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Environ les trois quarts des participants à l'étude ont indiqué utiliser uniquement la cigarette traditionnelle et 17 % seulement la cigarette électronique.
Plus d'un jeune Québécois de 15 ans et plus sur dix a admis avoir utilisé à la fois la cigarette électronique et la cigarette traditionnelle dans les 30 jours qui ont précédé une enquête de l'Institut national de la santé publique du Québec, dont les résultats ont été dévoilés cette semaine.
Environ les trois quarts des participants à l'étude ont indiqué utiliser uniquement la cigarette traditionnelle et 17 % seulement la cigarette électronique. Un cinquième des participants âgés de 15 à 24 ans ont confié utiliser les deux produits, contre moins de 10 % chez les 25 ans et plus.
«Il y a beaucoup de croisements entre le vapotage et la cigarette traditionnelle», a commenté le docteur Nicholad Chadi, qui est pédiatre et clinicien-chercheur spécialisé en médecine de l'adolescence et toxicomanie au CHU Sainte-Justine. «Il y a quand même une proportion importante des adolescents qui utilisent les deux, ce qui peut certainement augmenter l'exposition à un plus grand nombre de produits toxiques et d'émissions nocives pour la santé physique.»
«On sait aussi qu'il y a un croisement important entre le vapotage et l'utilisation d'autres substances. On pense entre autres au cannabis. Et puis ce croisement-là est en augmentation.»
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Aucune étude n'a encore démontré que le vapotage est une méthode de cessation tabagique efficace chez les adolescents, a-t-il ajouté. Bien au contraire, la plupart des études témoignent d'un «risque accru de double usage entre la vapoteuse et la cigarette traditionnelle. Il y a un risque accru de développer de la dépendance à la nicotine et à d'autres substances potentiellement nocives», a-t-il dit.
Quelque 13 500 personnes de 15 ans et plus ont répondu à l'Enquête québécoise sur le tabac et les produits de vapotage (EQTPV) 2020 entre juillet et novembre 2020.
Les chiffres révèlent que 13 % des fumeurs de cigarettes et 17 % des consommateurs de cannabis avaient fait usage de produits de vapotage, comparativement à 3 % des non-fumeurs et à 3 % des non-consommateurs de cannabis.
À ce sujet, l'Enquête québécoise sur le cannabis démontrait récemment que le vapotage du cannabis est en forte hausse chez les adolescents et les jeunes adultes, a souligné le docteur Chadi.
«Les produits de cannabis à vapoter ont souvent une haute teneur en THC, donc ils ont un potentiel plus grand de dépendance et d'effets nocifs pour la santé physique et la santé mentale des ados», a-t-il dit.
L'EQTPV témoigne d'une démarcation très nette entre les adolescents et les jeunes adultes au chapitre de la perception de la dépendance envers le vapotage. Au total, environ le tiers des participants admettent être assez ou très dépendants au vapotage.
Toutefois, 42 % des participants âgés de 25 ans et plus reconnaissent être assez ou très dépendants, contre seulement 25 % des 15-24 ans.
«Le risque de dépendance peut être plus élevé chez les jeunes. Il peut venir très rapidement, même après quelques semaines d'utilisation, et ça, je le vois dans ma pratique, a dit le docteur Chadi. Des jeunes me disent qu'après avoir commencé récemment à utiliser la vapoteuse, que ça prend déjà une place importante dans leur vie, avec une difficulté à diminuer où arrêter.»
Il en va de même en ce qui concerne la perception du risque pour la santé posé par l'usage régulier des produits de vapotage: les plus jeunes participants ont en effet davantage tendance à estimer que le risque pour la santé posé par les produits de vapotage avec nicotine est moindre que celui lié à la cigarette traditionnelle.
À titre d'exemple, peut-on lire dans le rapport, «42 % des 15-17 ans croient que l'usage de produits de vapotage avec nicotine est beaucoup ou un peu moins risqué que l'usage de la cigarette».
«L'adolescence est une période de la vie pendant laquelle on apprend à se connaître, on forge notre identité, on expérimente, on essaie différentes choses et on repousse souvent les limites, a rappelé le docteur Chadi. On peut être tenté comme adolescent d'essayer le vapotage puis de considérer quelque chose de potentiellement dangereux comme moins dangereux, parce qu'on a souvent ce sentiment-là d'invincibilité à l'adolescence qui est un peu normal et qui fait partie du développement du cerveau.»
Les trois quarts des Québécois âgés de 15 ans et plus considèrent toutefois que l'usage régulier des produits de vapotage avec nicotine représente un risque élevé pour la santé. Mais même les produits de vapotage sans nicotine ne sont pas anodins, a indiqué le docteur Chadi, entre autres parce qu'ils augmentent le risque d'expérimentation avec des produits avec nicotine.
Les chiffres démontrent aussi que les jeunes de 15 à 17 ans ne peinent pas trop à obtenir leurs produits de vapotage auprès de sources «officielles» (comme les boutiques spécialisées ou les dépanneurs) qui devraient pourtant leur être interdites en raison de leur âge.
Ainsi, si environ la moitié de ces jeunes disent s'approvisionner auprès de proches ou d'amis, 28 % disent le faire dans des boutiques spécialisées et 23 % dans un dépanneur.
«Pour moi, c'est hautement problématique parce que ça devrait être les lieux les mieux contrôlés où on dirige vraiment les produits de vapotage à une clientèle adulte», a dit le docteur Chadi.
Les jeunes sont enfin confrontés à une nouvelle menace dont il n'est que brièvement mention dans le rapport, celle des vapoteuses jetables, a-t-il ajouté. Ces produits sont souvent offerts dans des couleurs et des saveurs attrayantes pour les jeunes, leur popularité explose aux États-Unis et au Canada, et la perception du risque est souvent très faible chez les adolescents, selon le docteur Chadi.