Près de 2500 camions et camionneurs ont envahi les rues de Québec, mercredi après-midi, pour dénoncer l’exclusion des camionneurs des grands chantiers publics et exiger que le gouvernement octroie au moins 50 % des opérations de camionnage aux membres de L'Association nationale des camionneurs artisans inc. (ANCAI).
On estime que le projet de loi 62, visant principalement à diversifier les stratégies d’acquisition des organismes publics et à leur offrir davantage d’agilité dans la réalisation de leurs projets d’infrastructure, entraîne de la collusion et de la corruption.
Noovo Info a également suivi un des convois qui partait de Sherbrooke très tôt le matin.
Les rues de Sherbrooke résonnaient sous le grondement des moteurs… Grondement qu’on souhaitait faire résonner jusqu’à l’Assemblée nationale pour dénoncer l’exclusion des camionneurs des grands chantiers publics et exiger que le gouvernement octroie au moins 50 % des opérations de camionnage aux membres de L'Association nationale des camionneurs artisans inc. (ANCAI).
«La commission Charbonneau a fait la démonstration que le camionnage en vrac est un milieu propice à la collusion, à la corruption, à la fausse facturation, à l'évasion fiscale et au blanchiment d'argent, lorsqu'il n'est pas réglementé économiquement», peut-on lire par voie de communiqué.
«On perd tout le temps du chemin avec le ministère des Transports», a déploré Rock Fortin, président de l’ANCAI en Estrie. «Depuis un an et demi, on essaie de rejoindre [la ministre des Transports, Geneviève] Guilbault, [le premier ministre] François Legault… Il n'y a rien qui se passe.»
Pascal Simoneau, leader de la section de l’ANCAI à Orford renchérit: «Aujourd’hui, on joue notre avenir», dit-il – rien de moins.
La situation commence à paraître financièrement pour plusieurs camionneurs québécois. «On a beaucoup moins d'heures travaillées», affirme M. Simoneau. «Si je prends 2023 à 2024, c’est 50 % de moins pour moi.»
Selon Rock Fortin, le gouvernement Legault savait «depuis un p’tit boutte» que les camionneurs arrivaient à Québec; si la manifestation dérange dans capitale nationale, ce sera sa faute. «Il y avait juste un téléphone à faire, puis ça serait réglé», assure-t-il. «Tout le diesel brûlé» mercredi, «c’est à cause d’eux».
M. Fortin ajoute une menace à demi voilée: «Si ça comprend pas, la prochaine fois, ils créeront même pas à ça.»
Pas de débordement
«Prendre la ville de Québec en otage, c’est no way.»
L’ANCAI et ses 5200 membres ont assuré que la manifestation devait «se dérouler dans l’ordre». Chose promise, chose due: il n'y a pas eu de débordement et le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) a souligné «la collaboration des organisateurs», ainsi que «le respect des consignes de la part de tous les camionneurs ayant convergé vers Québec», ce qui a permis de maintenir une bonne circulation.
«La manifestation s’est déroulée avec un minimum de répercussions sur la population et les commerçants», a écrit la sergente relationniste Sandra Dion dans un communiqué diffusé en fin de journée.
Effectivement, à Québec en milieu de journée, Noovo Info a constaté que l’ambiance était calme: pas de klaxons, pas de dérangement. L’ANCAI voulait s’assurer qu'il n’y ait vraiment aucune association possible avec les autres organisations de manifestation de camionneurs qui ont eu lieu à Québec dans les dernières années… Lire là: le «convoi de la liberté».
«Le mot convoi a passé pour être très, très, très méchant», a déploré le directeur général de l’ANCAI, Gaétan Légaré, en entrevue avec Noovo Info. «On a eu des téléphones de ces organisations-là. J'ai laissé un message que j'ai transféré aux deux corps policiers [la Sûreté du Québec et le SPVQ, NDLR], justement pour qu’ils sachent que ces faiseux de trouble se joignent à nous.»


