International

Plus de 40 personnes hospitalisées en Géorgie lors de manifestations liées à l'UE

Le ministère géorgien de l'Intérieur a déclaré dimanche que 27 manifestants, 16 policiers et un professionnel des médias ont été hospitalisés.

Mis à jour

Publié

Plus de 40 personnes hospitalisées en Géorgie lors de manifestations liées à l'UE Plus de 40 personnes hospitalisées en Géorgie lors de manifestations liées à l'UE

Une troisième nuit de manifestations dans la capitale géorgienne contre la décision du gouvernement de suspendre les négociations d'adhésion à l'Union européenne (UE) a fait 44 personnes hospitalisées, ont indiqué dimanche des responsables.

Des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés devant le parlement samedi soir, jetant des pierres et déclenchant des feux d'artifice, tandis que la police déployait des canons à eau et des gaz lacrymogènes. Une effigie du fondateur du parti au pouvoir Rêve géorgien, Bidzina Ivanishvili - un milliardaire de l'ombre qui a fait fortune en Russie - a été brûlée devant le parlement.

Le ministère géorgien de l'Intérieur a déclaré dimanche que 27 manifestants, 16 policiers et un professionnel des médias ont été hospitalisés.

Le premier ministre Irakli Kobakhidzé a averti que «toute violation de la loi sera punie avec toute la rigueur de la loi». «Les hommes politiques qui se cachent dans leurs bureaux et sacrifient les membres de leurs groupes violents à de sévères sanctions n’échapperont pas non plus à leurs responsabilités», a-t-il déclaré lors d’un point de presse dimanche.

Il a insisté sur le fait qu’il n’était pas vrai que l’intégration européenne de la Géorgie avait été interrompue. «La seule chose que nous avons rejetée est le chantage honteux et offensant, qui était, en fait, un obstacle important à l’intégration européenne de notre pays.»

L’annonce du gouvernement intervient quelques heures après que le Parlement européen a adopté une résolution critiquant les élections générales du mois dernier en Géorgie comme n’étant ni libres ni équitables.

M. Kobakhidzé a également rejeté la déclaration du Département d’État américain de samedi selon laquelle il suspendait son partenariat stratégique avec la Géorgie. La déclaration condamnait la décision de la Géorgie de mettre un terme à ses efforts en vue d’une adhésion à l’UE.

«Vous pouvez voir que l’administration sortante essaie de laisser à la nouvelle administration un héritage aussi difficile que possible. Ils le font à propos de l’Ukraine, et maintenant aussi à propos de la Géorgie», a faite valoir Irakli Kobakhidzé. «Cela n’aura aucune importance fondamentale. Nous attendrons la nouvelle administration et discuterons de tout avec elle.»

Il a également confirmé que l'ambassadeur de Géorgie aux États-Unis, David Zalkaliani, était le dernier d'une série de diplomates à démissionner depuis le début des manifestations.

La cheffe de la politique étrangère de l'UE, Kaja Kallas, et la commissaire à l'élargissement, Marta Kos, ont publié dimanche une déclaration commune sur la décision du gouvernement géorgien de suspendre les négociations.

«Nous notons que cette annonce marque un changement par rapport aux politiques de tous les gouvernements géorgiens précédents et aux aspirations européennes de la grande majorité du peuple géorgien, telles qu'elles sont inscrites dans la Constitution de la Géorgie», peut-on lire dans le communiqué.

Elles y ont réitéré les «graves préoccupations de l'UE concernant le recul démocratique continu du pays» et ont exhorté les autorités géorgiennes à «respecter le droit à la liberté de réunion et à la liberté d'expression, et à s'abstenir d'utiliser la force contre les manifestants pacifiques, les politiciens et les représentants des médias».

La victoire contestée du parti au pouvoir Rêve géorgien aux élections parlementaires du 26 octobre, qui ont été largement considérées comme un référendum sur les aspirations de la Géorgie à rejoindre l'UE, a déclenché des manifestations majeures et conduit à un boycottage du parlement par l'opposition.

L’opposition a déclaré que le vote avait été truqué avec l’aide de la Russie, ancien maître impérial de la Géorgie, Moscou espérant garder Tbilissi dans son orbite.

S’adressant à l’Associated Press samedi, la présidente pro-occidentale de la Géorgie, Salomé Zourabichvili, a déclaré que son pays était en train de devenir un État « quasi-russe » et que Rêve géorgien contrôlait les principales institutions.

«Nous ne demandons pas une révolution. Nous demandons de nouvelles élections, mais dans des conditions qui garantiront que la volonté du peuple ne sera pas à nouveau déformée ou volée», a indiqué Mme Zourabichvili.

L’UE a accordé à la Géorgie le statut de candidat en décembre 2023 à condition qu’elle respecte les recommandations du bloc, mais a suspendu son adhésion et a réduit son soutien financier plus tôt cette année après l’adoption d’une loi sur «l’influence étrangère» largement considérée comme un coup porté aux libertés démocratiques.