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Santé Québec: des syndicats dénoncent la réduction des services à la population

La création de Santé Québec et la décision de Christian Dubé d'éliminer le déficit anticipé de 1,5 G$ en santé continuent de faire réagir.

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En premier plan, le ministre de la Santé, Christian Dubé. (Jacques Boissinot | La Presse canadienne)

La création et la mise en marche de Santé Québec - l'agence qui est maintenant l'unique employeur de 330 000 travailleurs du réseau de la santé du Québec - et la décision du ministre de la Santé, Christian Dubé, d'éliminer le déficit anticipé de 1,5 milliard $ en santé continuent de faire réagir.

Cette fois, c'est la Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ) et la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) qui dénoncent la décision du ministère de la Santé et des Services sociaux de réduire de plus de 3% les heures travaillées dans les établissements de santé au Québec.

«On dénonce cette décision qui ne peut qu’avoir des impacts sur les soins à la population. On commence déjà à en avoir plusieurs exemples. D’un établissement à l’autre, c’est comme si on avait plusieurs dizaines de personnes à temps plein de moins sur le terrain», a déploré jeudi dans un communiqué Isabelle Dumaine, présidente de la FSQ-CSQ.

«On le disait la semaine dernière: avec Santé Québec, vos soins sont mis à mal.»
- Isabelle Dumaine, présidente de la FSQ-CSQ

Les syndicats ajoutent que des gels d'embauche sont présentement en vigueur dans les établissements de santé, empêchant ainsi de pouvoir les postes.

La FSQ et la CSQ estiment que le gouvernement a échoué avec sa promesse d'améliorer l'accès et la qualité des services directs avec la création de Santé Québec.

«Changer des plaques nominatives d’organismes, ça ne soigne personne. Ça prend des humains, et il faut leur donner les moyens de donner des soins de qualité. Quand j’entends qu’on va retarder les travaux et maintenir l’état de désuétude de certaines unités, j’en perds mon latin», a conclu Luc Beauregard, secrétaire-trésorier de la CSQ.

«Non négociable»

En novembre dernier, le ministre de la Santé Christian Dubé a affirmé qu'il fallait éliminer 1,5 milliard $ de dépenses pour retrouver l'équilibre budgétaire dans le réseau de la santé cette année et que le processus pour y arriver était «non négociable».

Bien que des centaines de postes ont été abolis à ce jour un peu partout au Québec, Christian Dubé avait aussi mentionné qu'il tenterait de «minimiser les impacts» des compressions budgétaires. Le ministre de la Santé reconnaissait alors que ce grand ménage dans les dépenses des établissements affectera les services à la population.

Les partis d'oppositions ont soulevés plusieurs enjeux à ce jour dont l'amputation des services de soins à domicile, la réduction du nombre de travailleurs en CHSLD, l'annulation de projets de dialyse et la suspension du recrutement de personnel, notamment chez les infirmières.

À voir aussi : Aurait-on pu éviter de couper 330 postes en santé au CISSS de Chaudière-Appalaches?

L'agence Santé Québec est entrée officiellement en fonction le 1er décembre dernier. Pour donner le coup d'envoie à cette nouveauté, la présidente et cheffe de la direction de Santé Québec, Geneviève Biron, a affirmé se trouver «sur la ligne de départ d’une course de fond pour transformer notre réseau et répondre aux besoins grandissants de la population». Elle précisait qu'un «plan de match» sera présenté dans les prochains mois concernant la transformation du réseau de la Santé, qui «nécessitera réalistement quelques années».

L'arrivée de Santé Québec a suscité - et suscite encore - du mécontentement chez les grandes organisations syndicales.

Le 1er décembre dernier, une centaine de membres de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) ont scandé «Santé Québec, ce n'est pas un cadeau» alors qu'ils manifestaient devant les bureaux de la nouvelle agence Santé Québec à Montréal. 

D'autres plaintes

Les coupes de 1,5 milliard $ de dépenses exigées aux établissements pour retrouver l'équilibre budgétaire dans le réseau de la santé ont aussi été décriées par le président réélu à l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), Luc Mathieu qui a tenu à mettre en garde Québec face aux impacts de cette décision sur la rétention de personnel infirmier et inévitablement les soins aux patients.

M. Mathieu dénoncait notamment les éventuelles suppressions de postes de conseillères cadres et de conseillères en soins, des postes clés pour soutenir les nouvelles infirmières et les nouveaux infirmiers dans l'apprentissage de leur métier.

«Ces personnes ne donnent pas de soins directs aux patients. Elles accompagnent des gens, des jeunes qui arrivent dans la profession», a expliqué M. Mathieu. «Si une jeune infirmière débute, sans soutien clinique, sans personne à qui se référer, ça peut être paniquant. Et c'est pour cela qu'il y en a qui quittent la profession, qui s'en vont en courant.» 

La Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) a pour sa part récemment demandé un moratoire immédiat sur les compressions budgétaires dans le réseau de la santé touchant les services directs aux patients. Elle souhaite une analyse «de chaque réduction budgétaire pour en évaluer les impacts réels sur la qualité et l'accès aux soins».

Avec des informations de La Presse canadienne.