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L'opposition blâme le gouvernement Legault alors que les inscriptions aux programmes d'enseignement sont en baisse.
«Nous sommes dans la septième année de ce mauvais gouvernement Legault, clairement, ce n'est rien pour valoriser la profession [d'enseignant(e)]». C'est en ces termes qu'a notamment réagi jeudi matin Marc Tanguay, chef intérimaire du Parti libéral du Québec (PLQ), au fait que les inscriptions aux différents programmes d'enseignement soient en baisse dans plusieurs universités au Québec.
La Presse révélait en effet jeudi que pour certains programmes universitaires liés à l'enseignement, le nombre de nouveaux étudiants pour cet automne aurait chuté de 10 % voire 15 %. La baisse des inscriptions se fait surtout sentir dans les programmes d’enseignement primaire et secondaire.
Le chef intérimaire du PLQ croit que la valorisation de la profession enseignante est le nerf de la guerre pour attirer les jeunes vers l'éducation et pour garder ceux en place.
«D'abord et avant tout, les enseignantes et les enseignants qui sont dans le réseau, est-ce qu’ils se sentent épaulés? Est-ce qu’ils ont des ressources? Quand la réponse est non, qu’ils ne se sentent pas épaulés et qu’ils n’ont pas les ressources, ça envoie un mauvais signal», a estimé M. Tanguay en ajoutant que la valorisation - ou pas - d'une profession et les conditions de travail liées sont des facteurs importants pour un ou une jeune lorsque vient le temps de faire un choix de carrière.
De son côté, le député péquiste des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, n'est pas surpris par les chiffres dévoilés par La Presse concernant la baisse d'intérêt pour la profession enseignante.
«Il ne faut pas s’en surprendre, on voit qu’il y a 1 000 professeurs qui quittent la profession chaque année. Les nouveaux arrivants dans la profession quittent à hauteur de 25 % à 35 % la première année et 50 % dans les cinq premières années», a-t-il affirmé jeudi à l'Assemblée nationale devant quelques journalistes.
M. Arsneau est d'avis que les conditions de travail des professeurs ne sont pas attrayantes ni attractives, «pour toutes sortes de raisons».
«Les classes qui sont surpeuplées, les élèves en difficulté qui sont nombreux, les classes et les écoles qui sont vétustes, l’air qui est vicié… etc. En fait, ce sont des conditions de travail que les étudiants, ceux qui aspiraient à la profession, voient comme impossibles», a-t-il souligné.
Il s'agit d'ailleurs d'une pensée partagée par le chef du Parti québécois (PQ), Paul Saint-Pierre Plamondon.
«C’est certain que si un jeune qui se pose des questions sur son avenir professionnel voit qu’autour de la moitié des enseignants quittent [la profession] dans les cinq premières années, c’est certain que ça l’influence dans son choix de carrière», a-t-il dit à son tour.
Joël Arsneault estime par ailleurs que le travail du ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, pour mettre sur pied les maternelles 4 ans au Québec, a nui au bon développement du réseau scolaire.
«On a drainé une partie des professeurs et on a drainé beaucoup de ressources pour créer des classes et finalement on n’a pas pu atteindre une partie de ces objectifs. Pendant ce temps, évidemment le reste du système scolaire a continué de s’effondrer d’une certaine façon [...]», a-t-il affirmé.
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La députée de Mercier et porte-parole solidaire en matière d'éducation, Ruba Ghazal, a aussi réagi jeudi à la baisse des inscriptions à l'université pour devenir enseignant en blâmant notamment le travail du ministre Drainville.
«Ça baisse partout dans les facultés d’enseignement. […] On savait que les conditions de travail faisaient fuir les profs, mais ça fait aussi fuir les étudiants. […] les solutions du ministre ne donnent pas de résultats», a-t-elle affirmé.
Le ministre de l'Éducation soutient pour sa part que les chiffres «ne tiennent pas compte des améliorations des conditions de travail» — avec l'ajout d'un adulte dans les classes primaires notamment, les permanences et le nouveau contrat de travail conclu avec les syndicats — et «qu'il faut valoriser ces avancées pour faire valoir la profession d'enseignant!»
«Je pense non seulement aux parents, mais aussi aux enfants. Quand on travaille en éducation, on travaille pour nos enfants. […] il faut mettre en avant ce qu’on a fait de beau pour attirer le monde en éducation», a ajouté M. Drainville.
Par ailleurs, Bernard Drainville a ouvert la porte aux stages rémunérés afin de valoriser la profession. «On travaille, Mme Déry (la ministre de l'Enseignement supérieur) et moi pour en arriver là», a-t-il dit.
Le ministre n'a toutefois pas été en mesure de donner un échéancier clair pour mettre en place cette mesure.
La ministre de l'Enseignement supérieur, Pascale Déry, a affirmé regarder «un peu le stage quatre en enseignement».
«Je sais qu'en enseignement, il y a des enjeux. Avec toutes les mesures qu'on met de l'avant, il reste encore des défis. On le sait, on regarde les chiffres, mais on y travaille», a-t-elle dit.
Le fait que les jeunes soient de moins en moins attirés par la profession enseignante est un problème en soi alors que le Québec est frappé par une pénurie de professeurs.
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En août dernier, à quelques jours de la rentrée scolaire, le ministre de l'Éducation Bernard Drainville avait affirmé qu'il restait toujours 5704 postes d'enseignants à pourvoir alors que le réseau de l'éducation s'attendait à accueillir cette année jusqu'à 20 000 élèves de plus que l'an dernier.
Les plus récentes données du tableau de bord du ministère de l’Éducation indiquent qu'en date de mercredi, 1 397 postes d'enseignants étaient toujours à pourvoir.
Avec des informations de La Presse canadienne