Début du contenu principal.
Un important contrat pour l'usine montréalaise du fabricant d'antennes de satellite MDA peut finalement aller de l'avant, maintenant que son client, Télésat, a complété son montage financier.
D’une valeur de 2,1 milliards $, ce contrat, le plus important dans l’histoire de MDA, lui permet de lancer une nouvelle technologie de satellite numérique, explique le président et chef de la direction de l’entreprise, Mike Greenley, en entrevue vendredi.
« Ce contrat est tellement gros qu’il permet de commercialiser ce produit avec un grand volume de production. C’est un excellent point de départ qui va nous mettre sur une bonne lancée pour vendre ce produit à d’autres clients. »
L’entente prévoit que 198 satellites seront construits à Sainte-Anne-de-Bellevue sur l’île de Montréal. Le contrat prévoit des options permettant l’achat de jusqu’à 100 satellites supplémentaires. Ces satellites en orbite basse permettront notamment de connecter les régions éloignées à l’Internet.
« Le contrat va entièrement être exécuté à Montréal, confirme M. Greenley. Il va impliquer plusieurs centaines d’employés et nécessiter un agrandissement de nos installations », commente-t-il.
MDA a suffisamment d’employés pour entamer la production « dès maintenant », assure le dirigeant. « Dans les deux à trois prochains trimestres, nous allons embaucher un nombre significatif de personnes en raison de ce contrat. En tenant compte du projet de Télésat et des futurs contrats de satellites numériques, nous allons ajouter quelques centaines de nouveaux employés. »
Le projet pourrait nécessiter environ 350 nouveaux employés, a précisé le vice-président des systèmes satellitaires, Luigi Pozzebon, plus tard lors d’une autre entrevue. Il souligne que l’entreprise est en croissance et qu’elle a déjà embauché 200 personnes l’an dernier.
D’autres projets pourraient également nécessiter des embauches. « Nous, à Montréal, on pense qu’on pourrait passer de 1000 employés à 1500 employés d’ici un an », ajoute celui qui est aussi responsable des activités de MDA au Québec.
Les premiers satellites de Télésat devraient être envoyés en orbite en 2026 en vue d’offrir un service commercial en 2027. En 2021, Télésat anticipait un lancement en 2023.
Télésat négociait depuis 8 ans avec MDA afin de réaliser ce projet. Québec et Ottawa avaient d’ailleurs annoncé en grande pompe un soutien financier d’environ 2 milliards $ en 2021. Toutefois, Télésat n’avait pas encore les fonds suffisants pour confirmer la commande, malgré cet appui.
Chez Télésat, on explique que la nouvelle technologie numérique permet de réduire la facture du projet de près de 2 milliards $ US par rapport aux précédentes estimations. « L’amélioration de la performance est impressionnante, répond le président et chef de la direction de Télésat, Daniel Goldberg, lors d’une conférence avec les analystes financiers. Ça change complètement la donne. »
Dans l’ensemble, le programme a désormais une valeur estimée de 3,5 milliards $ US (4,69 milliards $). Télésat dit qu’elle financera le projet à hauteur de 1,6 milliard $ US (2,14 milliards $)
L’idée de lancer un satellite numérique avait déjà été envisagée, mais Télésat avait l’impression que la technologie n’était pas prête pour « dérouler le tapis rouge », raconte M. Goldberg. Les avancées de MDA dans le domaine auront finalement convaincu l’entreprise qui accorde l’entièreté du contrat à MDA plutôt que seulement la fabrication des antennes.
La nouvelle technologie permettra aux satellites de MDA d’avoir « trois fois plus de faisceaux que la technologie analogique » précédemment envisagée, explique M. Pozzebon. « Ça donne des satellites qui sont plus beaucoup rentables avec un débit plus important qu’avec des solutions analogiques. (?) On peut servir plus d’utilisateurs. »
La réduction des coûts ne vient pas avec une baisse de la qualité, assure M. Greenley. « Nous pouvons ajuster en temps réel la performance du satellite pour cibler la communication où et quand le consommateur en a besoin. Ça donne une grande flexibilité à Télésat pour offrir une communication optimale à leurs clients. »
À première vue, l’analyste Thanos Moschoupoulos, de BMO Marchés des capitaux, croit que le projet pourrait ajouter entre 5 % et 10 % au bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de MDA 2024.
Les investisseurs ont bien réagi à la nouvelle tandis que l’action de MDA gagne 2,06 $, soit 24,41 %, à 10,50 $ à la Bourse de Toronto quelques minutes avant la fin de la séance.