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Projet de Corridor du Nord: Champagne reste prudent

Cette semaine, des promoteurs et des élus se sont activés pour mousser le projet et obtenir les fonds requis.

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e5011630baba1b850ec088a2832dc51b81ff6159b83ffb73f2953fcfb0aadfdc.jpg Le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, arrive à une réunion du conseil des ministres à Ottawa, le jeudi 9 octobre 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Sean Kilpatrick (Sean Kilpatrick | La Presse canadienne)

Ottawa n'ose pas s'avancer sur un appui au projet de Corridor du Nord canadien, un investissement de fonds publics d'environ 1,5 milliard $, en vue d'exporter entre autres des minéraux critiques, à partir du port de Saguenay. 

En mêlée de presse jeudi dans les couloirs de l'édifice du Parlement, le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, a qualifié le projet d'«intéressant», parce que c'est un port en eau profonde.

«Il y a l'aspect stratégique», a-t-il ajouté. 

Mais pour ce qui est de l'ensemble des composantes du dossier, notamment le tronçon ferroviaire, il a commenté avec précaution, même s'il a déjà visité les installations et rencontré des représentants.

«Il faudrait voir, c'est pour ça que je suis prudent, c'était une discussion plus générique», a-t-il ajouté. 

«Il y a une question de financement. Comment on peut le financer? Quels pourraient être les partenaires? Il faut voir l'échéancier.»

Cette semaine, des promoteurs et des élus se sont activés pour mousser le projet et obtenir les fonds requis.

Le Bloc québécois demande notamment au gouvernement Carney de bouger plus vite pour soutenir le port, qui est une entité fédérale.

Les préfets de MRC en Abitibi-Témiscamingue ainsi qu'au Saguenay-Lac-Saint-Jean ont également affiché leur soutien. 

Le projet de Corridor du Nord canadien est essentiellement un chantier en deux volets. 

Les promoteurs veulent reconstruire un chemin de fer démantelé entre l'Abitibi et le Saguenay, sur 160 km, un investissement de plus de 1 milliard $, pour acheminer entre autres du minerai, qui pourrait venir d'aussi loin que du nord de l'Ontario. Ce lien ferroviaire pourrait «désenclaver» des projets miniers de cuivre, de fer ou de terres rares qui tardent à aboutir en raison de problèmes de transport, a souligné le député bloquiste Mario Simard.   

Et pour accueillir ces ressources naturelles, il faut une mise à niveau du port de Saguenay, d'une part en vue d'agrandir son quai, et d'autre part, afin de lui permettre de recevoir des projets industriels à proximité, sur les 1200 hectares dont dispose l'autorité portuaire.

La facture réclamée au fédéral s'élève à plus de 300 millions $ et Québec a pour sa part déjà avancé 20 millions $ en 2023, mais aussi d'autres enveloppes, tandis que des  investissements d'Hydro-Québec seraient aussi nécessaires.   

Les dirigeants du port plaident que ce corridor nordique a tous les atouts pour faire partie des projets d'infrastructures jugés d'intérêt national que veut prioriser le gouvernement Carney. 

«L'idée d'augmenter la capacité du port de Saguenay, c'est intéressant», a admis M. Champagne.

Le port en eau profonde comporte des avantages pour certains types de navire et de marchandise qui ne peuvent circuler partout sur le Saint-Laurent, a-t-il ajouté.

Le ministre a reconnu que le projet concorderait avec la volonté du gouvernement de pouvoir exporter vers de nouveaux marchés et que «les ports sont un élément essentiel pour arriver à notre objectif».

Le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, Tim Hodgson, a en outre visité le port de Saguenay le week-end dernier.

Le Port de Saguenay soutient que son chantier d'agrandissement pourrait être entamé dès l'an prochain, tandis que pour le tronçon ferroviaire, on estime que des travaux pourraient être réalisés d'ici deux à quatre, voire s'échelonner jusqu'à 10 ans.

De son côté, le gouvernement Legault veut obtenir plus de précisions sur le projet, sur le montage financier et les partenaires.  

Le cabinet de la ministre de l'Économie, Christine Fréchette, a tenu à rester prudent, mais avait déjà indiqué que c'était un projet «extrêmement prometteur».

Avec des informations d'Émilie Bergeron 

Patrice Bergeron

Patrice Bergeron

Journaliste