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«Sur un plateau de tournage, la sécurité doit être assurée avant qu'une arme ne soit placée dans la main d'un acteur».
Si la mort par balle de la directrice de la photographie Halyna Hutchins était une «tragédie indescriptible», «Alec Baldwin n’a commis aucun crime ; il était un acteur jouant son rôle», a plaidé l'un des avocats de la vedette du cinéma, mercredi, au premier jour de son procès pour homicide involontaire.
L'avocat de M. Baldwin, Alex Spiro, a souligné dans sa déclaration liminaire devant un tribunal de Santa Fe, au Nouveau-Mexique, que son client avait fait exactement ce que les acteurs font toujours sur le tournage du film Rust, où Mme Hutchins a été tuée en Octobre 2021.
«Je n'ai pas besoin de vous en dire plus, car vous avez tous vu des fusillades dans des films», a indiqué Me Spiro.
La procureure spéciale Erlinda Ocampo Johnson a pour sa part plaidé dans sa déclaration liminaire qu'avant la fusillade, Alec Baldwin avait ignoré les contrôles de sécurité et manipulé de manière imprudente un revolver.
«Les preuves montreront que quelqu'un qui a joué à faire semblant avec une vraie arme et a violé les règles cardinales de sécurité des armes à feu est l'accusé, Alexander Baldwin», a déclaré Mme Ocampo Johnson.
«Sur un plateau de tournage, la sécurité doit être assurée avant qu'une arme ne soit placée dans la main d'un acteur», a répliqué M. Spiro au jury.
Le premier témoin à comparaître a été le premier agent des forces de l'ordre à arriver au Bonanza Creek Ranch après la fusillade. La vidéo diffusée dans la salle d'audience depuis la caméra corporelle de Nicholas LeFleur, alors adjoint du shérif du comté de Santa Fe, a capturé ses efforts frénétiques pour sauver Mme Hutchins, qui semblait inconsciente alors que plusieurs personnes s'occupaient d'elle et lui donnaient un masque à oxygène. Dans la salle d'audience, M. Baldwin regardait sombrement l'écran pendant la lecture.
Plus tard dans la vidéo, on peut voir M. LeFleur dire à Baldwin de ne pas parler aux autres témoins potentiels, ce que l'accusé a quand même fait à plusieurs reprises.
Lorsque le procureur spécial Kari Morrissey a demandé si l'adjoint du shérif avait géré la situation de manière idéale, il a répondu: «Probablement pas. Mais c'est ce qui s'est passé.»
M. Spiro a tenté d'établir que ni LeFleur ni le deuxième témoin du procès, l'ancien lieutenant du shérif Tim Benavidez, n'avaient traité la scène comme un lieu où un crime majeur avait eu lieu.
M. Benavidez, qui a récupéré le revolver après la fusillade, a reconnu qu'il y avait fait attention plus pour des raisons de sécurité qu'autre chose, mais qu'il n'avait pas porté de gants ni pris de précautions médico-légales méticuleuses comme cela pourrait être le cas dans le cadre d'une enquête pour homicide.
Les 16 jurés — 11 femmes et cinq hommes — viennent d'une région où la possession d'armes à feu et la sécurité sont fortement influencées par la chasse dans l'arrière-pays. Quatre des jurés seront considérés comme suppléants tandis que les 12 autres délibéreront une fois le dossier saisi.
Bien avant le procès, M. Baldwin a affirmé que l'arme avait tiré accidentellement après avoir suivi les instructions de la pointer vers Mme Hutchins, qui était derrière la caméra. Ignorant qu'il était chargé d'une balle réelle, il a soutenu qu'il avait retiré le marteau — et non la gâchette — et qu'il avait tiré.
«Personne ne l'a vu appuyer intentionnellement sur la gâchette», a indiqué M. Spiro,qui a ajouté que même si Baldwin l'avait retiré, cela n'aurait toujours pas été un homicide involontaire.
L'avocat a souligné que la responsabilité de la sécurité incombait à l'armurière du film, Hannah Gutierrez-Reed, qui a déjà été reconnue coupable d'homicide involontaire, et à l'assistant-réalisateur David Halls, qui n'a pas contesté l'utilisation négligente d'une arme mortelle en échange de son témoignage.
«Il a été vérifié et revérifié par ceux chargés de garantir la sécurité de l'arme», a insisté M. Spiro.
Les témoignages au procès porteront sur la mécanique de l'arme et sur la question de savoir si elle aurait pu tirer sans appuyer sur la gâchette. Les procureurs disent que cela n'aurait pas pu.
«Cette arme dont l'accusé avait demandé qu'elle lui soit confiée fonctionnait parfaitement tel qu'elle avait été conçue», a rappelé Mme Ocampo Johnson.
L'avocate Gloria Allred était assise au premier rang de la salle d'audience, rappelant les autres difficultés juridiques de Baldwin. Mme Allred représente Mamie Mitchell, superviseuse du scénario de Rust, ainsi que la sœur et les parents de Mme Hutchins dans un procès civil contre Baldwin et d'autres producteurs.