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La FIQ et la FIQP (privé) estiment que «sous le couvert d'objectifs louables», le projet de loi «met en péril l’universalité, l’accessibilité, l’équité et la qualité de soins ainsi que la démocratie syndicale».
La réforme Dubé présente un «risque indéniable» pour la continuité des soins aux patients et pour les soins dans les régions éloignées, à cause de la mobilité accrue qu'elle requerra du personnel, juge la FIQ.
La Fédération interprofessionnelle de la santé, qui représente 80 000 infirmières, infirmières auxiliaires et autres professionnelles en soins, livre ce verdict tranchant dans le mémoire qu'elle a fait parvenir à la commission de la santé et des services sociaux qui étudie le projet de loi 15 déposé par le ministre Christian Dubé.
De plus, la FIQ et la FIQP (privé) estiment que «sous le couvert d'objectifs louables», le projet de loi «met en péril l’universalité, l’accessibilité, l’équité et la qualité de soins ainsi que la démocratie syndicale».
La FIQ se dit d'accord avec le ministre: le statu quo n'est plus acceptable; il faut un changement de culture, une gestion de proximité et une plus grande efficacité des structures.
Comme il y aura un employeur unique — Santé Québec — et que Québec veut qu'il y ait une seule ancienneté par professionnelle pour tout le Québec, et non par établissement, la FIQ conclut que les infirmières devront faire preuve d'une «mobilité accrue et illimitée» pour satisfaire les besoins de l'agence.
Et ce phénomène l'inquiète. «Est-ce raisonnable de croire qu’une infirmière en santé scolaire puisse travailler avec des personnes aînées ou aux soins intensifs, du jour au lendemain?»
«Il est également possible que la mobilité au sein du réseau ait des impacts négatifs sur l’accès aux soins dans certaines régions éloignées des grands centres ou encore dans certains secteurs de soins, que ce soit les CHSLD ou les centres hospitaliers, par exemple. Les milieux de soins connus pour leur organisation du travail problématique pourraient notamment être délaissés au profit de milieux plus attrayants», juge la FIQ.
Pour ce qui est des risques touchant la continuité des soins, la FIQ explique ses craintes encore par la mobilité accrue attendue du personnel. «Non seulement rien dans le projet n'est mis en place pour assurer la stabilité et la dotation adéquate des équipes de soins, mais s'il était adopté tel quel, il déstabiliserait et affaiblirait davantage les équipes de soins en permettant une mobilité à outrance», écrit-elle.
Elle donne l'exemple des CHSLD qui ont vécu d'énormes difficultés au plus fort de la pandémie de la COVID-19. «La mobilité du personnel a un impact négatif sur la qualité de soins offerts en plus de contribuer à la propagation des infections et des virus.»
La réforme fait aussi une trop grande place au privé, particulièrement aux centres médicaux spécialisés, «les grands gagnants de cette réforme», juge la FIQ.
Le projet de loi «ne doit pas devenir un cheval de Troie qui signera la fin du réseau public issu de la Révolution tranquille, en permettant au secteur privé à but lucratif ou non lucratif de remplacer l’État dans certaines de ses missions fondamentales auprès des personnes les plus vulnérables, en soins à domicile et en santé mentale, notamment».
La réforme Dubé prévoit aussi un réseau trop centralisé, qui perd sa capacité de s'adapter aux réalités locales et dont les gestionnaires locaux jouiront en réalité de peu de marge de manoeuvre, appréhende la FIQ.
«Le projet de loi no 15 ne fera qu’accentuer cette perte de contact avec le terrain, notamment sur le plan de la gestion», estime l'organisation syndicale.