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«C'est la frustration de mon client.»
Le milliardaire québécois de l'électronique Robert Miller veut se défendre contre les femmes qui prétendent qu'il les aurait payées pour des relations sexuelles alors qu'elles étaient mineures, mais il ne peut le faire s'il ne connaît pas leurs noms, a avancé jeudi son avocat.
La demande d'action collective contre son client ne peut pas aller de l'avant, car elle autorise ses accusatrices à demeurer anonymes, a soutenu Me Karim Renno lors d'une audience à la Cour supérieure du Québec.
Robert Miller, 81 ans, fondateur du distributeur mondial d'électronique Future Electronics, «a le droit de contredire ce témoignage», a déclaré Me Renno à la juge Catherine Piché.
Cette dernière entend pendant trois jours les arguments pour décider d'autoriser ou non la poursuite, qui allègue que M. Miller aurait échangé de l'argent et des cadeaux contre des relations sexuelles avec des mineures dans les années 1990 et 2000.
À ce jour, Robert Miller ne sait pas qui l'accuse, a affirmé son avocat.
Les actions collectives pour inconduite sexuelle ne sont pas le bon moyen de poursuivre des personnes qui n'étaient pas en position d'autorité par rapport à leurs victimes, a indiqué Me Renno.
«Il n'y a aucun cas autorisé au Québec dans le cadre d'une action collective pour inconduite sexuelle où le défendeur n'était pas en position d'autorité», a avancé Me Renno, soulignant que, dans les cas qui ont été portés devant la justice, le défendeur était souvent un prêtre ou un entraîneur avec un groupe de victimes facilement identifiable.
La poursuite proposée identifie le groupe comme toute personne de moins de 18 ans ayant été payés pour des relations sexuelles par M. Miller, ou qui ont été victime d'exploitation sexuelle par lui ou par tout autre groupe déterminé par le tribunal.
Un avocat des plaignantes a fait savoir mercredi que 51 femmes se sont inscrites pour faire partie de l'action collective, mais que le nombre réel pourrait atteindre 100.
«La question est purement procédurale: allons-nous procéder à une action collective ou ces personnes devront-elles aller de l'avant avec des actions individuelles?», a souligné Me Renno.
Selon un reportage d'enquête publié en février 2023 par Radio-Canada et CBC, Robert Miller aurait donné de l'argent et des cadeaux à des mineures en échange de relations sexuelles entre 1994 et 2006. M. Miller se serait identifié comme un homme d'affaires américain nommé Bob Adams, qui voyageait fréquemment à Montréal, et les rencontres auraient eu lieu dans des hôtels de Montréal et une maison privée à Westmount.
Me Renno a noté que les allégations ont surgi lors d'une âpre bataille de divorce entre M. Miller et son ex-femme, au cours de laquelle des enquêteurs privés le surveillaient.
La police de Montréal a enquêté en 2008 et 2009, mais la Couronne a refusé de porter plainte. Quinze ans plus tard, après le reportage d'enquête de 2023, la police a rouvert le dossier et des poursuites ont commencé à être intentées.
Robert Miller a été inculpé en mai dernier de 21 chefs d'accusation criminels impliquant 10 victimes présumées, dont beaucoup étaient mineures.
Le milliardaire, qui souffre de la maladie de Parkinson, a nié les allégations dans l'affaire pénale et dans la demande d'action collective. L'affaire criminelle doit être renvoyée devant le tribunal le mois prochain.
M. Miller a vendu Future Electronics cette année, mais l'entreprise est citée dans l'action collective, tout comme trois de ses anciens employés qui auraient fait partie d'un réseau pour recruter des filles pour lui. Les employés sont Sam Joseph Abrams, Raymond Poulet et Helmut Lippmann. Les avocats de ces hommes présenteront leurs arguments vendredi.
Me Renno a qualifié de chaotique le dépôt de l'action collective; il a déclaré que l'action a été intentée quelques semaines seulement après la diffusion du reportage d'enquête, notant qu'elle a été modifiée cinq fois depuis son premier dépôt.
L'avocat de la défense de M. Miller a fait remarquer qu'il y a cinq autres poursuites portant sur des faits similaires impliquant son client devant la Cour supérieure du Québec, dont l'une a été rejetée et fait l'objet d'un appel.
«M. Miller n'est pas devant le tribunal aujourd'hui pour dire: "les multiples femmes qui m'accusent n'ont pas le droit d'avoir recours au tribunal", tout ce qu'il dit, c'est qu'il a le droit de se défendre, il a ce droit, inaliénable, constitutionnel», a mentionné Me Renno.