Ferré était spécial pour nous, mais j'étais un 'Hogan Guy’. Je voulais que Hulk Hogan batte le géant Ferré parce que le géant Ferré était maintenant associé avec (le gérant) Bobby Heenan. Puis, on ne l'aimait pas, Bobby Heenan. Donc, c’est sûr que WrestleMania III a été spécial pour moi», avoue-t-il.
On pourrait se demander ce qui peut inciter quelqu’un à louer aussi souvent la même vidéocassette. Laprade résume le tout avec un seul mot.
«C'est l'émotion. C'est juste l'émotion que tu veux revivre. C'est tellement un moment exaltant quand Hogan vient pour le soulever en début de combat. Il est trop tôt, le géant lui tombe dessus et il passe proche de le battre. Finalement, à la fin, lorsque (Hogan) arrive à lui faire son body slam, qu'il descend la jambe, que l'arbitre fait un, deux, trois et la foule explose, c'est cette émotion-là que tu veux revivre. C'est comme réécouter une chanson qui veut dire quelque chose pour toi, pour x, y, z raisons. Tu la réécoutes pour aller rechercher cette émotion-là», compare-t-il.
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Laprade estime que Hogan a été l'un des lutteurs les plus populaires dans toute l'histoire du Québec. Lui-même l'a tellement aimé qu'il a délogé Dino Bravo au rang d'idole numéro un dans son coeur d'amateur de lutte. Aussi, souligne-t-il, Hogan a souvent attiré des foules supérieures à 15 000 spectateurs au Forum de Montréal.
En décrivant le charisme et la personnalité de Hogan, Laprade le compare à un super-héros de bande dessinée «qui arrivait pour vrai, qui était là». D'ailleurs, il n’hésite pas à qualifier Hogan de personnalité plus grande que son sport. Pour justifier ses dires, il se sert d’une anecdote survenue un peu plus tôt jeudi.
«C'est quelqu'un qui a transcendé son sport. C'est quelqu'un que tout le monde connaît. Quelqu'un m'a interviewé plus tôt aujourd'hui et il ne connaissait rien de la lutte, mais il savait qui était Hulk Hogan. Pour moi, c’est le meilleur exemple de comment Hulk Hogan a transcendé son sport. Comment il est devenu, même peut-être, plus gros que ce qu'est la lutte professionnelle.»