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Réforme de la consigne dès le 1er mars: des détaillants craignent des bris de service

Selon le Conseil canadien du commerce de détail, le nombre de lieux pour consigner les contenants est insuffisant.

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10423faec5db8f8e11039ac0eebe54361edfba6e02cc61da42b43d2813b1ae50.jpg Des bouteilles d'eau en plastique sont représentées dans une corbeille bleue à North Vancouver, en Colombie-Britannique, le mardi 7 mai 2019. LA PRESSE CANADIENNE/Jonathan Hayward (Jonathan Hayward | La Presse canadienne)

À compter de samedi, les bouteilles d’eau, d’eau pétillante, de boisson pour sportifs, de jus et de lait en plastique seront consignées, mais le Conseil canadien du commerce de détail (CCCD) craint des débordements et des bris de service, car le nombre de lieux pour consigner les contenants est insuffisant.

L’élargissement de la consigne à tous les contenants de boisson prête à boire de 100 ml à 2 L en plastique doit entrer en vigueur samedi.

Au départ, Consignaction et l'Association québécoise de récupération des contenants de boissons (AQRCB), qui veillent à la mise en œuvre de la réforme sur la consigne, prévoyaient ouvrir 400 points de retour d’ici le 1er mars, mais il y a quelques mois cette intention a été revue à la baisse à 200 points de retour.

Mais selon le Conseil canadien du commerce de détail (CCCD), seulement 47 centres de retour Consignaction sur les centaines prévus seront prêts samedi.

«C'est pourquoi un grand nombre de détaillants doivent, à partir de samedi, offrir temporairement des capacités de reprise, malgré, dans plusieurs cas, une absence d'équipement ou d'espace d'entreposage», a expliqué Michel Rochette, président du Conseil canadien du commerce de détail.

Il a précisé «qu'un grand nombre de détaillants vont accepter, temporairement, de prendre les contenants à partir de samedi, en attendant que le système soit mis en place».

Toutefois, «on espère que les gens ne se ruent pas aux portes le 1er mars, car les équipements ne sont pas encore pleinement installés, les lieux de construction ne sont pas encore pleinement ouverts et les épiceries n'ont pas toutes les capacités de reprise des contenants», a ajouté M. Rochette en entrevue avec La Presse Canadienne.

Le président du CCCD a expliqué que 1,4 milliard de contenants en plastique s’ajouteront au réseau de consigne.

Pour éviter un bris de service, «on demande aux gens d’attendre le lendemain, le surlendemain, les jours et les semaines suivantes», car «c'est un système complètement nouveau et différent qui s'amorce à partir de samedi et ça va prendre des mois avant d'être complètement mis en place».

Mis en place d'une ligne d'urgence

Lors d'un breffage technique à l'intention des médias vendredi matin,  Normand Bisson, président-directeur général de Consignaction, a indiqué qu'il ne s'attend pas à un «changement significatif» samedi «pour le service aux citoyens», mais il comprend les inquiétudes de certains détaillants.

«C'est un gros changement, on va être rendu à 4 milliards de contenants sous consigne, alors on ne prend pas ça à la légère du tout et on sait bien que ça se peut qu'il y ait des petites choses qui se passent à gauche et à droite, et c'est pour ça, entre autres, qu'on a mis en place notre ligne d'urgence, pour que les détaillants puissent nous rejoindre rapidement», a expliqué le responsable de la mise en oeuvre de cette réforme.

Une enquête est en cours

À la fin du mois de novembre dernier, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a annoncé le déclenchement d’une enquête administrative sur l'AQRCB et Consignaction.

Le ministre Charette a cité «la vitesse de déploiement» du réseau de lieux pour consigner les contenants et «certains éléments portés à notre attention» pour justifier la décision de déclencher cette enquête.

Vendredi matin, Normand Bisson a indiqué que son équipe a «pleinement contribué à l'enquête qui suit son cours».

Le président-directeur général de l'organisation qui représente les producteurs de boissons a admis qu'il était difficile de trouver du financement pour construire de nouveaux lieux de dépôt en raison de l'enquête, ce qui ralentit encore plus le déploiement du réseau.

«On essaie de trouver des solutions alternatives au financement et, bien sûr, dès que l'enquête administrative sera réglée, ça va éliminer la perception de risque qui n'existait pas initialement, quand on a parlé avec nos partenaires financiers», a-t-il expliqué en ajoutant que «les choses devraient rentrer dans l'ordre».

Vendredi matin, une fonctionnaire du ministère de l'Environnement a expliqué qu'il n'y avait «pas de date précise» fixée pour la publication des résultats de l'enquête administrative.

Construire 100 lieux de retour en 6 mois

Selon Normand Bisson, désormais, «ce qui est prévu, c’est d’ouvrir 100 lieux de retour entre maintenant et le 1er septembre 2025» et «arriver à 200 au 1er mars 2026».

Le patron de l'AQRCB et de Consignaction a tenu à souligner l'ampleur de la tâche que son équipe tente d'accomplir.

«Ça ne sera pas simple, ce sont des délais très serrés» a -t-il expliqué en ajoutant qu'il était exceptionnel qu'une organisation tente de «signer 200 baux commerciaux» en une année.

«Ensuite, il y a la partie de la construction, de l'embauche de personnel, de l'installation des équipements, c'est énorme, donc, ça ne sera pas simple», mais «on va faire ce qu'il faut pour atteindre ces objectifs».

Le site internet de Consignaction contient une carte avec les lieux de retour des contenants consignés à travers la province. 

La carte inclut les 47 boutiques qui portent la bannière Consignaction, mais aussi les milliers de détaillants qui participent, temporairement ou de façon permanente, à la collecte des nouveaux contenants.

Stéphane Blais

Stéphane Blais

Journaliste