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Les experts ne comprennent pas exactement pourquoi ce délai est bénéfique pour le bébé, mais il pourrait offrir au nouveau-né une transition plus en douceur vers le monde extérieur.
Retarder le clampage du cordon ombilical de seulement une minute ou deux semble améliorer les chances de survie des bébés prématurés, démontrent deux nouvelles recherches américaines.
Les experts ne comprennent pas exactement pourquoi ce délai est bénéfique pour le bébé, mais il pourrait offrir au nouveau-né une transition plus en douceur vers le monde extérieur et permettre à davantage de sang ombilical et placentaire de lui être transféré avant que le lien avec sa mère ne soit rompu.
Ces données, a commenté la docteure Andréanne Villeneuve, qui est néonatalogiste au CHU Sainte-Justine, «viennent renforcer ce qu'on savait déjà».
Des études antérieures, a-t-elle dit, avaient montré «que chez les bébés prématurés (cette pratique) réduisait la mortalité hospitalière et que ça amenait d'autres bénéfices, comme diminuer le taux de transfusion».
«C'était déjà recommandé qu'on l'adopte comme norme de pratique, mais les nouvelles études viennent vraiment renforcer ce qu'on savait déjà», a dit la docteure Villeneuve, qui a commencé à piloter l'adoption de la pratique à Sainte-Justine dès 2017.
Deux nouvelles recherches publiées par The Lancet confirment effectivement les bienfaits d'un délai du clampage de cordon pour les bébés.
Une première méta-analyse a porté sur 48 études cliniques qui regroupaient quelque 6400 enfants. Les auteurs ont conclu qu'un clampage retardé réduisait du tiers le nombre de décès de bébés prématurés à l'hôpital, comparativement à un clampage immédiat ou à la traite du cordon ombilical (une pratique qui consiste à pousser manuellement le sang du cordon vers le bébé).
La deuxième analyse a rassemblé 47 études auxquelles avaient participé environ 6100 personnes. Les auteurs ont comparé un clampage effectué moins de 45 secondes après la naissance à un clampage effectué entre 45 et 120 secondes après la naissance, ou 120 secondes ou plus après la naissance.
Plus le délai était long, ont conclu les auteurs, plus les chances de survie du bébé étaient bonnes.
Le nouveau-né qui vient de sortir du ventre de sa mère est soumis à des adaptations hémodynamiques et physiologiques intenses, a rappelé la docteure Villeneuve.
«Le délai de clampage pourrait favoriser une transition plus harmonieuse de tous les points de vue, a-t-elle dit. Avec un prématuré, le moindre changement un peu brutal de sa circulation peut provoquer une hémorragie spontanée dans sa tête et ça peut avoir des conséquences vraiment importantes sur son devenir à long terme.»
Une autre hypothèse porte sur la transmission de cellules souches, d'anticorps et autres de la mère au bébé avant que le cordon ne soit clampé. Un délai pourrait permettre à une plus grande portion du volume sanguin placentaire de se retrouver dans le bébé, lui permettant de profiter de davantage des éléments positifs qu'on retrouve dans le sang, a expliqué la spécialiste.
Les deux nouvelles recherches devraient aussi rassurer les médecins quant à l'innocuité de la traite du cordon, a estimé la docteure Villeneuve, puisqu'une étude publiée il y a quelques années évoquait une hausse possible de la mortalité et des hémorragies intra-ventriculaires chez les grands prématurés (les bébés nés après moins de 32 semaines de gestation) en cas de traite du cordon.
«Il y avait comme un astérisque à côté de cette pratique qui nous disait d'être prudents, a expliqué la docteure Villeneuve. Mais la nouvelle méta-analyse vient confirmer que ça peut être sécuritaire chez les bébés qui ne sont pas trop prématurés et chez qui on ne peut pas retarder le clampage.»
On estime qu'environ 13 millions de bébés naissent prématurément à travers le monde chaque année. Environ un million d'entre eux décéderaient un mois ou moins après leur naissance.