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L'astronaute David Saint-Jacques croit que le Canada possède tous les outils pour devenir un «leader d'une grande réforme des systèmes de santé».
Alors que la pandémie met en relief les lacunes des réseaux de santé dans le monde, l'astronaute David Saint-Jacques croit que le Canada possède tous les outils pour devenir un «leader d'une grande réforme des systèmes de santé».
C'est ce qu'a indiqué l'astronaute, qui est également médecin, lors d'une conférence au Centre de formation médicale du Nouveau-Brunswick mercredi.
David Saint-Jacques, qui travaille aujourd'hui comme médecin à l'unité COVID d'un hôpital montréalais, a souligné que la pandémie nous a «tous donné un appétit pour une médecine plus moderne, plus personnalisée, avec moins de paperasse et plus près du patient» et que les missions spatiales peuvent jouer un rôle important dans la réforme des soins de santé.
Cette «grande modernisation» des systèmes de santé est non seulement nécessaire au Canada, selon lui, mais elle pourrait servir d'exemple aux autres pays.
«On a des technologies incroyables, tout est là. Toutes les pièces sont là, mais on dirait qu'on ne s'en sert pas, il faut les mettre ensemble et le Canada est vraiment bien positionné pour devenir un leader» dans la modernisation de la médecine, a indiqué l'astronaute qui a ajouté que cette modernisation peut prendre du temps, «car pendant qu'on se réorganise, il faut que tout continue à fonctionner» et que «c'est un peu comme essayer de faire de la mécanique automobile sur une auto qui roule».
Il a souligné que le Canada est déjà un leader en formation médicale, en technologie d'appareils médicaux et aussi en développement de l'intelligence artificielle, tous des atouts importants pour réformer les systèmes de santé.
«Il y a beaucoup de petites compagnies high-tech qui ne se rendent même pas compte qu'elles seraient capables de contribuer à la réforme du système médical, donc c'est un peu ça l'idée de ce nouveau focus de l'Agence spatiale canadienne. On ne veut pas devenir une agence de soins médicaux, mais une espèce de chef d'orchestre pour rassembler les troupes et réformer les systèmes de santé.»
En effet, l'Agence spatiale canadienne (ASC) souhaite se positionner comme un leader dans les soins de santé dans l'espace, ce qui permettra également d'améliorer les soins sur Terre.
La santé et le bien-être des astronautes sont les deux facteurs principaux limitant la réalisation des missions spatiales de longue durée, selon l'ASC.
David Saint-Jacques a expliqué que dans certaines missions dans le futur, les astronautes devront rester isolés encore plus longtemps et parce que les humains ont l'intention de se rendre sur Mars un jour, il faut déjà préparer les astronautes à être complètement indépendants des médecins pour se soigner, d'où l'importance, notamment, du développement de la télémédecine.
«Le rêve d'aller sur Mars est une belle excuse pour moderniser la médecine», a souligné l'astronaute.
Il a mentionné qu'être capable de développer des soins médicaux de qualité dans un endroit aussi hostile que la planète rouge, «c'est un peu le même défi qu'on a sur Terre, c'est-à-dire d'offrir des soins médicaux de qualité, à tout le monde, peu importe où on habite».
Dans l'espace, les humains doivent subir des conditions auxquelles le corps n'est pas habitué. La microgravité, le rayonnement, les températures extrêmes, la faible pression, l'isolement représentent des risques pour le corps humain.
La diminution de la densité osseuse, l'atrophie des muscles, l'affaiblissant du système immunitaire ne sont que quelques exemples des défis qui attendent les astronautes qui passent de longs séjours dans les airs. Certaines maladies, dans l'espace, «se développent très rapidement chez des individus jeunes et par ailleurs en excellente santé», a souligné David Saint-Jacques avant d'ajouter que les astronautes sont `un peu comme les rats de laboratoires parfaits pour la recherche médicale'.
Mission après mission, l'exploration spatiale a permis des avancées majeures en santé et en médecine. Lors de la conférence, David-Saint-Jacques a noté que le développement des échographies qui emploient des ultrasons en est un exemple. «La croissance des tissus, ça se fait mieux dans l'espace, vous savez, le rêve de faire un jour des greffes de tissus générés artificiellement, ça se fait mieux en apesanteur parce qu'ils ne sont pas contraints à pousser en deux dimensions comme sur terre», a-t-il ajouté.
Il a également souligné que «des vaccins ont été améliorés suite à des études dans l'espace».
Il a décrit la station spatiale internationale comme un étant un laboratoire de recherche scientifique où on effectue beaucoup de «recherches à caractère médical où biomédical ou de technologie médicale».
Lors de la période de questions après la conférence, David Saint-Jacques s'est également prononcé sur les gens comme Richard Branson, Guy Laliberté, Elon Musk et les autres milliardaires qui ont fait du tourisme spatial.
Il voit d'un bon œil que des gens influents puissent contempler la Terre à 400 kilomètres dans les airs, parce que les multimilliardaires «ont le pouvoir de changer les choses sur Terre» et l'expérience va «complètement changer leur perspective». Il est d'avis que le «plus grand impact du programme spatial», c'est de permettre aux humains de réaliser la responsabilité qu'ils ont envers notre planète.
«La Terre nous garde en vie depuis des milliards d'années dans le vide spatial» et «la responsabilité environnementale nous vient un peu du programme spatial».
Faire un voyage dans l'espace, a expliqué David Saint-Jacques, «ça donne un peu de sagesse au sens où on réalise qu'il faut régler nos problèmes géopolitiques, il faut régler nos problèmes environnementaux pour pouvoir se concentrer sur la vraie, la vraie tâche de survie qui est celle de nous garder en santé, nous nourrir et s'assurer que la planète reste disponible pour les générations à venir».