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Le gouvernement du Québec a fait un pas de plus mercredi vers la création de mini-hôpitaux en province, mais a dévoilé un nouveau modèle qui entend fournir des services spécialisés aux aînés.
Les deux premiers mini-hôpitaux doivent voir le jour dès 2025 selon les désirs de la CAQ, à Montréal et Québec.
Voyez le compte-rendu de Mathieu Boivin dans la vidéo liée à l'article.
Dans ces mini-hôpitaux construits et gérés par des entrepreneurs privés, tous les soins et services seront couverts par la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ), et sans frais pour les patientes et les patients.
Les appels d’offres pour construire les deux cliniques seront lancés «dans les prochaines semaines», selon le ministre de la Santé, Christian Dubé.
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Le ministère de la Santé et des Services sociaux vise la construction de cliniques spécialisées en soins pour les aînés qui offrira des séjours de courte durée, «à mi-chemin entre un groupe de médecin de famille (GMF) et un hôpital». Les mini-hôpitaux auront donc des lits d'observation plutôt que des lits d'hospitalisation et n’auront pas de bloc opératoire.
Les mini-hôpitaux seront aussi adaptés afin de favoriser la présence de proches aidants.
Les patientes et les patients seront dirigés vers les mini-hôpitaux après avoir été orientés soit par des professionnels de la santé dans les urgences des hôpitaux à proximité, soit par une ressource du Guichet d'accès à la première ligne (GAP), du 811 ou du 911 et même par les services d'ambulance.
Les mini-hôpitaux seront donc notamment dotés d'accès pour les ambulances et le transport adapté.
«Afin de bien répondre aux besoins des personnes aînées et d'offrir une approche intégrée, les équipes disposeront des outils requis, allant des tests diagnostiques sur place à la possibilité de garder des patientes et des patients en observation pour de courts séjours, même la nuit», indique le ministère de la Santé et des Services sociaux dans un communiqué publié mercredi.
Les mini-hôpitaux seront donc en activité 24 heures par jour, tous les jours, et les nouveaux patients pourront être accueillis de 7h à 22h.
«Des chambres avec lits d'observation seront disponibles pour les personnes qui nécessitent un court séjour avant de rentrer chez elles.»
«L'approche humaine et l'environnement seront pensés pour une expérience patient de qualité. L'offre de service couvrira à la fois les besoins en santé physique et en santé mentale, au bénéfice des patientes et des patients», précise le MSSS.
Québec souhaite que les lieux puissent servir de pôle d'expertise «afin d'innover, de former du personnel et de contribuer à de nombreux domaines de recherche».
«Nous concrétisons un engagement qui est cher à nos yeux, puisqu'il permettra d'améliorer l'accès au réseau de la santé en nous basant sur les besoins actuels et futurs de la population. [...] Les mini-hôpitaux seront complémentaires aux services actuels, en offrant des services spécialisés et adaptés aux besoins des personnes aînées pour des séjours de courte durée, comme c'est le cas pour les cliniques pédiatriques», a affirmé dans un communiqué Christian Dubé, ministre de la Santé.
Après Québec et Montréal, le gouvernement du Québec émet toujours le désir de voir d'autres mini-hôpitaux voir le jour ailleurs Québec, «en fonction des besoins particuliers dans d'autres régions.»
L'équipe de la Coalition avenir Québec (CAQ) s'était engagée en 2022 — lors de la campagne électorale provinciale — à mettre sur pied un nouveau concept de centres médicaux privés où les services seraient gratuits et remboursés par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ).
En mars 2023, le ministère de la Santé et des Services sociaux avait publié deux appels d'intérêts afin d'entendre les propositions d'éventuels partenaires. Selon le Système électronique d'appel d'offres du gouvernement du Québec (SEAO), les demandes d'informations ont pris fin en avril de la même année permettant au gouvernement de compléter par la suite l'élaboration de devis qui mènera à un appel au marché.
Le porte-parole en matière de Santé du Parti conservateur du Québec (PCQ), le Dr Karim Elayoubi, a réagi vivement mercredi à l’annonce du gouvernement du Québec de dédier les mini-hôpitaux aux personnes âgées plutôt qu’à l’ensemble de la population.
«En reculant sur sa promesse d’aller de l’avant avec les mini-hôpitaux privés, le gouvernement continue d’afficher son mépris pour les Québécois, spécifiquement pour les patients du Québec», écrit-il dans un communiqué envoyé aux médias.
«Pourquoi la CAQ s’acharne-t-elle à ne pas s’inspirer des meilleures pratiques internationales, incluant de multiples pays européens et d’Asie développée?» a-t-il ajouté.
M. Elayoubi estime que le projet actuel des cliniques gériatriques devrait être complémentaire à la création de nouveaux hôpitaux privés, «et non une solution de remplacement».
Le chef du PCQ, Éric Duhaime, a aussi émis des commentaires virulents :«La CAQ renie aujourd’hui son engagement d’ouvrir deux mini-hôpitaux privés au Québec. Des menteurs multirécidivistes! François Legault nous a tous roulés dans la farine», a-t-il écrit sur X.
Après avoir renié ses promesses d’équilibrer le budget, d’exploiter nos hydrocarbures, de construire un troisième lien, de réduire le nombre d’employés de l’Etat, de réformer le mode de scrutin, et j’en passe, la CAQ renie aujourd’hui son engagement d’ouvrir deux mini-hôpitaux… https://t.co/eHl1RZNRfH
— Eric Duhaime (@E_Duhaime) April 17, 2024
Vincent Marissal, député de Rosemont et porte-parole de Québec solidaire en matière de santé a pour sa part partagé ce message sur le réseau social X : «Je vous laisse juger de la clarté du message de la CAQ en matière de «mini-hôpitaux privés».
Je vous laisse juger de la clarté du message de la #caq en matière de «mini-hôpitaux privés»: https://t.co/gNYEpWjq9j#ouf #improvisation 🤨
— Vincent Marissal (@vmarissal) April 17, 2024
À la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), l’annonce de la CAQ concernant les mini-hôpitaux est aussi mal reçue: «Voici que le CAQ veut réserver les futurs hôpitaux privés aux aînés-es. Décidément, le ministre Dubé ne comprend pas. Il faut investir dans le public. Les études démontrent que le privé n’est pas bon pour la santé», a fait savoir l’organisation syndicale dans un message sur X.
L’Institut économique de Montréal (IEDM) – qui militait pour l’inclusion de salles d’urgence dans le concept des mini-hôpitaux – croit que la CAQ «dénature» son projet. «En visitant les urgences du Québec, la CAQ se rendrait compte que l’attente aux urgences affecte toutes les tranches d’âge.
Malgré que les mini-hôpitaux obtiennent l'appui de 73 pour cent des Québécois, la CAQ recule sur son projet et le dénature en créant plutôt de gros GMFs et urgences mineures pour aînés. En visitant les urgences du Québec, la CAQ se rendrait compte que l'attente aux urgences…
— IEDM - MEI (@iedm_montreal) April 16, 2024