La ministre France-Élaine Duranceau a promis, grâce à son projet de loi 31, de rendre disponibles les immeubles vacants du gouvernement. Le Règlement sur l’aliénation d’immeubles entre donc en vigueur vendredi et six bâtiments ou terrains sont maintenant officiellement prêts pour y développer du logement social, abordable ou étudiant.
La ministre Duranceau prévient bien sûr que ce n’est que le début, puisque Québec est à inventorier et inspecter toutes les adresses. Pour l’instant, la liste compte deux immeubles à Montréal. Les autres sont situés à Rivière-du-Loup, Alma, Montmagny et Saguenay.
Dans une déclaration vidéo, la ministre Duranceau se dit fière de cette nouvelle initiative.
«C’est un nouvel outil qui découle de notre stratégie en habitation. On vient ajouter un autre élément à notre coffre à outils qui vise à augmenter le nombre de logements le plus rapidement possible. C’est aussi un changement de culture, changement d’approche, chose qui s’est jamais faite auparavant. Et c’est aussi évolutif.»
Noovo Info s’est donc rendu autour du 1905, rue Cadillac, à Montréal. Il s’agit d’une ancienne école primaire qui servait jusqu’en 2022 au Centre de loisirs et d’animation culturelle de Guybourg. L’édifice construit en 1955 est complètement vide et chauffé.
Gilles Gagnon réside juste en face et l’a fréquentée enfant. «J’y ai fait ma sixième et ma septième année, ça coûte une fortune en plus c’est chauffé à l’huile, moi je le sais quand la fumée sort blanche le soir je la vois dans mon salon», dit-il.
Pour lui, il est évident qu’il faut faire quelque chose de l’endroit. Il craignait qu’un promoteur privé ne s’en empare pour en faire une tour à condos. Il est à demi rassuré.
«Il manque tellement de places, c’est correct.»
Au cabinet de France-Élaine Duranceau, on explique que seuls les OBNL, les offices d’habitation ou les coopératives pourront mettre la main sur les immeubles gouvernementaux et expressément pour développer du logement social, abordable ou étudiant. Ils seront cédés au prix du marché mais sous forme de subvention, de sorte que les organismes n’auront pas à décaisser des millions avant de commencer leur projet.
De plus, les immeubles rendus publics sont sans contraintes, décontaminés et peuvent accueillir des projets des maintenant. Miguel Pacheco, qui vit lui aussi devant l’école, espère toutefois que le tout ira rapidement, faisant remarquer qu’il est déjà tard.
Une bonne nouvelle
La directrice de la fédération des OSBL d’habitation de Montréal, Chantal Desjardins se réjouit. Elle rappelle que les spéculateurs privés ont plus de facilité à acheter ce genre de sites et que c’est bien que la ministre les offre uniquement aux OBNL, offices et coops.
«Dans les OBNL il y a des plus gros et des plus petits, donc l’enjeu c’est de voir à ce que ce soit attribué en toute équité. Et je pense que ce qui est important c’est que ça réponde aux besoins des ménages des arrondissements», dit-elle.
Même le FRAPRU applaudit aujourd’hui l’initiative. «Il s’agit d’une avancée importante pour le FRAPRU. Depuis plusieurs années, nous identifions les terrains et bâtiments publics excédentaires comme un levier pour faciliter le développement de logements sociaux», écrit sa porte-parole, Véronique Laflamme.
