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Québec annonce 10M$ de plus pour la francisation

Le montant de 10 millions $ n'est toutefois pas de l'argent frais.

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20241205081252-2024120508128-6751a654309ee283b6920876jpeg.jpg Jacques Boissinot / La Presse Canadienne (Jacques Boissinot | La Presse canadienne)

Le gouvernement Legault a annoncé jeudi une aide ponctuelle de 10 millions $ pour augmenter l'offre de francisation dans les centres de services scolaires (CSS). Il ne s’agit toutefois pas d’argent frais, mais plutôt des économies réalisées par l'abandon de l'allocation donnée aux étudiants qui suivaient des cours de francisation à temps partiel.

Ces fonds dégagés permettront à environ 5000 élèves d'avoir accès à des cours de français d'ici au 31 mars, a indiqué par communiqué le ministre de l'Immigration, Jean-François Roberge.

Selon lui, la forte demande pour les services de francisation a mené des CSS à utiliser une part importante de leur budget au cours de la première moitié de l'année, ce qui a entraîné la fermeture de plusieurs groupes au cours des dernières semaines. 

«Certains centres de services scolaires avaient francisé de manière très, très, très forte dans les premiers mois de l'année et ils manquaient de fonds pour terminer l'année, donc on vient corriger ça», a-t-il expliqué en mêlée de presse à l’Assemblée nationale. 

«Il n'est pas question de creuser des déficits»

Le ministre a toutefois tenu à réitérer que la «capacité de payer des Québécois n'est pas infinie».

«Il n'est pas question de creuser des déficits pour franciser davantage. Ce qu'on veut faire en réalité, c'est réduire la demande. On va réduire le nombre d'immigrants temporaires sur le territoire québécois», a-t-il affirmé.

M. Roberge a encore jeté la pierre aux CSS. «Je pense que le vrai problème qu'on a vécu cette année dans les centres de services scolaires, c'est un problème, je vous dirais, de planification. Ce n'est pas normal de commencer l'année financière en prévoyant de ne pas respecter son budget. Malheureusement, certains centres de services scolaires ont fonctionné de cette manière-là», a-t-il dit.

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«L'an prochain, on fera beaucoup mieux»

Cette annonce survient alors que le ministre est critiqué de toutes parts en raison de nombreuses fermetures de classes de francisation qui ne cessent de faire la manchette. 

Il a même été semoncé, mercredi, par le commissaire à la langue française, Benoît Dubreuil, qui s'est dit «préoccupé par les répercussions à court terme des ruptures de service sur les élèves».

M. Dubreuil a d'ailleurs souligné à grands traits «l'importance de replacer rapidement les élèves dont les cours ont pris fin subitement».

Le ministre Roberge a assuré que son annonce de jeudi n’avait aucun lien avec les propos du commissaire. Il s’est engagé «formellement» à ce que la situation ne se reproduise pas en 2025.

«L'an prochain, on fera beaucoup mieux, on va donner une prévisibilité», a-t-il soutenu. 

«Saccage»

Le Parti libéral du Québec (PLQ) affirme que cette somme n’est pas suffisante pour répondre à la demande. 

«Dans mon comté, j'ai des cas de personnes qui, dès janvier, n'auront plus de cours de francisation. Alors, c'est insuffisant par rapport à la demande qui est faite. On parle de plus de 10 000 personnes qui devraient avoir des cours (...) Y'a-tu de quoi de plus prioritaire normalement dans le discours de François Legault que la francisation ?» a affirmé le chef libéral Marc Tanguay.  

Québec solidaire (QS) reproche au gouvernement d’avoir trop tardé à agir. 

«Le ministre va permettre de rouvrir certains cours, mais comment ça se fait qu'on n'a pas fait ça y’a un mois et demi quand les cours allaient fermer. Là, il y a du monde qui a été mis à pied, il y a des groupes qui ont fermé, il y a du monde qui ont perdu leurs groupes classes (...) Quelle mauvaise organisation !» a lancé le solidaire Guillaume Cliche-Rivard.

Le Parti québécois (PQ) a dénoncé le «saccage» des services de francisation. Selon le péquiste Pascal Paradis, le 10 millions $ est «un pansement sur une plaie béante». 

«Ce qui se passe à Francisation Québec, ça va trôner dans le panthéon des fiascos bureaucratiques et administratifs auxquels le gouvernement de la CAQ nous a malheureusement habitués depuis son élection», a-t-il indiqué. 

Caroline Plante

Caroline Plante

Journaliste

Thomas Laberge

Thomas Laberge

Journaliste