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Québec ajoute 540 M$ au budget en éducation pour les services aux élèves

«Des redditions de comptes seront exigées.»

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Bernard Drainville alors qu'il était député du Parti Québécois, le vendredi 1er avril 2016 à l'Assemblée législative de Québec. Archives (Jacques Boissinot | La Presse canadienne)

Face à la mobilisation contre les restrictions budgétaires en éducation, Québec promet une enveloppe de 540 millions $ pour les services aux élèves. Malgré cette nouvelle, des difficultés sont à prévoir à la prochaine rentrée scolaire, selon des intervenants. 

Le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, en a fait l'annonce mercredi matin sur ses réseaux sociaux. Il a voulu être clair: «ce n’est pas un bar ouvert. Des 540 millions $ annoncés aujourd’hui, 425 millions $ sont versés dans une enveloppe dédiée», a-t-il déclaré.

Et l'accès à ces sommes viendra avec des conditions pour les Centres de services scolaires (CSS). 

«Pour y avoir droit, chaque CSS devra démontrer qu’il a fait des efforts pour diminuer ses dépenses administratives, en plus de s’engager à ce que l’argent ne serve qu’aux services aux élèves. Des redditions de comptes seront exigées», a écrit M. Drainville.

Au moment de dévoiler ses règles budgétaires en juin, le ministre de l'Éducation avait demandé aux CSS de réduire leurs dépenses de 570 millions $ pour la prochaine année.

Il s'en est suivi une mobilisation du milieu scolaire. Une coalition de comités de parents, de directions d’établissements d’enseignement, de personnel de direction d’écoles et de syndicats s'est formée pour appeler le gouvernement Legault à reculer. 

Dans la même veine, une pétition a été lancée sur le site internet de l’Assemblée nationale, demandant de renoncer à ces restrictions budgétaires. Elle avait recueilli près de 158 000 signatures, mercredi un peu avant 15h.

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Le président de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE), affiliée à la CSQ, accueille avec soulagement l'annonce du ministre, permettant d'éviter «le grand drame» annoncé le mois dernier pour les services aux élèves. 

Toutefois, le système scolaire subira inévitablement des coupes et les services aux élèves seront diminués, selon Richard Bergevin. 

«Même si on reconnaît l'effort important qui est fait par le gouvernement actuellement, il faut bien se rappeler que ces coupes-là, c'est eux qui les avaient initiées et que, maintenant, ils ne réinjectent pas l'ensemble des montants qu'ils ont coupés, mais plutôt qu'une portion», dit-il en entrevue. 

Le dirigeant syndical indique que «l'injection d'argent dans le système ne correspond pas à la croissance du nombre d'élèves dans le système d'éducation». 

Enjeu de recrutement à venir

Les services aux élèves pourraient aussi être affectés par des problèmes de recrutement à l'approche de la prochaine rentrée. Le porte-parole du Regroupement des comités de parents autonomes du Québec, Sylvain Martel, affirme que l'annonce de mercredi arrive «très, très tard» dans le processus administratif des CSS.

«Il y a déjà eu des dommages irréversibles qui ont été faits, notamment au niveau de la rétention et de l'embauche du personnel. Il y a beaucoup de gens qui ont quitté le milieu scolaire, après les annonces de juin. Ils ne reviendront pas ces gens-là parce que, ce matin, on a décidé de reculer sur cette décision-là», soutient M. Martel. 

Il promet de rester vigilant et de surveiller les modalités entourant le versement des sommes. 

 

Dans sa déclaration, le ministre Drainville mentionne que «le nombre maximal d’employés de certains CSS est revu à la hausse pour tenir compte de leur réalité particulière, notamment une augmentation du nombre d’élèves à scolariser sur leur territoire». 

«Très concrètement, tous les CSS voient leur budget augmenter», a ajouté M. Drainville. 

M. Bergevin craint aussi que plusieurs des professionnels qui ont décidé de quitter le milieu scolaire ne reviennent pas dans le système «parce que, tout d'un coup, le gouvernement vient de dire qu'il ouvrait des postes». 

«On risque de perdre des gens qualifiés, des gens talentueux qui auraient pu aider nos élèves, mais qui iront faire autre chose dans la vie parce qu'un gouvernement joue trop au yo-yo avec le financement du système d'éducation», déplore-t-il. 

Le député péquiste Pascal Bérbué, qui a parrainé la pétition contre les restrictions budgétaires, se félicite de voir que la mobilisation populaire a fait bouger le gouvernement. Le porte-parole en matière d'éducation pour le Parti québécois promet de maintenir la pression. 

«Je veux avoir la garantie que, cet automne, il n'y aura pas moins de services aux élèves en difficulté, aux élèves handicapés, aux élèves qui ont des besoins particuliers, que les services soient tous là. Et ça, ce n'est pas acquis encore», a-t-il déclaré à La Presse Canadienne. 

M. Bérubé invite les Québécois à continuer de partager et de signer la pétition.

Frédéric Lacroix-Couture

Frédéric Lacroix-Couture

Journaliste