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Une reconstitutionniste en scène de collision de la Sûreté du Québec (SQ) a été appelée à la barre.
Accusé d’avoir happé et blessé sérieusement un enfant de 5 mois dans une poussette en août 2022, le chauffard allégué Éric Goupil jure qu’il n’a pas vu les lumières clignotantes de la traverse piétonne de la rue Portland, avant de happer la poussette et le père qui en avait le contrôle.
«Si j’avais vu ces maudites lumières, peut-être que cet enfant n’aurait jamais rien eu», a répondu l’accusé en pleurs à la procureure Stéphanie Landry, qui le talonnait de questions en contre-interrogatoire.
Les témoignages s’accumulent depuis lundi matin et il est maintenant établi que Goupil a happé la poussette et le père de famille dans la voie de gauche du boulevard de Portland, en direction ouest, alors que quelques véhicules s’étaient immobilisés dans la voie de droite.
Goupil a expliqué qu’il devait magasiner une piñata le jour de l’accident pour la fête de l’enfant d’une amie. Il n’a rien trouvé aux Galeries Quatre-Saisons, ni à la boutique Dollar King dans l’est de Sherbrooke. Il a finalement choisi de se rendre dans le secteur du Carrefour de l’Estrie pour trouver ce qu’il cherchait. Il ne s’y est finalement jamais rendu.
Plusieurs témoins depuis le début du procès ont rapporté les actions et les manœuvres de Goupil lors de son parcours jusqu’à l’accident, survenu à la traverse piétonne qui permet de se rendre à la rue Wilson. Multiples dépassements gauche-droite, « combat de coqs » avec un deuxième véhicule, geste d’impatience envers un autre automobiliste. Goupil a néanmoins nié qu’il était «pressé» sur le boulevard de Portland. Il a ensuite été pressé de questions par Me Landry.
«Dans quel but vous avez fait des dépassements?», a demandé Me Landry.
«Des dépassements… pour pouvoir avancer, gagner du temps», a répondu M. Goupil.
«Mais si vous n’êtes pas pressés, vous n’avez pas besoin de gagner du temps?»
«J’imagine que non.»
L’accusé a aussi confirmé qu’il avait utilisé son téléphone cellulaire en conduisant à « plusieurs » reprises sur son trajet, néanmoins il a insisté pour dire que l’appareil était « sur le banc, à côté de [lui] », lorsque la collision est survenue.
L’accusé a aussi indiqué dans son témoignage principal qu’il n’avait consommé aucune drogue, le jour de l’événement.
Couronne et défense se retrouveront demain matin au palais de justice de Sherbrooke pour les plaidoiries. La Couronne doit prouver hors de tout doute raisonnable l’infraction de conduite dangereuse causant des lésions au père et à l’enfant.
Une reconstitutionniste en scène de collision de la Sûreté du Québec (SQ) a été appelée à la barre, mardi matin.
Julie Landry est arrivée sur la scène de l’accident sur le boulevard de Portland vers 15h, le jour même, soit quelques heures après la collision. Elle a notamment étudié la topographie qui entoure le site de l’accident aux abords d’une traverse piétonne. Pour Mme Landry, la pente de 5% en direction ouest sur le boulevard de Portland avant d’arriver à la traverse piétonne offre «une meilleure visibilité pour les véhicules circulant en direction ouest».
Elle a aussi indiqué au juge que «plusieurs marqueurs différents» sont présents aux abords de la traverse piétonne pour avertir les automobilistes de la présence de la traverse ou de piétons.
Néanmoins, les informations fournies par les enquêteurs lui permettent d’établir que cinq véhicules sont immobilisés ou en approche dans la voie de droite, avant la traverse piétonne. Il est maintenant établi que le véhicule de M. Goupil circulait dans la voie de gauche, en direction du Carrefour de l’Estrie.
«Deux secondes avant l’événement, ni [le piéton], ni [le conducteur] ne pouvaient se voir. Une seconde avant, c’était possible de se voir. Mais si on se voit à une seconde […] le contact est inévitable», a-t-elle expliqué. Elle a indiqué au juge Gagnon que les feux clignotants à droite du champ de vision de M. Goupil sont «invisibles» pour lui.
«Il n’y a aucune obstruction devant lui au niveau de la voie de gauche et il peut voir les panneaux ou les feux intermittents à sa gauche puisqu’il n’y a aucune obstruction», a-t-elle toutefois ajouté.
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Les calculs mathématiques effectués par la reconstitutionniste lui ont aussi permis de déterminer que le véhicule d’Éric Goupil roulait à une vitesse «entre 50 et 52km/h» au moment de l’impact.
La reconstitutionniste a indiqué qu’elle exclut la qualité des infrastructures ou un problème mécanique pour expliquer la collision. Mme Landry a rappelé que les piétons et les automobilistes ont chacun leurs responsabilités.
«Si un piéton s’engage ou démontre clairement son intention, [l’automobiliste] est dans l’obligation de s’arrêter», a rappelé le témoin. Pour le piéton, il faut «agir de façon à s’assurer de sa propre sécurité», a souligné Mme Landry, avant de présenter sa conclusion.
«Le conducteur n’a pas cédé le passage au piéton qui s’était déjà engagé dans la traverse piétonnière.»
Le mécanicien André Ruel a aussi présenté son rapport d’inspection du véhicule d’Éric Goupil, mardi matin. Le Suzuki SX4 2009 de l’accusé a été expertisé un mois et demi après l’accident qui a blessé l’enfant et son père.
«Le but, c’est de vérifier s’il n’y avait pas des problèmes mécaniques qui auraient pu causer un événement. Est-ce que c’est le véhicule qui est en défaut au niveau mécanique ?», a expliqué le témoin au juge Benoit Gagnon.
M. Ruel a présenté certains éléments quant au fonctionnement des pneus et des freins, mais a toutefois été catégorique dans sa conclusion. «Il n’y a pas de bris mécanique qui aurait pu avoir une incidence éventuelle sur une perte de contrôle», a-t-il indiqué au juge.