Québec solidaire (QS) martèle son souhait de voir la contraception être gratuite pour toutes les femmes du Québec. La porte-parole du parti, Ruba Ghazal, a déposé mercredi un projet de loi en ce sens.
Lors de la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, Mme Ghazal avait promis de déposer un projet de loi pour rendre la contraception gratuite au Québec.
La semaine dernière, lors de l'étude des crédits, le premier ministre François Legault s'est dit ouvert à considérer la contraception gratuite, affirme Mme Ghazal. «Le premier ministre, j'ai senti de l'intérêt face aux arguments que je lui donnais, pourquoi c'est important de le rendre gratuit, mais il n'y a pas eu d'engagement de sa part», se désole la cheffe du deuxième groupe de l'opposition.
M. Legault se serait toutefois engagé à en discuter de nouveau avec le ministre de la Santé «pour voir ce qu'il est capable de faire», a rapporté Mme Ghazal.
QS fait valoir que 25 % des jeunes femmes qui ne souhaitent pas devenir enceintes n’utilisent pas systématiquement de contraceptifs et que le coût des produits contraceptifs est l'un des principaux freins à l'accès.
Mme Ghazal souligne que le Québec accuse déjà un retard en matière de contraception gratuite, la Colombie-Britannique, le Manitoba et l'Île-du-Prince-Édouard ayant déjà été de l'avant.
En novembre dernier, QS citait une étude de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada qui indiquait qu'un tel investissement permettrait de réaliser des économies annuelles de 71 millions $ puisque cela réduit le coût des soins reliés aux grossesses non désirées. Le coût de la couverture publique de la contraception est d'environ 48 millions $ par année, calcule QS.
«Le gouvernement cherche des moyens pour réduire le déficit. Prévenir des grossesses non désirées permet aussi à l'État de faire des économies et ça permet aussi de changer la vie des femmes», a déclaré en point de presse à l'Assemblée nationale Mme Ghazal.
Elle a parlé de l'exemple de la Colombie-Britannique, la première province canadienne à avoir rendu la contraception gratuite en 2023. «Et eux, ce n'est pas un estimé, ce n'est pas une étude de combien dans le futur on va faire des économies, c'est déjà à coût nul depuis la deuxième année et on estime à la quatrième année 27 millions $ d'économie. N'importe quel projet économique d'investissement ne rapporterait pas aussi rapidement de l'argent», soutient la députée solidaire.
En point de presse, Mme Ghazal était accompagnée des médecins de famille Dre Joanie Chahine et Dre Élise Girouard-Chantal ainsi qu’Amaili Jetté, présidente du Regroupement Les sages-femmes du Québec.
«La contraception, ça coûte cher. Ça coûte cher chaque mois, mois après mois, année après année, de l'adolescence à la ménopause, pendant 30 à 40 ans dans la vie d'une personne parce qu'elle est née avec un utérus», a dénoncé Dre Chahine, qui travaille entre autres en salle d'accouchement et en avortement.
Le fardeau de la contraception repose sur les femmes, a poursuivi la médecin de famille. Elle demande aux élus de «rétablir l'équité reproductive» parce que la contraception ne devrait pas être un privilège pour les patientes qui sont les mieux nanties, soulève-t-elle.
Élargir la prescription à d'autres professionnels
Le projet de loi 994 — Loi favorisant la santé sexuelle et reproductive par un accès amélioré à la contraception — prévoit «de confier aux santés publiques régionales la mise en place de mesures préventives en santé sexuelle et reproductive afin de distribuer gratuitement des préservatifs».
En plus de contrôler les grossesses non désirées, pour lesquelles il y a plus souvent de complications, les moyens de contraception offrent d'autres soins de santé aux femmes. «Ça permet de traiter une panoplie d'autres conditions médicales. On parle d'anémie causée par des saignements abondants, d'endométriose, d'acné et autres», a relevé Dre Girouard-Chantal.
Pour éliminer les difficultés d'accès à la contraception, la pièce législative propose d'élargir le Programme d’accès gratuit à la contraception et de faire en sorte que les sages-femmes et d'autres professionnels puissent prescrire des contraceptifs.
«Ce projet de loi reconnaît les sages-femmes à titre de professionnelles de première ligne aux côtés des pharmaciens, des infirmières et des médecins. C'est un pas important, commensurable je dirais même, vers un réseau de la santé plus inclusif, plus humain et plus efficace», a commenté Mme Jetté.
QS a déposé en novembre dernier une pétition sur la contraception gratuite ayant amassé près de 100 000 signatures, ce qui illustre le consensus et la mobilisation des Québécois pour cet enjeu, selon Mme Ghazal.

