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Quelle serait votre réaction si votre employeur vous demandait de rester au travail pour un quart de travail de 16 heures… cinq jours d’affilée ? C’est la réalité d’une équipe de soins de l’hôpital du Centre-de-la-Mauricie de Shawinigan qui a réalisé un « sit in » la nuit dernière pour manifester son opposition à de pareilles conditions, mais aussi pour lancer un cri du cœur.
« Les troupes sont épuisées, il y a beaucoup de salariés absents du terrain puisqu’ils ont contracté le virus et beaucoup de patients à traiter. La situation est très difficile à vivre », dénonce Nathalie Perron, présidente du syndicat des professionnels en soins de la Mauricie et du Centre-du-Québec.
Concernant le temps supplémentaire obligatoire demandé, madame Perron estime que la situation est critique. « On ne peut pas continuer à faire travailler les mêmes personnes sans arrêt parce qu’on manque de bras. Ce n’est pas la solution. On va tous les brûler !», déplore la présidente.
Elle observe de plus en plus de membres qui la contactent en détresse, se questionnant sur les conditions de travail difficiles qui prévalent ou sur une demande potentiellement abusive reçue par un employeur. « On me dit qu’on n’est plus capable d’en prendre plus. Qu’on doit faire quelque chose pour aider. La relève est plus que nécessaire. Les membres lancent des cris du cœur! »
Selon la femme, il y a aussi tout le contexte d’urgence qui ajoute une pression sur les épaules des travailleurs, comme le membre qui doit cumuler plusieurs tâches pour palier au manque de personnel récurrent. Il y a également les déplacements imprévus d’un centre à un autre, alors que des travailleurs doivent ainsi opérer sans connaître l’environnement de leur service.
« Les membres craignent maintenant pour leur permis en regard d’une faute professionnelle éventuelle. L’employeur tient aussi parfois des propos qui laissent entendre de lourdes conséquences si l’employé ne collabore pas comme il le souhaite », mentionne Mme Perron. Pourtant, une connaissance du terrain où le membre pratique et un encadrement adéquat sont des éléments fondamentaux pour prodiguer des soins de qualité, enchaîne-t-elle. Récemment, par exemple, une employée aurait été seule pendant son quart de travail pour assurer le suivi de 16 patients de l’unité COVID, de même que l’admission de nouveaux patients au Centre Cloutier-du-Rivage.
Une charge de travail « extrêmement exigeante », reconnaît le CIUSSSLe CIUSSS Mauricie et Centre-du-Québec reconnaît que la situation pandémique observée dans le milieu de la santé est « extraordinaire ». Le CIUSSS est d’ailleurs présentement en surcapacité par rapport au nombre de lits disponibles autant en unité COVID qu’aux soins intensifs. Alors qu’un nombre de 68 places est disponible au total, on comptait plutôt 85 hospitalisations en cours dans la région, dimanche, selon les données de l’INSPQ. Il s’agit d’un sommet pour les hospitalisations depuis le début de la pandémie.
« Les équipes sont sollicitées et la charge de travail est extrêmement exigeante, on le reconnaît. D’autant que près de 1000 travailleurs du réseau sont retirés en raison de cas positifs à la COVID. Nous sommes par ailleurs très reconnaissants pour le travail effectué avec cœur par tous ces travailleurs », souligne Geneviève Jauron, cheffe des communications externes au CIUSSS.
Elle ajoute que des mesures seront prises au sein des établissements du CIUSSS pour venir en soutien au réseau, dont certaines seront dévoilées mardi après-midi en point de presse. Notamment, un appel aurait été lancé par courriel le 1er janvier aux gestionnaires dans certains départements afin de trouver des volontaires pour venir prêter mainforte sur le terrain dans les zones les plus touchées.
« J'aimerais également passer le message que chaque citoyen se doit d'être sensible aux mesures demandées par le gouvernement en ce moment. » C'est le genre de gestes qui peut faire la différence collectivement, estime madame Jauron.