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Le gouvernement de la Coalition avenir Québec «fait semblant d'être gentil» en appelant un projet de loi de l'opposition tout en sachant qu'il est condamné à mourir au feuilleton.
C'est du moins l'avis du député libéral de D'Arcy-McGee, David Birnbaum, qui a déposé le 2 décembre le projet de loi 498, Loi proclamant la Journée nationale de la promotion de la santé mentale positive.
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En entrevue, M. Birnbaum a déploré le refus du gouvernement de procéder à l'adoption accélérée du projet de loi, qui fait l'unanimité au sein des partis d'opposition.
«Est-ce qu'on peut examiner quelque chose sur son vrai contenu au lieu de le mettre dans le panier des considérations partisanes?» a-t-il pesté.
Mardi, le projet de loi 498 a pourtant franchi l'étape de l'adoption du principe, la deuxième étape dans le processus d'adoption d'un projet de loi, qui en comporte cinq.
Une adoption finale ferait du 13 mars la Journée nationale de la promotion de la santé mentale positive. Le 13 mars 2020, le Québec déclarait l'urgence sanitaire due à la pandémie de la COVID-19.
Cette date constitue un «moment charnière dans la pensée collective québécoise et un point tournant dans la conscientisation à l'importance de la santé mentale positive», peut-on lire dans le projet de loi.
Le concept de santé mentale positive est généralement défini comme le fait d'agir en amont et de mettre en place des stratégies afin de prévenir l'émergence de problèmes de santé mentale.
Il existe déjà une Journée mondiale de la santé mentale, le 10 octobre, et une semaine de la santé mentale, en mai, mais celles-ci tendent plutôt à sensibiliser les Québécois à la maladie mentale.
Au gouvernement, on affirme être en faveur du projet de loi 498, à la différence que l'on estime possible de l'adopter en suivant la procédure normale, non accélérée.
«Il faut le dire, c'est un projet de loi d'un député de l'opposition et c'est extrêmement rare qu'on appelle», souligne en entrevue le leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette.
«C'est un sujet tellement important, c'est pour ça que le gouvernement a décidé de l'appeler et de lui faire suivre les différentes étapes. (...) Je suis convaincu qu'on va pouvoir l'adopter d'ici la fin de la session», a-t-il ajouté.
M. Birnbaum en doute; il rappelle que trois autres projets de loi attendent d'être étudiés par la commission de la santé et des services sociaux de l'Assemblée nationale, et qu'il ne reste que quelques semaines de travaux.
La directrice du Mouvement santé mentale Québec (MSMQ), Renée Ouimet, affirme de son côté garder espoir. Pour elle, l'adoption du projet de loi enverrait un signal fort à toute la société.
«On entend beaucoup parler de maladie mentale, de stress, d'angoisse, mais on entend peu parler de tout ce qu'on peut faire pour maintenir et développer la santé mentale (...) dans les écoles, les milieux de travail», dit-elle.
Par exemple, il est important de créer des liens, d'avoir un sentiment d'appartenance, de pouvoir se ressourcer, selon le MSMQ, qui a déjà fait du 13 mars la journée de la santé mentale positive.
«Si ça devient une loi, c'est un impact encore plus fort, parce que ça veut dire que les élus disent haut et fort que c'est important.»
Mme Ouimet déplore que la santé mentale soit le «parent pauvre» du réseau, et que la promotion de la santé mentale soit «encore plus pauvre que de travailler dans les soins».
«La promotion en général, ce n'est pas là qu'on investit le plus, à la fois tant dans la santé physique que dans la santé mentale», a-t-elle souligné.
Or, investissez un dollar en promotion de la santé mentale et vous en économiserez quatre - «Donc, c'est toujours un bon investissement», a-t-elle soutenu.
Au-delà de la question du financement, le «but ultime» du MSMQ est «que ce soit compris, l'importance d'agir en vue de favoriser la santé mentale de la population», selon Mme Ouimet.