Plus d'un millier de soldats et de policiers congolais désarmés, ainsi que leurs familles, ont été transférés en toute sécurité de Goma, ville rebelle située dans l'est du Congo, vers la capitale au cours des deux dernières semaines, a annoncé jeudi le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Les soldats et les policiers avaient trouvé refuge dans la base de la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation au Congo (MONUSCO) depuis janvier, lorsque le conflit qui durait depuis des décennies dans l'est du Congo s'est intensifié avec l'avancée des rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, et la prise de la ville stratégique de Goma.
La Croix-Rouge a indiqué dans un communiqué avoir aidé à escorter les 1359 membres désarmés des forces gouvernementales et leurs familles de Goma à Kinshasa, la capitale, entre le 30 avril et le 15 mai, parcourant près de 2000 km et traversant une ligne de front.
Le CICR a indiqué avoir accompagné plusieurs convois sur la route, tandis que le transport par hélicoptère et par avion était assuré par la MONUSCO et les forces armées du pays.
«L'opération a été un succès. Elle a permis aux personnes transportées à Kinshasa de reprendre contact avec leurs familles et, nous l'espérons, contribuera à apaiser les tensions dans la ville de Goma», a affirmé Myriam Favier, cheffe de la sous-délégation du CICR à Goma.
Le transfert des forces gouvernementales est le fruit d'un accord conclu entre le gouvernement congolais, les rebelles, la mission des Nations Unies et le CICR, qui a été sollicité comme intermédiaire neutre, a indiqué la Croix-Rouge, ajoutant qu'il s'était assuré que toutes les personnes avaient consenti à être transportées dans les convois.
Pour des raisons de sécurité, aucun média n'a été autorisé à filmer ou photographier l'opération.
L'annonce de ce transfert réussi intervient dans un contexte de tensions persistantes dans l'est du Congo, où les combats entre l'armée congolaise et le M23 se poursuivent, malgré l'accord des deux camps pour œuvrer à une trêve conclu le mois dernier.
L'est du Congo est en proie à des crises depuis des décennies. Des dizaines de groupes armés se disputent des territoires dans la région minière proche de la frontière avec le Rwanda. Le conflit a engendré l'une des plus grandes crises humanitaires au monde, avec plus de 7 millions de personnes déplacées, dont 100 000 ont fui leur foyer cette année.
Selon des experts de l'ONU, les rebelles du M23 sont soutenus par environ 4000 soldats du Rwanda voisin et ont parfois juré de marcher jusqu'à Kinshasa, la capitale du Congo, à environ 1600 kilomètres à l'ouest.
Jeudi, les autorités congolaises ont accusé l'armée rwandaise et le M23 d'avoir tué des dizaines de personnes et enlevé des milliers de personnes dans l'est du Congo.
La semaine dernière, le Congo et le Rwanda ont soumis un projet de paix dans le cadre d'un processus mené par les États-Unis, l'administration Trump visant à accéder aux minéraux essentiels de cette région riche en ressources.