Un règlement municipal visant à imposer de lourdes amendes aux bars et aux établissements de musique qui font trop de bruit semble avoir touché une corde sensible auprès des Montréalais.
Des milliers de personnes ont répondu à un formulaire en ligne demandant l'avis du public sur le nouveau règlement, qui s'appliquerait à deux arrondissements du centre-ville connus pour leur vie nocturne: Ville-Marie et le Plateau-Mont-Royal.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Selon le règlement proposé, les policiers appelés à se rendre dans un établissement pour une plainte relative au bruit seraient autorisés à mettre fin à un spectacle ou à une fête s'ils le jugent trop bruyant et pourraient imposer une amende de 10 000 $ aux propriétaires de l'établissement pour une première infraction. Les amendes pour les plaintes concernant le bruit pourraient aller jusqu'à 20 000 $.
Selon Marie Plourde, conseillère municipale du Plateau-Mont-Royal, la Ville a reçu 13 800 réponses en ligne. Mme Plourde, qui s'est dite «surprise» par le volume des réponses, a admis que les amendes étaient «beaucoup trop chères».
Toutefois, elle a précisé que les amendes étaient censées être un dernier recours et que l'objectif était de veiller à ce que le règlement soit appliqué.
«C'est comme si vous aviez quelqu'un qui ne voulait pas collaborer, qui ne voulait pas recevoir l'aide que les arrondissements et la Ville offrent, avec de l'argent et des études, pour identifier quel est le problème», a-t-elle expliqué lors d'une entrevue mardi.
«L'objectif est de trouver l'équilibre entre les citoyens qui veulent vivre dans les quartiers centraux et ces lieux vraiment nécessaires qui nourrissent notre culture à Montréal.»
Les habitants avaient jusqu'à vendredi dernier pour donner leur avis sur le règlement.
Les propriétaires de bars et les défenseurs de la vie nocturne ont exprimé de sérieuses inquiétudes quant aux changements proposés, affirmant qu'ils pourraient conduire à la fermeture d'un plus grand nombre d'établissements.
Mme Plourde a répliqué qu'elle avait entendu les résidents haut et fort, reconnaissant que les amendes «pourraient être une question de vie ou de mort pour les petits établissements».
MTL 24/24, un groupe de pression qui milite pour une meilleure politique de la vie nocturne, a été l'une des principales voix à exprimer ses inquiétudes quant au sujet du nouveau règlement.
«Le fait que tant de personnes aient pris le temps de partager leurs réflexions sur le nouveau règlement montre à quel point les Montréalais sont attachés à leur vie nocturne», a souligné le porte-parole Max Honigmann dans un courriel mardi. «De nombreuses personnes à qui nous avons parlé craignent que l'absence de protections concrètes pour les lieux de diffusion ne fasse perdre à Montréal l'étincelle qui fait d'elle une ville si magique. Nous sommes heureux de voir que l'administration municipale répond aux préoccupations des gens avec un esprit ouvert et nous continuerons à suivre ce dossier de près.»
Dans une vidéo publiée sur Instagram, Ericka Alneus, la conseillère municipale de Rosemont-La Petite-Patrie et membre du comité exécutif responsable de la politique de vie nocturne de Montréal, a mentionné que le règlement sera ajusté pour tenir compte des préoccupations soulevées au sujet des amendes imposées et de la façon de les appliquer.
Mme Plourde a ajouté à CTV News que ces ajustements seraient apportés dans les semaines à venir, après que les fonctionnaires auront examiné les milliers de commentaires reçus.
Les Scènes de Musique Alternatives du Québec (SMAQ) ont également accueilli favorablement la nouvelle selon laquelle la Ville est prête à faire des ajustements. «Nous avons réussi à nous faire entendre en quelques jours pour exiger l'importance de notre précieuse culture nocturne», a conclu le groupe sur son compte Instagram.


