Économie

Les investisseurs heureux du retrait de l’offre de Couche-Tard sur Seven & i Holdings

Après un élan de plus de 10 % en avant-midi, l’action de l’entreprise lavalloise a bondi de 4,73 $.

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5b07f3c02f15b9f2fe9fe62d8f045cf84556a9537c526b5c136e1fed97b474a7.jpg Le logo de Couche-Tard le jeudi 5 septembre 2024 à Montréal. Selon Couche-Tard, l'objectif de cette convention de confidentialité est de «faire progresser les pourparlers relatifs à l'opération» et de «faciliter la vérification diligente». (Christinne Muschi / La Presse Canadienne)

Après près d’un an de démarches, l’échec du projet d’Alimentation Couche-Tard d’acquérir Seven & i Holdings est plutôt perçu comme une bonne nouvelle pour les actionnaires de l’entreprise québécoise.

Après un élan de plus de 10 % en avant-midi, l’action de l’entreprise lavalloise a terminé la séance de jeudi en hausse de 5,68 $, ou 8,31 %, à 74,00 $ à la Bourse de Toronto.

Couche-Tard a annoncé, la veille en soirée, qu’elle avait retiré son offre d’achat. Dans une lettre envoyée au conseil d’administration de Seven & i Holdings, la direction du géant québécois du dépanneur et des stations-service accuse l’entreprise «d'un manque d'engagement constructif».

Seven & i a démenti les allégations et a affirmé, dans un communiqué, avoir eu des échanges «constructifs et de bonne foi» avec Couche-Tard. 

Même si les analystes jugeaient les chances de réussite peu probables, il demeurait le risque que Couche-Tard dilue son actionnariat en émettant des actions pour financer la transaction, souligne l’analyste Michael Van Aelst, de Valeurs mobilières TD, dans une note. «Cette crainte devrait maintenant être dissipée.» 

Le propriétaire de la chaîne de dépanneurs arborant le hibou rouge peut ainsi utiliser ses liquidités pour racheter des actions, ce qui est bien accueilli par les investisseurs. M. Van Aelst s’attend à l’annonce imminente d’un nouveau programme de rachat qui pourrait atteindre 2,7 milliards $ d’ici avril prochain. 

En rachetant ses actions, une entreprise réduit le nombre de titres en circulation. Son bénéfice est ainsi moins dilué entre les différents actionnaires.

Le chef des finances, Filipe Da Silva, avait indiqué que la société relancerait son programme de rachat d’actions si les discussions avec Seven & i cessaient, en marge de la publication de ses plus récents résultats trimestriels à la fin juin. 

La lettre de Couche-Tard n’est pas un bluff, croit l’analyste John Zamparo, de Banque Scotia. «Il semble que Couche-Tard ait épuisé tous ses recours pour s’unir à Seven & i. Nous pensons que les efforts valaient la peine en raison du potentiel à long terme, mais il existe d’autres options.»

Il reste encore des cibles d’acquisitions potentielles, a ajouté l’analyste de Banque Scotia. Il pense que les vendeurs potentiels sont restés discrets tandis que Couche-Tard était déjà occupée à convaincre les actionnaires de Seven & i. 

«Il faut environ 200 magasins pour augmenter de 1 % le bénéfice par action, avant les synergies, a souligné M. Zamparo. Une quarantaine d’entreprises ont cette taille aux États-Unis et nous anticipons d’autres ventes d’actifs en Europe.»

Seven & i pourrait toutefois faire monter les enchères si elle se met en mode acquisition aux États-Unis, a prévenu l’analyste Martin Landry, de Stifel. L’entreprise prévoit inscrire à la Bourse de New York ses activités nord-américaines. L’appel public à l’épargne pourrait survenir en 2026. 

«Une nouvelle entité cotée en Bourse pourrait devenir un acquéreur plus agressif afin de répondre aux attentes de ses nouveaux actionnaires, a souligné M. Landry. Ça pourrait intensifier la concurrence pour Couche-Tard, ce qui pourrait résulter en moins d’acquisitions ou des prix d’acquisition plus élevés.»

Si la fin des pourparlers est bien accueillie sur les marchés boursiers, Couche-Tard doit donner un second souffle à ses activités aux États-Unis. «Couche-Tard a dévoilé une baisse de ses ventes comparables en dépanneurs depuis six trimestres consécutifs, a souligné M. Landry. Pour les volumes de carburant comparables, la baisse se poursuit depuis sept trimestres.»

Les consommateurs américains à faibles revenus sont plus frugaux depuis deux ans dans un contexte d’inflation élevée et d’incertitude économique. «Couche-Tard devra établir une forte offre alimentaire pour stimuler l’achalandage et améliorer les ventes comparables en dépanneurs», a avancé l’analyste de Stifel.

Stéphane Rolland

Stéphane Rolland

Journaliste