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Un gouvernement qui joue à «l'apprenti sorcier» et qui «improvise» au point de mettre à risque «la sécurité» des élèves et de leurs profs: les principaux syndicats de l'éducation ne mâchaient pas leurs mots, mercredi soir, à la suite d'une réunion durant laquelle Québec leur a annoncé le maintien du retour en classe lundi et certaines modalités.
«Beaucoup d'inquiétudes, très peu de réponses», résume au bout du fil Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), qui dit constater que «l'objectif, c'est de ne plus permettre la fermeture des classes, coûte que coûte».
Le syndicat, qui représente 50 000 enseignants, aurait préféré que Québec reporte le retour à l'école après le congé des Fêtes alors qu'un «raz-de-marée» de cas de COVID-19 et d'hospitalisations déferle actuellement.
«Les règles sont allégées alors que le virus est plus virulent, a déploré M. Mallette en entrevue avec La Presse Canadienne. C'est un non-sens.»
Le retour en classe dans les écoles primaires et secondaires du Québec est une recommandation de la santé publique, a affirmé le premier ministre François Legault en soirée, dans un message sur Facebook. Il s'agirait de la première décision majeure du docteur Luc Boileau, nommé mardi directeur de la santé publique par intérim à la suite du départ du docteur Horacio Arruda.
M. Legault soutient qu'il est «très important» pour les enfants de «retrouver une certaine normalité» et que l'«immense majorité» d'entre eux ne courent pas de risques de santé importants.
Quoi qu'il en soit, à deux jours ouvrables du retour en classe, le gouvernement n'a toujours pas dévoilé le nouveau «protocole» qui prévoirait notamment de réduire à cinq jours la période d'isolement des enfants qui ont des symptômes de la COVID-19, a d'ailleurs souligné M. Mallette.
Le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Éric Gingras, est également ressorti de la rencontre «pas rassuré du tout». Il craint que la réouverture des écoles dans les conditions actuelles provoque une importante augmentation des contacts, et ultimement une «hécatombe».
En ce moment, outre une multiplication du nombre de cas, «tout le monde» se demande «qu'est-ce qui a changé» depuis que les jeunes ont été envoyés plus tôt en vacances avant les Fêtes, a-t-il lancé en entrevue.
M. Gingras, dont le syndicat représente 125 000 employés du secteur de l'éducation, a insisté que le nouveau protocole est «un changement majeur» qui doit être expliqué adéquatement.
La liste des préoccupations syndicales demeure semblable. L'aération et la ventilation dans les écoles, l'accès aux masques N95 pour les enseignants et le fait qu'il est souvent impossible de maintenir une distanciation physique dans des classes bondées sont régulièrement mentionnés.
À la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ) on croit cependant que «la grande majorité des parents sont soulagés». L'école à distance représente «un fardeau» pour plusieurs parents et leurs enfants, a expliqué Kévin Roy, le président du regroupement.
Les parents souhaitaient une réouverture des écoles rapide et sécuritaire, a-t-il mentionné. Et bien que de nombreuses questions restent sans réponses, ce qui suscite des craintes, M. Roy «imagine qu'il y a un plan qui va venir avec ça».
La fédération a d'ailleurs demandé au ministère de l'Éducation de produire un «arbre décisionnel» afin de permettre aux parents de «se démêler» dans le nouveau protocole. «Mon enfant coule du nez, il a mal à la gorge, je n'ai plus de test de dépistage, qu'est-ce qu'on fait?», a illustré M. Roy.
Le gouvernement va, semble-t-il, préciser les modalités du retour en classes lors d'une conférence de presse jeudi, selon ce qui aurait été dit durant la rencontre et rapporté à La Presse Canadienne par plusieurs personnes présentes.