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Qu’elles soient ou non au fait de leur grossesse, elles doivent jongler avec des frais médicaux colossaux.
«Elles ne viennent pas en se présentant: "Bonjour, voici mon bébé, ça m’a coûté 14 000$ pour accoucher".»
La directrice de la Maison des familles de Chicoutimi, Sophie Corneau, accueille au sein de l’organisme des étudiantes non résidentes qui arrivent au pays enceintes. L’organisme est une ressource importante pour ces femmes isolées, sans assurances et qui s’installent au Saguenay-Lac-Saint-Jean, à des milliers de kilomètres de leurs proches.
Noovo Info en parlait dans un précédent reportage: le tourisme obstétrical est de plus en plus présent dans nos hôpitaux. Ces femmes non-résidentes viennent accoucher ici, notamment, pour offrir la nationalité canadienne à leur enfant.
Cependant, plusieurs femmes ignorent aussi qu’elles sont enceintes lorsqu’elles arrivent au pays. Qu’elles soient ou non au fait de leur grossesse, les non-résidentes doivent jongler avec des frais médicaux colossaux.
Parmi les non-résidentes qui accouchent au Québec, on compte plusieurs étudiantes, dont certaines étudient à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).
L’organisme travaille alors sur le sentiment de sécurité de ces femmes, ainsi que sur leur attachement et leur donne un coup de main au niveau matériel. Selon la directrice, cela leur donne plus d’espace mental pour se concentrer sur leur grossesse. Souvent sans assurance maladie, ces femmes vivent leur grossesse avec un important stress financier en tête.
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Conseillère aux étudiants internationaux à l’UQAC, Nadine Sodji explique que certains pays sont signataires d’une entente de sécurité sociale avec le Québec, permettant ainsi aux étudiants d’avoir droit à la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). D’autres ne bénéficient toutefois pas de cette entente et doivent faire affaire avec une assurance privée.
«Il y a aussi des limitations liées aux états de santé préexistants dont on parle en amont [aux étudiants internationaux]», précise Nadine Sodji. Une grossesse en fait partie.
C’est le ministère de la Santé et des Services sociaux qui établit les tarifs pour les soins chargés aux femmes qui accouchent dans la province.
Au CHU de Québec, par exemple, une journée d’hospitalisation pour un accouchement s’élève à 5259 $. Comme une femme qui accouche est hospitalisée en moyenne deux jours, la facture grimpe à plus de 10 500 $. C’est sans compter les honoraires des médecins et les possibles complications qui peuvent prolonger le séjour à l’hôpital.
Pour les femmes sans RAMQ ni assurances privées, c’est un montant colossal qu’elles doivent éponger.
«Pour venir accoucher au Canada, on parle d’un montant d’environ 20 000 $ à 25 000 $, voire 30 000 $», informe l’influenceuse africaine Moniikaaz sur sa chaîne Youtube.
La directrice de la Maison des familles de Chicoutimi se questionne à savoir si le problème est que ces femmes arrivent enceintes au Canada ou si c’est le fait qu’elles n’aient pas d’argent qui en est la source.
«C’est quand même problématique parce que ça demande de beaucoup les accompagner et ça va amener un stress financier», affirme Sophie Corneau.
Elle soulève la difficulté d’avoir accès à un appartement adéquat et abordable en pleine crise du logement et le manque criant de places en garderie qui leur empêche de poursuivre leurs études.
Le prix des accouchements de non-résidentes a aussi un impact sur les établissements de santé.
Le CIUSSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean, par exemple, a facturé 327 427 $ depuis 2021 pour 30 accouchements de non-résidentes. Au CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, cette somme s’élève à 2,4 M$ pour 420 patientes non-résidentes pour la même période.
Des sommes que les établissements n’arrivent pas toujours à récupérer. Le CISSS de Chaudière-Appalaches, pour sa part, affirme qu’environ 20 % des sommes facturées passent en mauvaise créance tous les ans, ce qu’il considère comme un bon taux de recouvrement.
«Vous pouvez peut-être dire que 20 %, c’est énorme, mais on a des comparables avec d’autres établissements et, selon les dires de mon chef, on serait assez bien positionnés avec un pareil taux», conclut le coordonnateur aux opérations et à la paie du CISSS de Chaudière-Appalaches, Roby Deblois.